Depuis le mois de novembre, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal et le Premier ministre Jean Castex ont mis en place un dispositif d’accompagnement humain pour les étudiants isolés. Ce sont les référents. Ils sont 16 000 en France et répartis dans les 800 cités universitaires du CROUS. Quatre d’entre eux sont à la cité universitaire de Chapou, à Toulouse. Rencontre.
Badge autour du cou, pochettes cartonnées à la main, les trois référents sont prêts à commencer leur mission du jour : la permanence dans les halls des sept bâtiments. Chacun se positionne dans un hall et informe les résidents de passage sur les différentes activités de la cité universitaire. Ensuite, ils feront du porte-à-porte pour veiller au bien-être des étudiants. Est-ce qu’ils ont des problèmes de santé, financiers ? Est-ce qu’ils se sentent seuls ?
Un soutien psychologique
Quand ils ouvrent la porte, ils sont à la fois timides et intrigués. Isolés dans leur cambre de 9 mètres carrés, les étudiants sont pour la plupart d’une autre nationalité et la communication n’est pas toujours simple lors de la rencontre. Pour Khadidja Reguieg, étudiante en licence d’anglais et référente CROUS, ce n’est pas un problème : « Vu que je parle anglais et que certains ne comprennent pas un mot de français c’est plus facile pour eux de se livrer ». Des qualités relationnelles requises afin d’instaurer un climat de confiance entre le référent qui apporte un soutien psychologique et l’étudiant en difficulté.
D’après une enquête réalisée par l’observatoire de la vie étudiante, un étudiant sur trois présente des signes de détresse psychologique, liés à l’isolement. Alors pour les référents CROUS, se sentir utile est primordial. Patricia Kayiba, étudiante en AES et référente, a été témoin de détresse étudiante qui lui ont fait prendre conscience de l’importance de ses missions : « Un étudiant a fait une tentative de suicide il y a quelques temps et maintenant il est en hôpital psychiatrique. Cela m’a beaucoup choqué et c’est à ce moment-là qu’on se dit qu’on a un réel travail à faire ici ».
Les contacts réguliers par le porte à porte, le phoning et les permanences organisées fortifient le lien de confiance entre référents et étudiants. Une proximité avec les étudiants liée à l’âge mais aussi au logement car les résidents comme les référents vivent la même situation : « Les étudiants arrivent mieux à s’ouvrir entre pairs plutôt qu’avec des agents du CROUS », selon Florian Prussak, directeur de la vie étudiante et de campus au CROUS de Toulouse.
« Une étudiante m’a parlé de ses problèmes financiers et elle s’est effondrée, en larmes, dans mes bras »
Tous les trois sont unanimes sur le problème le plus récurrent chez les étudiants : les finances. Le retard des bourses et la nouvelle réforme des APL mettent les étudiants parfois en très grande précarité : « Une étudiante que je ne connaissais pas m’a parlé de ses problèmes financiers et elle s’est effondrée, en larmes, dans mes bras. Donc si ce dispositif permet de recréer du lien et de les aider, c’est une bonne chose », partage Jérémy Carminé, résident à Chapou.
Les référents renseignent le plus possible les jeunes adultes sur les services déployés par le CROUS comme le food truck avec des repas entre un et trois euros ou le SIMPPS , une cellule d’aide psychologique. Mais selon les référents, ce qui aide le plus les étudiants c’est d’être entendu : « Ce ne sont pas nos conseils qui vont les aider, parce qu’ils peuvent les retrouver sur Internet, c’est plutôt l’échange et mettre des mots sur leurs problèmes. Ils sont plus rassurés et se sentent moins seuls », s’exprime Youcef Bentaha, étudiant en master 1 gestion des ressources humaines et référent. « Les étudiants arrivent mieux à communiquer quand c’est une personne tierce », ajoute Patricia.
Réactif, bienveillant et à l’écoute, les référents travaillent 10 heures par semaine du lundi au vendredi et s’occupent parfois de la mise en place des animations le week-end. Un travail salué par de nombreux étudiants résidents : « Je trouve cela génial des personnes qui se préoccupent de nous, surtout quand on est loin de notre pays ! », s’exclame Mitsuko Takarai, étudiante. Pour Emilie Loisel, étudiante aussi, c’est une bonne initiative pour les résidents en détresse : « Les étudiants qui souffrent ou qui sont en difficultés ne vont pas tous oser aller chercher une oreille attentive ». Avec 75 référents déployés en Occitanie, les actions du CROUS sont démultipliées et permettent d’identifier mais surtout, d’aider le plus rapidement possible, les étudiants en désarroi.