D’après les chiffres de janvier 2020, 1240 personnes sont détenues dans cette maison d’arrêt d’une capacité opérationnelle de 695 places. La plus importante prison d’Occitanie est donc le deuxième mauvais élève de la région, derrière la maison d’arrêt de Nîmes qui affiche un taux d’occupation de 200 %.
En Juillet 2019, la nouvelle directrice de la prison de Seysses, Estelle Perz, héritait d’une lourde tâche : celle de réduire le taux de surpopulation carcérale d’une prison accablée pour ses conditions de détention. Une mission réussie en demi-teinte : le nombre de matelas au sol est passé de 271 à 173 de juillet 2019 à janvier 2020. Ce chiffre, qui représente le nombre de détenus couchés au sol, incarne le taux de surpeuplement d’un établissement. En théorie, les cellules de 9 mètres carrés ne peuvent accueillir que deux détenus. Dans la pratique, on est loin de cette idée reçue sur les prisons. Les détenus, au coude-à-coude, logent souvent jusqu’à quatre dans une même cellule.
L’Europe s’en mêle
Dans un arrêt historique rendu le 30 janvier, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France pour « traitements inhumains et dégradants en raison de conditions de détention imposées aux requérants ». La Cour a constaté « des taux d’occupation des prisons qui relèvent de l’existence d’un problème structurel ». La justice européenne a dès lors recommandé à l’Etat français « d’envisager l’adoption de mesures générales visant à supprimer le surpeuplement et à améliorer les conditions matérielles de détention ».
Et la prison de Seysses ne fait pas figure d’exception à l’échelle française. Selon les chiffres de l’Observatoire International des Prisons, le taux d’occupation moyen des maisons d’arrêt est de 138 % en France. Au 1er janvier 2020, près de 70 651 personnes étaient détenues dans les prisons françaises pour 61 080 places opérationnelles ( selon les chiffres de la Direction de l’administration pénitentiaire).
Une source de tension permanente
Dans un reportage du Monde, plusieurs surveillants de la prison de Seysses dénoncent ces conditions d’incarcération qui nuisent à leur travail et à leur santé. Les détenus ne peuvent plus être changés de cellules en cas d’altercation par manque de places. Des délais de temps supplémentaires sont requis pour les requêtes, mêmes banales, des prisonniers (parloir, promenade, sanitaires).
Le ministère de la Justice prévoit de construire trois nouvelles maisons d’arrêt de 600 places chacune à l’horizon 2024. L’une d’entre elles se situera à Muret (à 10 km de Toulouse). D’ici là, aucun agrandissement n’est prévu, et le problème de la surpopulation carcérale n’a pas finit de faire couler de l’encre.