Aider les plus démunis, telle est la mission première des Restos du Coeur. Mais pour les personnes ayant besoin de cette solidarité pour vivre, la démarche n’est pas toujours aisée, certaines préférant même y renoncer.
Des repas chauds gratuits
Dans le département de la Haute-Garonne, la solidarité est de mise avec des dizaines d’associations d’aides aux personnes. L’une des plus célèbres de France, Les Restaurants du Coeur est très investie sur ce territoire, avec 38 centres et plus de 1 400 bénévoles. Pourtant, malgré ce nombre conséquent de personnes cette solidarité n’est pas toujours simple à gérer notamment avec une quantité croissante d’étudiants dans le besoin. »Toulouse compte plus de 60 000 étudiants et de plus en plus ont des difficultés, particulièrement pour se nourrir », explique Mireille Decroix, présidente des Restos du Coeur en Haute-Garonne. »Évidemment tous n’ont pas besoin de notre aide, mais rien que sur le centre de distribution où je suis, une centaine viennent régulièrement ». Pour optimiser les possibilités d’aides, le centre ouvre une fois par semaine à des horaires tardives, entre 18 et 20 heures. Les étudiants et certains travailleurs précaires ne peuvent venir avant.
Autre solution possible, trois camions viennent tous les soirs à la Médiathèque, au Grand-Rond et Héraclès afin d’offrir des repas. Tout le monde peut en bénéficier, contrairement aux autres aides proposées, et c’est l’occasion pour les sans domicile fixe, mais aussi pour des seniors, des réfugiés et parfois même des étudiants de profiter d’un repas chaud. »Il faut comprendre qu’aller au camion, c’est reconnaître que l’on est dans le besoin, il n’y a pas d’envie, mais c’est une nécessité », poursuit Mireille Decroix. Pour beaucoup, le fait même de demander de l’aide à l’association est une épreuve, mais les situations de vie ne laissent pas toujours place au choix.
« J’ai dû me résoudre à aller aux Restos du Coeur pour manger »
»J’avais des gros problèmes financiers, il y a les courses qui me coûtent beaucoup d’argent. J’ai entendu parler des Restos du Coeur alors je suis allé voir l’assistante sociale pour en savoir plus et elle m’a fourni une feuille pour bénéficier des aides de l’association ainsi que de l’épicerie de l’université, » raconte Mohamed, 23 ans, étudiant en master à Toulouse. Une situation pas toujours facile à vivre pour lui. Et c’est pareil pour Margaux, 20 ans. »Au début, je me sentais mal, j’ai beaucoup hésité, mais à un moment donné, je n’avais plus le choix. Déjà endetté et sans rentrée d’argent possible, j’ai dû me résoudre à aller aux Restos du Coeur pour manger, tout simplement », raconte-t-elle. Une situation partagée par beaucoup d’autres étudiants, mais qui est aussi le cas de travailleur ne parvenant pas à joindre les deux bouts.
Quand leur situation financière ne permet plus payer un loyer, certaines personnes, parfois avec un (voire plusieurs) travail(s), sont contraintes de vivre dans la rue. Pour ces gens-là aussi, les bénévoles des Restos du Coeur s’investissent. Du fait de l’isolement lié à la rue, certains ne demandent pas d’aide et tentent de survivre. C’est là qu’interviennent les équipes de maraude. Par groupe, des bénévoles vont à la rencontre des plus démunies pour leur proposer un soutien, de la nourriture ou encore des vêtements. « Nous travaillons avec le 115 notamment qu’il nous signale des personnes dont la situation est très complexe voire extrême afin qu’on leur vienne en aide », indique Mireille Decroix. « Pour faire la maraude, il faut avoir le cœur bien accroché, ce n’est vraiment pas facile », précise-t-elle. Effectivement, ces bénévoles sont amenés par exemple à se rendre dans des squats pour aider au mieux ces personnes parfois désespérées et qui possèdent souvent « des histoires aussi complexes que dramatiques ». Mais la véritable problématique pour l’association est de trouver des dons, alimentaires et financiers, pour poursuivre cette aide aux personnes dans le besoin si importante, notamment en cette période hivernale. Et pour cela, le concert des Enfoirés, qui se tiendra cette année à Toulouse à partir de mercredi, est une véritable bouffée d’air frais pour l’association.