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En 2017, la France compte 1,2 million de chasseurs selon la Fédération Nationale des Chasseurs. Il est d’ailleurs le pays européen qui en enregistre le plus grand nombre, devant l’Espagne et l’Italie. Aujourd’hui ce loisir prisé par de nombreux Français, fait face depuis le début d’année à de nouvelles critiques de la part des « antichasse ». Pour cause les récents accidents qui ont eu lieu et qui ont coûté la vie notamment à un vététiste. Entre partage de la forêt, cruauté envers les animaux ou pratiques barbare, les attaques n’empêchent pas de séduire des adeptes de plus en plus jeunes.
Rencontre avec cette nouvelle génération qui passe outre les innombrables contestations…
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7h du matin. Le thermomètre indique 1°. Jonathan, vérifie pour la énième fois son sac à dos. Rien n’est laissé au hasard, tout y est important. Des vêtements de rechange aux munitions, tout est indispensable. Parce qu’il le sait, une fois en montagne, plus moyens de faire demi-tour et surtout le temps y est précieux. On recompte alors les munitions : une vingtaine. « C’est largement suffisant. » indique-t-il. Couteau, corde, bracelets, permis de chasse, validation de la saison et assurance. « Toujours avoir sur soi ces papiers car, les contrôles sont de plus en plus fréquents ». Pour un chasseur, chaque outil a son importance et sa nécessité. Ce matin-là, c’est avec son groupe habituel tous originaire de son village qu’il partira chasser.
Le rendez-vous se fait à la maison des chasseurs à 7h30. On prend un café, on discute rapidement. Le chef de battue, qui se trouve être le responsable du groupe, explique alors la mission du jour. Une carte y est tendue derrière lui pour indiquer le programme de la journée. Petit point météo et du matériel. Il désigne alors les rôles de chacun. Deux chefs de ligne sont désignés. Ils formeront en monter deux groupes chacun. En chasse, ce sont ceux qui montent le plus haut car ils ouvrent la marche. Vient ensuite les traqueurs ou piqueurs. Ils seront deux aujourd’hui, à observer et annoncer lorsqu’ils apercevront le gibier. Ce sont les seuls qui ne seront pas armés. Leur seul outil : la trompe. Le chef de battue rappelle alors le nombre de gibier à prélever ce jour en fonction des quotas et de l’avancement de la réalisation du plan de chasse. À la première lueur du jour, on commence à entamer les premiers kilomètres. Compter 15 pour atteindre le premier poste. Nous sommes en plein mois de décembre, rapidement dans les bois, la neige commence à faire tout doucement sont entrée. Les taquineries commencent à fuser elles aussi. D’ailleurs on rigole beaucoup entre chasseurs, on parle de l’actualité, des nouvelles règlementations imposées, mais très vite, les bavardages cessent. Et cela pour laisser place au bruit de la montagne.
7 heures, c’est le temps que passera la troupe au sommet. Toutefois, Jonathan ne repartira pas les mains vide. Malgré la boue et le froid : c’est un chevreuil qu’il ramènera chez lui. Une belle prise selon lui, avec un tir tiré à près de 30 mètres.
« La chasse demande beaucoup de patience et de concentration. On est très taquin mais une fois que l’on a le fusil à l’épaule, on devient très sérieux.»
Une patience qui montre à quel point ce loisir est une réelle passion pour ses adeptes. Lorsque l’on pose la question à notre chasseur sur ce qu’elle représente pour lui, la réponse ne se fait pas attendre :
« Sans la chasse je ne peux pas vivre ! »
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Une histoire de famille avant tout
C’est dans les Hautes-Pyrénnées, dans un village nommé Lombrès que Jonathan a grandi. À 26 ans, ce Lombrésien de toujours, descend d’une très grande famille de chasseurs. Son père, son arrière-grand père et son père avant lui, tous étaient d’invétéré chasseur.
« Dès mes trois ans mon père m’emmenait avec lui à la chasse. C’était la sortie familiale chaque week-end et surtout une tradition pour nous. »
Marcher dans les pas de son père était pour lui une évidence. Pour avoir grandi dans un village de 88 habitants, la nature est pour lui sa seconde maison. Et c’est ce qu’il fait tout au long de l’année : ouvrier agricole au printemps et en automne, berger l’été et conducteur d’une télécabine en hiver, les saisons rythmes sa vie. Une vie qu’il a bel et bien choisi. Car outre la chasse, Jonathan pratique également d’autres sport de montages comme le VTT, ou la randonnée. Il nous confie que s’il fallait choisir entre cette vie ou, une autre plus « citadine », le choix serait vite fait.
