[et_pb_section bb_built= »1″ fullwidth= »on » _builder_version= »3.0.47″ next_background_color= »#000000″][et_pb_fullwidth_header title= »Les RUBieS : quand le rugby plaque le cancer  » header_fullscreen= »on » content_orientation= »bottom » _builder_version= »3.17.6″ title_font= »Satisfy|700||on||||| » title_text_align= »left » title_font_size= »40px » use_background_color_gradient= »on » background_image= »https://www.le24heures.fr/wp-content/uploads/2018/12/Rubies-69.jpg » /][/et_pb_section][et_pb_section bb_built= »1″ _builder_version= »3.0.47″ prev_background_color= »#000000″][et_pb_row _builder_version= »3.0.48″ background_size= »initial » background_position= »top_left » background_repeat= »repeat »][et_pb_column type= »1_3″][et_pb_text _builder_version= »3.17.6″ text_font= »Khula||on|||||| » text_text_color= »#000000″ text_orientation= »justified » inline_fonts= »Verdana,Abel »]

Le cancer gynécologique de Christiane, alias Mamie Nova s’est déclaré à l’âge de 66 ans. Cette ancienne infirmière a fêté ses 71 printemps et est la capitaine de l’équipe de rugby des RUBIeS.

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Véronique, très vite Véro quand la discussion est lancée, a appris qu’elle était atteinte d’un cancer du sein dans l’année de ses 38 ans avec obligation d’ablation. Elle est rugbywoman depuis désormais trois ans.

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Muriel a été prévenue un soir de juillet 2015 au téléphone que les résultats de la biopsie n’étaient pas bons. Aujourd’hui, elle ne rate pour rien au monde les deux entrainements par semaine des RUBIeS.

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Ces femmes sont de celles qui ont appris un jour que leur vie venait de basculer. Basculer dans la maladie, dans le quotidien des traitements, des effets secondaires, d’une vie de famille qui peut être bousculée.

Leurs histoires sont personnelles, uniques, mais toutes ont ressenti le même choc, la même incompréhension, cette colère qui s’accompagne bien souvent d’un sentiment d’injustice incapable de décrire sans avoir soi-même vécu pareille situation.

Pourtant, « L’homme se découvre quand il se mesure à l’obstacle » disait Antoine de Saint-Exupéry. Dans ce cas précis, ce sont des femmes, qui ont refusé de s’arrêter de vivre quand la maladie s’est dressée sur leur chemin.

Car il y a une vie après le cancer.

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Les RUBieS, quand le rugby plaque le cancer 

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Le thermomètre de la voiture indique 3 degrés. Dehors, le vent et la pluie fine persuadent les derniers courageux de rentrer chez eux.

La nuit est déjà tombée mais le terrain synthétique de rugby des Argoulets à Toulouse est lui éclairé. Des joueuses, déjà en tenues, tennis ou crampons bien accrochés aux pieds, s’échauffent et attendent les derniers retardataires. Il est 18h15 et l’entraîneur réunit l’équipe pour le premier atelier.

Pendant trente minutes, les exercices se multiplient. Travail de passes, atelier pour améliorer la communication entre les joueuses, prendre la dimension de l’espace disponible du terrain, rentrer la course. Amateurs de ballon ovale, ces termes doivent vous parler.

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« Le ballon ira toujours plus vite que vous » Théo – Coach

Le sérieux s’accompagne de sourires, de rires, rendant le froid inoffensif même pendant l’absence d’effort physique.

La dernière partie de l’entraînement est réservée au jeu en lui-même. Sur une moitié de demi terrain, cinq joueuses sont face à face. Les règles sont maitrisées par toutes : le plaquage est remplacé par le rugby à toucher. L’attaquant doit alors poser le ballon derrière lui et ne plus faire action de jouer, idem pour le défenseur. Les autres défenseurs doivent reculer de cinq mètres avant que le jeu ne soit relancé. Le « relayeur », celui qui suit le ballon peut alors choisir de partir tout seul ou réaliser une passe en arrière. Cette passe en arrière, symbole du rugby qui permet à chacun de faire ce qu’il peut en fonction de ses capacités.

L’entraînement arrive à sa terme et le ballon devient humide. Les passes deviennent difficiles à exécuter et la fatigue se fait ressentir. Pourtant, personne ne lâche. Sylvie, deuxième coach sur les trois responsables de l’équipe, annonce :  « dernière action ! ». Dans chaque équipe, les « allez, on s’accroche ! » motivent. Un en-avant a pourtant raison des dix sportives, déçues de devoir s’arrêter là et encore plus d’enchaîner avec les étirements, pourtant si importants.

