Depuis deux ans, Old’s Custom 81 s‘est lancé dans la restauration de voitures de collection. Et pas n’importe lesquelles : des Américaines. C’est toute la passion et le savoir-faire des USA en matière de véhicules anciens qu’on retrouve au sein de ces murs.
Une Ford ancienne grise mise au goût du jour avec casquette argentée pour protéger le moteur et tête de mort sur le volant. Une mise en bouche dès l’entrée. Parce que la restauration de voitures de collection, c’est le domaine du Old’s Custom 81, implanté à Graulhet depuis deux ans. C’est « l’amour pour les véhicules de collection » qui a incité le patron, Robin Payer, à créer cette entreprise, « j’ai grandi là-dedans et j’ai appris là-dedans ». L’ensemble des services y sont proposés, de l’importation du véhicule à son exportation en passant par toutes les étapes de travail technique. Démontage, expertise, décision avec le client, mécanique, moteur, carrosserie, sellerie, peinture et finition, tout passe entre les mains des quatre experts. Ils sont seulement une dizaine en France à proposer une prestation aussi complète. Une plus valu certaine qui leur permet de recevoir des commandes de l’étranger. Elles représentent environ 30 % de la demande. Pour le reste, c’est 10 % de demande régionale et 60 % de clients du Nord de la France. Résultat : un carnet de commande plein pour les deux ans et quatre mois à venir. Et les demandes de ces clients sont plus variées les unes que les autres.
Des véhicules importés des États-Unis
« On réalise les rêves des clients », explique le patron dans un rire. Aucune demande ne se ressemble. Tout dépend des envies mais aussi forcément du budget des clients. Beaucoup leur laissent même carte blanche ce qui les entraîne dans des projets fous. Le patron évoque un projet du moment, une Corvette C1 de 1959 dont la coque et le look sont restaurés fidèlement à l’original, mais avec toute la mécanique et le confort de 2020. La majorité de ces acheteurs n’ont pas le véhicule en leur possession. Ils le commandent à Old’s Custom 81 qui le restaure ensuite. Pour dénicher les véhicules, direction les Etats-Unis. L’entreprise est implantée là-bas avec une personne sur place. Celle-ci trouve les modèles, les teste et les achète avant de les exporter en France.
Deux modèles en cours de restauration. Crédit: Océane Arasse
Les envies des clients influencées par la culture américaine
Dans l’atelier à côté, des bruits de coups sourds résonnent. C’est l’œuvre d’Antonio Ayllon, le carrossier en plein travail sur un nouveau modèle. À côté, Cyril Giron est, lui, sur l’électricité d’un autre véhicule ou du moins de ce qu’il en reste. C’est le chef d’atelier spécialisé dans la motorisation et la mécanique. Lui qui réalise chaque projets des clients a remarqué en l’espace de dix ans une différence dans les demandes des acheteurs. Avant, les personnes souhaitaient conserver les voitures américaines identique au modèle original. Pour eux, les réinventer n’avait pas de sens. Puis un phénomène a tout bouleversé, « aujourd’hui il y a énormément d’émissions télé sur les vieilles voitures et beaucoup sur les voitures américaines. Ils restaurent les voitures dans des gros garages aux USA. Et eux ils restaurent jamais dans l’original, c’est pas trop leur truc. Donc quand les gens voient ça à la télé, ils ont envie de le reproduire », explique Cyril. Le concept de restomod a donc pris de plus en plus d’ampleur. Il s’agit de mettre des anciens modèles au goût du jour. En somme, la carrosserie et la peinture restent à l’original mais, à l’intérieur, c’est bien le confort et la mécanique d’aujourd’hui que l’on retrouve.
L’Amérique des années 1950 dans les veines
Une façon de restaurer que le chef d’atelier apprécie quand les véhicules datent des années 1960-1970. Pour les années 1940-1950, c’est un « puriste » comme il se nomme lui-même. Il pointe alors du doigt une Cadillac bleu-vert clair dont la rénovation touche à sa fin, « je suis passionné par les années 50’s. Et 1950, ce sont ces voitures là. Des grosses voitures avec plein de chrome, pas forcément beaucoup de chevaux parce qu’à l’époque on cherchait pas la performance mais plutôt le luxe des chromes ». Une passion qui dépasse les portières des véhicules pour embrasser l’ensemble de la culture américaine de ces années-là, « c’était les meilleures années des Etats-Unis. Il y avait les pin-up, les gens sortaient faire la fête. Tout a été inventé dans les années 50 : les drive-in, tout ça. C’est quelque chose que j’aurais aimé vivre mais hélas je suis trop jeune». Même chose pour les moteurs américains, son domaine. Il apprécie en particulier le V8, celui des grosses cylindrées de l’époque, « j’adore ces moteurs-là parce que ça fait du bruit, c’est puissant. C’est des moteurs où quand on roule avec, on sent le son, la performance. Moi je dis toujours que j’ai un V8 à la place du cœur, j’adore ça ». Les modèles de cette période sont donc logiquement ceux qu’il préfère retaper.
La fameuse Cadillac 1956 Fleetwood bleu-vert clair/ Crédit: Océane Arasse
Une inspiration so american
Et pour trouver l’inspiration, c’est encore une fois vers les USA qu’Old’s Custom 81 se tourne. Les réalisations actuelles ou passées du pays de l’aigle sont étudiées. À cela s’ajoute l’expérience des salariés dans les voitures américaines anciennes. Une combinaison entre reproduction et création, « on n’est jamais les premiers à avoir fait quelque chose. Dans la voiture ancienne, les américains ont toujours fait avant nous. Et nous, on copie un peu ou on s’inspire d’eux ». Pour cela, il faut trouver les bonnes pièces. Comme pour les voitures, la quasi entièreté vient directement des Etats-Unis. Il y a donc forcément un laps de temps entre l’achat, l’export, l’acheminement et la réception. Certains projets sont donc parfois stoppés plusieurs jours pour une petite pièce manquante. C’est pour cela que les équipes travaillent sur de nombreux véhicules à la fois. Et avec le covid les délais de livraison peuvent encore s’allonger. L’épidémie n’a en revanche pas impacté les commandes, bien au contraire. Si elles devenaient de moins en moins nombreuses durant le premier confinement, tout a changé ensuite. Voyant que l’avenir était plus qu’incertain, de nombreuses personnes ont décidé de se faire plaisir d’après Robin le patron. Résultat ? 2020 a été la meilleure année en terme de vente et de chiffre d’affaires. L’équipe espère continuer sur sa lancée en 2021. Nouvel objectif : faire rouler leur travail dans de nouvelles contrées internationales.