Yates Tara

Depuis trois décennies, la politique carcérale est à l’agrandissement. Une approche qui peut être considérée comme quantitative, causant une augmentation de 60% du parc pénitentiaire français. Cette tendance concerne aussi la région Haute-Garonne, avec la construction d’une troisième prison à Muret d’ici 2024.

Un projet sur la table depuis 8 ans

Le projet d’une troisième prison germe en 2015, mais c’est en 2017 qu’il s’enracine réellement avec l’élection du gouvernement En Marche. Ce dernier, rapidement, décide de s’attaquer au problème de la surpopulation en optant pour une solution de construction de nouveaux établissements pénitentiaires. Initialement, la ministre de la Justice en place, Nicolle Belloubet parle d’une extension de la maison d’arrêt de Seysses, déjà existante.

Prévu pour accueillir 600 détenus, l’établissement sera implanté au lieu-dit Petit Busc. Cette décision s’inscrit dans le cadre du plan national de construction de 33 nouvelles prisons, plaçant la Ville rose parmi les neuf sites prioritaires. Initialement, le maire de la commune de Muret,  André Mandement, affiche son soutien à la démarche. Aujourd’hui, le responsable politique ne se prononce pas. 

Un projet qui  fait grincer des dents 

Les habitants du Muretain se sont rapidement opposés au projet, exprimant un certain mécontentement et une inquiétude face à l’implantation d’un établissement pénitentiaire à proximité de chez eux. La crainte d’impacts sur la sécurité et la qualité de vie motive cette opposition locale.

De leur côté, plusieurs groupes politiques, comme la NUPES, rejettent le projet, remettant en question son efficacité et soulignant l’absence de consultations approfondies avec les parties prenantes, s’appuyant sur différents rapports scientifiques et sociaux. En dépit des résistances, l’État, en tant que seul décideur, persiste dans son choix de construction. Le fait que les recommandations et les préoccupations de la population et de certains acteurs politiques soient ignorées alimente un mécontentement croissant.

Plus on construit, plus on remplit? 

 

Ce projet de construction met en lumière une tendance alarmante, voire remet en question une partie du modèle carcéral Français actuel. Dans une démarche visant à résoudre la surpopulation cellulaire, la construction d’une nouvelle prison semble plus s’incrire dans une forme de d”magogie politique qu’une réelle solution face à la surpopulation. La tension entre la nécessité de lutter contre le surpeuplement carcéral et les préoccupations locales persiste autour de la construction de cette troisième prison dans le Muretain.


La vidéo de Christophe Bex, député LFI, sur le sujet.