Montée de l’antisémitisme à Toulouse : « la violence règne en maître »

« L’antisémitisme a progressé de 74% dans ses cris d’horreur l’année écoulée », les mots de Christophe Castaner, ministre de l’intérieur, font froid dans le dos. Malheureusement, Toulouse n’est pas exclue de cette hausse inquiétante.

À Paris, ce week-end, de nouvelles inscriptions ont fait leur apparition dans les rues, à la suite des manifestations des Gilets jaunes. Visage de Simone Veil entaché, croix gammée sur les murs, façade de restaurant taguée de « Juden » (= juif en allemand), les actes antisémites explosent. Et Toulouse n’est pas isolée de cette montée inquiétante.

La place du Capitole a elle aussi été le terrain de nombreux actes racistes : tags « Macron youpin », croix gammée, inscriptions antisémites sur les murs. Des actes inquiétants que déplore Franck Touboul, président régional du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) : « Toulouse est concernée plus que jamais, notamment depuis les attentats de Merah en 2015 à l’école Ozar Hatorah. » Des attentats qui avaient causé la mort de quatre personnes.

Une haine non fondée

« Depuis quelque temps, on voit apparaître une nouvelle forme d’antisémitisme, et les réseaux sociaux deviennent un terrain où la violence se banalise » constate Franck Touboul. Selon lui, les messages postés sur la toile ne sont pas assez sanctionnés « comment voulez-vous que les gens aient des repères ? N’importe qui peut écrire n’importe quoi sans être puni, c’est la porte à de nouvelles agressions, y’a plus de repère entre ce qui se fait et ce qui ne se fait pas ! »

Contacté à de nombreuses reprises, Franck Touboul explique avoir eu à organiser de nombreux déménagements de familles juives, cibles des antisémites : »Des agressions verbales, des déchets déposés sur leur pallier, des insultes dans le voisinage… C’est quand même scandaleux d’en arriver là ! »

« Aujourd’hui, les juifs ont à la fois la nécessité de voir leur quotidien s’améliorer et la difficulté de ne pas avoir le droit de le dire »

Gérard Folus, secrétaire régionale de Toulouse Fraternité partage ce sentiment : « Toulouse a été profondément marquée par les attentats. En 2015, des milliers de toulousains manifestaient dans les rues pour s’opposer à ce qu’il s’était passé dans l’école juive, ça nous a fait chaud au coeur. Aujourd’hui, c’est inacceptable que les juifs soient encore montrés du doigt. »

Dans ce climat de tension, Franck Touboul regrette que des clichés, nés lors de l’avant-guerre, soient encore utilisés aujourd’hui : « Les juifs en France, c’est beaucoup moins de 20% de la population et pourtant les grands clichés persistent. Les juifs ne naissent pas ni avec une dote, ni avec la question de savoir comment ils vont diriger le monde demain ! C’est avec un simplisme déconcertant que les auteurs de tels crimes pensent que les juifs sont tous riches. Au contraire, bien souvent ils vivent dans la précarité. Aujourd’hui, les juifs ont à la fois la nécessité de voir leur quotidien s’améliorer et la difficulté de ne pas avoir le droit de le dire ».

Le combat continue

Contre la montée de ces crimes antisémites, Franck Touboul tente de changer de stratégie :« désormais, on portera plainte contre X à chaque tag repéré. Depuis l’arrivée du nouveau procureur à Toulouse, nous avons nommé un référent judiciaire auprès du parquet pour qu’il y est un recensement de tous ces crimes dans les secteur toulousain. Avec ces chiffres, nous pourrons davantage cibler nos axes de travail. »

Avant de penser aux sanctions, il est primordial de reprendre le coeur du problème : « Il est très important que l’éducation nationale fasse un travail sur la seconde guerre mondiale, notamment sur les religions pour qu’il y est une meilleure connaissance de l’histoire compte tenu des actuelles tensions ethniques«  explique le directeur régional du Crif Toulouse.

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Pour autant, même si le schéma parait sombre, les messages d’espoir triomphent. Hier soir quelques associations ainsi que le maire de Toulouse étaient présents pour rappeler les valeurs de la démocratie : « La devise du pays doit être le symbole du vivre-ensemble. Il est important de partager un message de fraternité dans un contexte actuel qui est malsain et où la violence règne en maître » explique Gérad Folus.

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