Car ces femmes qui terminent cet entraînement de plus d’une heure ont une histoire particulière. Elles ont découvert le rugby après avoir combattu un cancer. Ce sport, associé au danger dans sa forme professionnelle, a été pour elles le moyen de sortir du quotidien souvent difficile d’après cancer. Aujourd’hui, elles sont toutes des rugbywomen et sont fières de le clamer.

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Le premier club Rugby-Santé en France

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L’histoire des RUBIeS (Rugby Union Bien-Être et Santé) remonte à 2015. À l’initiative de la Fédération française de rugby, médecins oncologues et spécialistes du sport se rencontrent à Marcoussis (Centre National de Rugby) pour un projet : permettre aux personnes victimes de maladies chroniques de jouer au rugby. Stéphanie Motton, chirurgien oncologue et présidente des RUBIeS évoque cette  rencontre :

« La FFR avait fait une saison expérimentale sur des hommes qui avaient eu des accidents cardiovasculaires. Ils jouaient au rugby à toucher et ce qui m’a convaincu tout de suite, c’est que ces mecs ne pouvaient pas courir au début. Mais ils jouaient ! Il y avait un jeu collectif, ils faisaient ce qu’ils pouvaient, et je me suis dit « mais c’est génial ! » ».

De retour à Toulouse, Stéphanie Motton prend les choses en mains, convaincue par le projet. Spécialisée dans les cancers féminins, elle propose pendant trois mois à ses patientes de venir tester l’activité. Avec l’aide des éducateurs sportifs provenant de l’actuelle Ligue de Rugby Occitanie, les premiers entraînements débutent au mois de février 2016 pour les patientes.

La réussite des RUBIeS à Toulouse selon elle, c’est le fait d’avoir créé un groupe dit « sédentaire » composé du personnel soignant, des familles des patientes qui voulaient venir essayer.

« Quand au début, une femme prenait un ballon dans la chambre implantable, on était là pour vérifier, lui dire que tout allait bien. Et très vite, on a développé une très forte relation entre patientes et médecins ».

L’an dernier, après une saison et demie, les RUBIeS deviennent le premier club Rugby-Santé de France, avec une affiliation FFR. Une convention est signée avec la Fédération, les RUBIeS peuvent désormais délivrer un certificat fédéral rugby-santé à des éducateurs sportifs intéressés par le projet. Des formations sont réalisées sur les bienfaits de l’activité physique adaptée et le projet s’agrandit, à Dijon, à Nancy, au club de Parisis dans l’île de France et très prochainement à Marseille.

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Les valeurs du rugby, loin d’être un mythe

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La réussite des RUBIeS aurait-elle été la même dans un autre sport ? Certaines mauvaises langues diront que les valeurs du rugby restent un mythe, un doux rêve au regard de sa professionnalisation et de certaines dérives. Pourtant les avis sont unanimes. Médecins comme patientes mettent en avant la richesse de ce sport, qui va plus loin qu’un simple jeu de ballon. Faire partie d’une équipe de rugby, c’est rentrer dans une famille.

[/et_pb_text][et_pb_audio audio= »https://www.le24heures.fr/wp-content/uploads/2018/12/Muriel-Valeurs-rugby-.wav » title= »Les valeurs du rugby, un mythe ?  » artist_name= »Muriel, au club depuis 2016″ _builder_version= »3.17.6″ title_font= »Khula|300|on|||||| » title_text_color= »#000000″ title_font_size= »18″ caption_font= »Khula|300|on|||||| » caption_text_color= »#00024f » caption_font_size= »11px » background_layout= »light » /][et_pb_testimonial author= »Muriel.  » _builder_version= »3.17.6″ body_text_align= »center » body_font_size= »12″ text_shadow_style= »preset4″ text_shadow_blur_strength= »2em »]

En juillet 2015, on m’a annoncé au téléphone que j’avais un cancer du sein. Quand tu es chez toi, toute seule, et qu’on t’annonce que les résultats de la biopsie ne sont pas bons, tu es vraiment toute seule. Oui oui. J’ai enchainé les traitements lourds : chimiothérapie, radiothérapie. Après le traitement, tout s’arrête : les rendez-vous, les soins réguliers. Mon quotidien tout simplement. Je n’avais plus de travail, j’ai été licencié pour inaptitude dans la restauration. Alors j’ai fait une dépression. Un jour, lors d’un rendez-vous de contrôle à l’Oncopole , Stéphanie me parle des Rubies, de cette équipe qui reprend la saison. J’ai appelé Sylvie la coach et j’ai tout de suite senti cette bienveillance. Je ne connaissais pas du tout ce sport. Aujourd’hui, je fais ma crâneuse en disant que je joue au rugby à cinq !  

