Christophe Castaner l’a annoncé ce dimanche 26 janvier 2020, la grenade à explosif GLI-F4 est désormais interdite d’utilisation lors des manifestations. Les policiers pourront à présent utiliser une grenade de remplacement, la GML2, considérée « moins dangereuse ».
Le 24 Heures a recueilli le témoignage de deux personnes aux avis divergents, Pascal Gassiot et Didier Martinez à propos de ces grenades.
Pascal Gassiot est un fervent défenseur des droits de l’homme. Depuis 2016, il est membre de l’Observatoire des Pratiques Policières de Toulouse. Pour lui, « les moyens de défense utilisés par les policiers à l’encontre des manifestants ne sont pas justifiés. » Didier Martinez est quant à lui secrétaire régional du syndicat Unité SGP police Occitanie. Il assure que « les forces de l’ordre n’ont aucune intention de blesser les manifestants » lors des rassemblements. Chacun défend son point de vue, place aux arguments.
« Le but de cette grenade est d’être sonné. Le bruit est puissant et fort et ça explose quand même »
Pour Pascal Gassiot, l’usage d’une grenade GLI-F4 est tout aussi dangereux que celui d’une GML2. « C’est une grenade manuelle de désencerclement qui projette des petits plots en caoutchouc. Le bruit est puissant et fort et la grenade est explosive. » Didier Martinez lui affirme que les deux grenades ne sont pas dangereuses. « A la base, la GLI est un moyen alternatif, dans le cadre du maintien de l’ordre, lorsque les grenades lacrymogènes ne sont pas suffisantes, pour disperser et protéger les effectifs. » Il explique que la nouvelle grenade possède une chaîne pyrotechnique, avec « un effet sonore », mais « aucune charge explosive ». De plus, la couleur de la nouvelle grenade est rouge avec un symbole. « Au moins les gens sont avertis, avec ce symbole et cette couleur, on comprend qu’on ne doit pas se saisir du détonateur. » Si il n’y a en effet aucune charge explosive dans cette grenade, son utilisation n’est toutefois pas sans danger. La fiche technique de la GML2 indique un « effet psychologique généré par le bruit de 160 décibels à cinq mètres. » Les personnes se trouvant à proximité de cette grenade lors de sa détonation, s’exposent alors à des risques de lésions auditives.
« C’est un coup médiatique de la part de Castaner […] J’ai été scandalisé par ses propos »
Après cette annonce, Christophe Castaner a été accusé d’effectuer un coup de communication. C’est l’avis que partage Pascal Gassiot. « Pour moi, c’est un coup médiatique. Depuis des semaines, il y a une énorme pression suite aux violences policières. Des journalistes ont commencé à parler, des preuves ont été fournies, donc le gouvernement est sous pression. »
Pour le membre de l’observatoire des pratiques policières, cette annonce est un « coup de voyou » de la part du ministre de l’Intérieur. « Christophe Castaner ne dit pas la vérité, car il ne précise même pas que les grenades sont dangereuses, qu’elles ne sont plus fabriquées et qu’elles sont remplacées. » Les grenades GLI-F4 ne sont, en effet, plus fabriquées.
« C’est une arnaque, c’est de la communication pourrie. Personnellement, j’étais scandalisé face aux propos tenus par Castaner », poursuit-il.
Didier Martinez quant à lui reste neutre. « Il ne m’appartient pas de juger s’il s’agit d’un coup médiatique ou non. C’est sa communication, on exécute. En tout cas, ce qu’il dit est vrai. »
« Les policiers ne cherchent pas à attiser la violence, c’est uniquement en dernier recours que les grenades sont utilisées »
Selon le policier, dans les manifestations, « il y a des gens qui viennent juste pour se battre », avant d’enchaîner, « l’effet détonnant d’une grenade permet alors de déstabiliser et de repousser, mais en aucun cas de blesser, ni tuer.» Il explique que la grenade est utilisée comme « moyen alternatif » et que les policiers ne sont pas « un défouloir ni un punching ball sur lequel on peut s’acharner. »
Selon Pascal Gassiot en revanche, “les grenades ne sont pas utilisées correctement.” “Elles doivent être roulées au sol, comme précisé par les pictogrammes et pas jetées sur des manifestants, c’est interdit.”
Pour le défenseur des droits de l’homme, « les policiers sont dans l’illégalité car ils se servent des grenades de manière offensive et non-défensive. »
A l’observatoire des pratiques policières, Pascal et les autres membres ont demandé “la suppression des grenades GLI-F4”, à présent, ils souhaitent “la suppression de dotation des grenades de désencerclement ainsi que le retrait des lanceurs de balles de défense”.
Le ministre de l’Intérieur a rappelé dimanche, que la nouvelle stratégie de maintien de l’ordre mise en place en décembre 2018, était toujours à l’ordre du jour.