Selon un sondage France Assos Santé, un quart des Français a déjà été confronté à une pénurie de médicaments. Une situation difficile pour les malades comme pour le corps médical.
C’est un rapport inquiétant que vient de publier France Assos Santé ( fédération qui regroupe 85 associations en santé) : 25% des Français ont déjà fait face à une pénurie de médicaments. Anticancéreux, anti-allergiques ou antiépileptique… plusieurs familles de médicaments ont été touchées, entrainant des ruptures de stock au niveau des hôpitaux mais aussi des pharmacies. Un situation qui met en péril le bien-être des malades comme Christelle, touchée par un cancer du sein en 2018. C’est en janvier de la même année, alors qu’elle était en pleine cure de chimiothérapie, que les difficultés pour obtenir des médicaments se sont présentées pour la première fois : « les pharmacies n’arrivaient plus à avoir un médicament l’EMEND. C’est un médicament de « confort » lorsque l’on a de la chimio, c’est pour éviter les nausées. Heureusement, je n’ai pas manqué moi même de ce médicament, mais il a fallu aller dans plusieurs pharmacies pour réussir à en avoir un. » Après avoir fait deux pharmacies, c’est à la troisième qu’elle a pu obtenir l’EMEND, le dernier de l’établissement (un problème qui a duré environ un mois). Mais comme le précise la patiente, les hôpitaux eux aussi ont été en manque de l’antiémétique : « eux aussi avaient des problèmes à avoir ce médicament, si la pénurie avait continué un peu plus, ils se retrouvaient en rupture de stock. » Malgré les désagréments, Christelle ne fait pas partie des 45% de personnes qui ont été contraintes de modifier leur traitement, de le reporter ou de l’arrêter complètement (des chiffres annoncés par Président de France Assos Santé à nos confrères du Parisien).
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« C‘est compliqué pour nous »
Et la situation est aussi inquiétante du point de vue du personnel soignant. Christelle est infirmière à la Clinique du Sud de Carcassonne. Depuis quelques temps, la clinique fait face à une pénurie de Duoderm, un pansement utilisé pour la cicatrisation en milieu humide : « c’est compliqué pour nous. Nous sommes spécialisés dans la rééducation et ces pansements sont importants. Après, les médecins font en sorte de trouver des moyens de substitution ». Des médicaments de substitution qui peuvent potentiellement avoir de graves conséquences, comme le dévoile France Assos Santé : augmentation des symptômes dans 14% des cas, erreurs dans la prise de médicaments de substitution (4%) et plus inquiétant encore, hospitalisation nécessaire pour une personne sur vingt ». Apprentie préparatrice en pharmacie, Noémie est inquiète par le manque d’un médicament prescrit contre la pression artérielle : « En ce moment, nous vivons une pénurie de Valsartan, et nous craignons un risque de pénurie pour toute la famille. » Face à cette crise sanitaire menaçant la santé publique, l’association a décidé d’interpeller le gouvernement en demandant « une régulation plus efficace de la part des autoritéssanitaires nationales et européennes » mais également une « information claire et transparente sur les causes de ces ruptures » ainsi que » les plans de gestion des pénuries (PGP) mis en place ».