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J’ai toujours adoré le rugby. J’ai grandi dans le Gers, terre de rugby. Mon frère en faisait, j’ai eu un copain qui jouait. En 2011 je suis opéré d’un cancer, on m’enlève le sein. Ce qui a été le plus dur pour moi c’est que je n’ai jamais pu avoir d’enfant, ça a été mon plus grand malheur. Quand j’ai vu les affiches pour s’inscrire, j’ai tout de suite voulu y aller. On est un petit groupe très soudé, j’appelle celles qui ne viennent plus. On a créé notre état d’esprit. 

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L’apport de l’activité physique adaptée 

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Stéphanie Motton n’est pas particulièrement amatrice de sports. Et encore moins de rugby. Pourtant, celui-ci a été dans son esprit tout de suite LA solution. Tout d’abord car c’est une activité collective qui permet de mettre de côté, le temps d’un entraînement, le quotidien souvent difficile de ces femmes, cassées par le diagnostic, puis par les traitements et enfin par l’après maladie. L’émulation du groupe joue un rôle primordial. Entre elles, elles ne parlent pas de la maladie.

« On ne parle pas du tout de notre cancer ou qu’on a été malade. On vient ici pour s’aérer, se vider la tête, voir des gens. Vivre tout simplement ! » Christiane – Mamie Nova

Cette activité quotidienne aide à reprendre confiance en soi, dans ses capacités : physiques comme morales. 

Le rugby permet également, selon Stéphanie Motton, d’améliorer la rééducation des bras grâce à la passe en arrière, principe numéro un de ce sport. Ces femmes, dont la grande majorité ont dû combattre un cancer du sein, peinent parfois à retrouver une totale mobilité.

« J’ai des douleurs comme quelqu’un de 71 ans. Mais si moi, je le fais après avoir eu un cancer gynécologique obligeant les médecins à m’ouvrir d’en dessous les seins jusqu’au pubis avec un bout de colon enlevé, tout le monde peut le faire ! De toute façon je suis obligée de venir, cela me fait du bien. Je laisse les douleurs devant la grille de la maison du rugby et je ne les récupère pas toujours à la fin en plus. » Christiane – Mamie Nova

Le cancer n’est plus aussi dramatique qu’il ne l’a été. S’il y a chaque année de plus en plus de cas déclarés, le pourcentage de survie n’a jamais été aussi fort qu’en 2018. La société doit donc prendre en charge beaucoup plus l’après-cancer. Pour cela, les pouvoirs publics ont créé il y a deux ans une nouvelle loi santé permettant grâce au décret du 30 décembre 2016 aux médecins de prescrire le sport comme un médicament. Une avancée colossale dans l’évolution des consciences collectives qui a nécessité la création d’un Vidal du Sport, médicosport-santé afin que les médecins sachent exactement quel sport prescrire et à quelle intensité.

Pourtant, certaines croyances persistent : 

« J’entends encore aujourd’hui quelques collègues dire à leurs patients : « ne faites plus rien, reposez-vous ». C’est une éducation auprès des patients, auprès de nos confrères médecins, notamment généralistes pour que les patients victimes d’une maladie grave puisse retrouver un bien-être de vie grâce au sport notamment ». Stéphanie Motton.

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L’exemple des RUBIeS est significatif. Il prouve tout d’abord que la coopération entre médecins et spécialistes du sport est possible. Que les Fédérations s’impliquent fortement dans le projet et entraînent avec eux une multitude de partenaires pour faire grandir le club. Il montre également les effets positifs de la rééducation par le sport et de l’activité physique adaptée sur les corps des patientes. Les Rubies représentent enfin une formidable leçon de vie, de courage et de persévérance. Ces femmes sont des guerrières, des « combattantes sensibles ». Des joueuses de rugby, tout simplement.  

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Je remercie chaleureusement toute l’équipe des Rubies de m’avoir accueilli avec autant de bienveillance et de gentillesse. Je suis également très reconnaissant à l’égard de Stéphanie Motton pour le temps qu’elle m’a accordé.  Merci aussi à Richard Lopez et à Olea Medical pour certaines images. J’ai enfin une pensée émue pour Jacques Verdier, grand monsieur du journalisme sportif, ancien rédacteur en chef du Midi Olympique qui nous a quittés et qui m’a donné envie de faire ce métier étant plus jeune. 

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