« L’air ici y est plus paisible. Quand je suis en pleine nature, je jouis d’une totale liberté qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Pour moi, être plus proche de la nature c’est comme se rapprocher de nos origines. Rétablir un certain équilibre entre l’Homme et la terre ».
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Prédateur ou écologiste ?
« Tout ce qui est rongeur, comme les renards, sont porteurs de ce que l’on appelle la Borrelia. C’est ce qui devient la maladie de Lyme chez l’être humain. Si l’on ne régule pas le nombre de renards dans nos campagnes par exemple, il y aura une prolifération de cette maladie et pas que. »
La fédération nationale des chasseurs insiste beaucoup sur le rôle écologiste des chasseurs. Notamment sur la régulation des espèces, comme le sanglier. Une des espèces qui prolifère rapidement et qui cause d’important dégâts dans les cultures et également sur les routes où il créé chaque année d’importants accidents. Le rôle des chasseurs revient donc à contrôler leur population. De plus, certaines espèces comme les cervidés, développent de nombreuses maladies transmissibles à l’Homme.
Aujourd’hui les « jeunes chasseurs » collaborent bénévolement avec les services sanitaires sur le terrain en réalisant des prélèvements sur les animaux sauvages qu’ils abattent pour voir s’ils sont porteurs ou non de la maladie. Une nouvelle manière pour eux de concevoir la chasse, qui est aujourd’hui celui de « maintenir le territoire. »
Il y a encore quelques années en arrière, on ne se préoccupait pas autant de la faune. Aujourd’hui, c’est l’un des points les plus importants dans la chasse. On est pas uniquement là pour tuer des animaux, mais en réalité pour venir en aide à la nature.
Toutefois, le meilleur prédateur régulateur est le prédateur naturel d’une espèce. En effet, il tue pour se nourrir, donc le nombre de proies est naturellement régulé. Hors, la quasi-totalité des grands prédateurs tels que les loups, le lynx et l’ours sont aujourd’hui rares dans les zones rurales françaises. Conséquence du déséquilibre : il faut aujourd’hui que l’Homme se charge de corriger ce manquement.
Pour se faire, la FNC attribue des quotas de chasse à chaque espèce. Les chasseurs ont le droit d’abattre 89 espèces, dont 64 espèces d’oiseaux en France.
Cependant, selon le syndicat national des producteurs de gibier de chasse, un tiers des 30 millions d’animaux comme le sanglier proviendraient des élevages.
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Ce que l’on veut aujourd’hui, ce n’est pas « redoré » notre image. Mais montrer aux gens que nous ne sommes pas des tueurs sanguinaires. Quand je tue un animal, je ressens une certaine compassion pour lui. Il m’est déjà arrivé de verser une larme après en avoir tué un.
Je suis humain, et je conçois que j’ai un être vivant devant moi, mais la nature est ainsi.
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Une différence de génération ?
Dans la société où Jonathan chasse, la moyenne d’âge est de 30 ans.
Cela fait quatre ans qu’il a obtenu son permis de chasse et qu’il accompagne son groupe tous les week-ends de saisons en saisons.
Pourtant, aujourd’hui, il observe une différence voire un choc de génération entre « les anciens » et les fraîchement titulaire comme lui.
Un ressenti que l’on peut discerner dans les comportements lors de battue selon lui.
« Aujourd’hui dans ma façon de chasser et dans mon rapport à l’animal, je vois une différence entre ma génération et celle d’avant.
Les anciens sont très ronchons sur les nouvelles réglementations tandis que nous, nous sommes très à cheval là-dessus. On nous répète que nous sommes des écologistes et endosser ce rôle demande une certaine responsabilité dans ce que nous faisons. »
Et de poursuivre :
« Malgré tout, on a beaucoup à apprendre d’eux. Ils ont une très grande connaissance du terrain. Notre rôle à nous les jeunes, est de faire en sorte de les faire connaître les nouvelles réglementations qui s’endurcissent de plus en plus et eux, de nous apprendre leur savoir-faire ancestral. »
Des savoirs-faire notamment dans la traque du gibier. Pour beaucoup d’entre eux, le véritable plaisir dans la chasse avant même d’abattre la bête est de la suivre. Cela demande de faire appel à ces cinq sens, d’être patient et d’avoir une bonne connaissance du milieu. Une pratique sur laquelle s’accorde les deux partis. Et pour cela, ce sont des gestes qui se transmettent et qui perdurent dans le temps. Des secrets de la chasse, que seul un vrai chasseur ne peut comprendre.
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