Yates Tara
Le Centre Pénitentiaire de Toulouse-Seysses déjà existant connaît une surpopulation inquiétante, dépassant largement ses capacités d’accueil. Dans le quartier masculin, l’occupation avoisine 186% avec 898 détenus pour seulement 482 places. La situation est tout aussi critique dans le quartier des femmes, avec 145% d’occupation. Des conditions qui dépassent les limites de la dignité humaine.
Le centre pénitentiaire actuel de Toulouse-Seysses fait déjà polémique
Des Conditions sanitaires préoccupantes
Le rapport de la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) suite à sa visite en juin 2021 a mis en lumière “un nombre important de dysfonctionnements graves”. Aussi, l’intimité est quasi inexistante: “Les personnes qui se trouvent à trois en cellule ne disposent chacune que d’1,28 m2 d’espace de vie” . Le rapport alerte notamment sur “ un entassement dans des cellules vétustes et sales” .Ces conditions de détention, en plus d’être illégales, polluent l’ensemble de la prise en charge des personnes détenues.
Au-delà de l’aspect sanitaire, ce rapport dénote “la privation d’activités de formation, de travail, sportives ou socioculturelles qui contribuent à maintenir la plupart des détenus en cellule pendant des périodes excessivement longues, atteignant jusqu’à 22 heures par jour”. Cette réalité soulève des questions sur la réhabilitation et la réinsertion des détenus.
Un Personnel insuffisant et épuisé
Le problème des conditions de détention n’est pas simplement lié à la surpopulation, mais également au manque de moyens humains. Actuellement, un surveillant doit s’occuper de dix détenus, une situation inadaptée pour assurer la sécurité et le suivi appropriés. Le recrutement de surveillants devient un défi majeur, posant des questions cruciales sur la capacité du système pénitentiaire à garantir un environnement sûr et propice à la réhabilitation. Dans ce contexte, il est à noter que l’embauche de nouveaux surveillants pour une troisième prison s’annonce délicate. Selon une source anonyme interne à la maison d’arrêt, “il est à craindre que les futurs surveillants seront embauchés à la va-vite, et avec une formation minimale. Ce qui n’est évidemment pas optimal pour la prise en charge et la surveillance des détenus”.
Malgré les alertes lancées par la CGLPL et les constats alarmants de Médiapart sur les conditions médiocres dans la maison d’arrêt actuelle, la construction d’une nouvelle prison à Muret semble focaliser l’attention, laissant dans l’ombre la situation du centre pénitentiaire.
Pour les différents collectifs opposés à ce projet, la question est de savoir comment le gouvernement peut justifier la construction d’une nouvelle prison, sans prendre en compte les conditions de détention dans les établissements déjà existants.