Depuis le 20 septembre, le musée des Abattoirs consacre une exposition d’envergure à Peter Saul. Assez méconnu du grand public, l’univers du peintre quittera le musée dans une dizaine de jours : voilà pourquoi vous devez vous y ruer pour le découvrir.
Inqualifiable, inclassable et détonnant, voilà des adjectifs qui pourraient coller au style Peter Saul. Déambuler entre les allées du musée des Abattoirs permet une d’observer rétrospective de la vie de l’artiste, au travers de ses tableaux.
Disposées par ordre chronologique dans le musée des Abattoirs, ses oeuvres sont percutantes sans se vouloir choquantes. Au travers d’elles, Peter Saul dépeint la société dans laquelle il vit. Une société où l’on consomme plus que ce dont on a besoin. Une société parfois intolérante, mais surtout ultra-violente. Pour ce faire, l’artiste use d’un style singulier, mélangeant pop-art, funk et caricature. Ses peintures sont un amalgame de couleurs et de détails, pouvant donner lieu à plusieurs lectures, plusieurs interprétations.
Un parcours singulier
Car s’il s’inscrit dans le mouvement pop-art, contrairement aux sommités du style (Andy Warhol, Roy Lichtenstein…) , lui est allé faire ses classes loin des États-Unis. « Quand il commence le pop-art, il est en Europe, car il pensait y avoir une plus grande liberté. En 1958, à Paris, il consulte des revues, des bandes-dessinées et des comics. Il se dit que la meilleure manière pour lui de représenter le monde est de faire un mix de tout ça, en y ajoutant une touche d’humour et de réalité. Contrairement à un Andy Warhol, ses inspirations ne lui serviront que pour peindre », raconte Annabelle Ténèze, directrice du musée. Des débuts loins de l’exubérance de l’Amérique des années 1950, ce qui lui permettra d’accroître sa singularité dans la milieu artistique.
Ensuite, ce qui le distingue, c’est son refus des normes, son envie de s’affranchir des dogmes artistiques. « C’est une liberté qu’il prend, mais qui reste sur le pan de l’engagement. Lorsqu’il représente la guerre du Vietnam, il utilise tous les clichés possibles. Lorsqu’on regarde cela, c’est troublant et ça ne peut pas ne pas faire réagir », poursuit la directrice du musée.
Un artiste octogénaire, mais encore très actuel
« C’est quelqu’un qui a plus de 80 ans, mais qui a un écho très fort auprès des jeunes générations et, plus généralement auprès d’un public très varié. Parmi ceux qui sont venus voir ses oeuvres, il y a des personnes intéressées par le street-art, ou la bande-dessinée », explique Annabelle Ténèze.
Pour se rendre compte à quel point Peter Saul intéresse, il faut regarder les chiffres d’affluence de l’exposition. Depuis le 20 septembre, plus de 70 000 personnes sont venues admirer les oeuvres de l’artiste.
Souvent, les visiteurs ne sont pas, ou très peu renseignés, sur l’artiste, car il n’a jamais été aussi populaire qu’on pu l’être Warhol ou Lichtenstein. C’était notamment le cas de Catherine, qui » ne connaissait pas Peter Saul. J’ai beaucoup aimé les oeuvres engagées, où il parlait des présidents américains. Ensuite il y a beaucoup de couleurs, je suis sensible à ça, c’est gai. En plus, c’est très cru mais sans choquer. »
Hier soir, l’exposition avait son clou du spectacle. Des étudiants en arts d’une école toulousaine sont venus jouer de la musique. Pendant près d’une heure, les artistes en herbe se sont promenés entre les oeuvres, suivi par un public venu nombreux, et jouant une partition de musique classique en rapport avec les oeuvres devant lesquels ils s’arrêtaient.
Pour rappel, l’exposition prendra fin le 26 janvier prochain. Toutes les infos sur le site du musée des Abattoirs.