Aux Ponts Jumeaux, à l’entrée de Toulouse, se situe le skatepark le plus connu et le plus fréquenté de la ville. Réaménagé en 2013, il propose une surface de 1400 mètres carrés alternant entre une partie bol et une partie « street » (rampes, marches et autres modules rappelant le skate que l’on pratique dans la rue).
Entre histoires de glisses et rencontres surprenantes, voici ce que quelques heures au skatepark de Ponts Jumeaux réservent aux curieux.
Une après-midi calme
Accompagné d’une météo qui alterne entre nuages et éclaircies, il est 15h lorsque j’arrive à trouver le skatepark, enclavé entre le périphérique et le canal de Brienne.
La route difficile à cerner éloigne un peu plus le lieu des passants mais pas des passionnés qui se retrouvent ici pour s’exprimer sur le béton lisse.
Ce jour-là, un groupe d’étudiants du lycée St-Sernin profite de son emploi du temps plutôt clément enfin d’entamer une session de ride mêlant figure de skates, allers-retours en roller et bruit des casques cognant le sol.
Pour eux, ces après-midis permettent d’allier « les sensations qu’on retrouve par exemple au ski ou au surf » tout en permettant d’avoir « un lieu pour être avec ses potes après les cours où personne nous prend la tête et où on fait pas mal de rencontres ».
Justement, entre les applaudissements pour une figure réussie et les réactions craintives pour une qui l’est moins, il ne faut pas longtemps avant que les riders échangent leur premières discussions, bières ou joints pour les plus âgés.
Dans une ambiance plus que détendue, les débutants essaient de s’inspirer des plus expérimentés en faisant crisser les rampes de métal, même si « c’est vraiment un jour très calme pour ce park » selon Bastien, 26 ans, qui skate depuis 7 ans. Habitué du lieu, il affirme que la fréquentation est réduite en hiver dû à une grande proximité avec le canal qui impose une certaine humidité mais surtout à cause de la nuit qui tombe très tôt sur une infrastructure n’étant pas éclairée par la mairie qui a fait ce choix afin d’éviter les squats.
Des anecdotes sur ce béton il en a des dizaines, comme la journée où le rappeur Lomepal est venu skater avant son concert le soir même au Bikini ou encore l’histoire de Seb Simon, un skateur originaire de la Réunion qui a grandit à Toulouse et développé son art sur ce skatepark avant de passer pro et de par exemple décrocher la seconde place du championnat de France de skate à Lille.
Avant de fuir la nuit qui s’installe, Bastien me parle du magasin Okla à Toulouse, endroit où il se fournit en planches et matériel. Une boutique de skaters pour les skaters, Ponts Jumeaux doit être une seconde maison pour les employés du magasin, je décide donc de quitter le bol.
« Tout le monde passe par ici »
Arrivé au 4 Rue des Puits Clos, j’entame une discussion avec Ninon, originaire de Castres qui travaille à Okla depuis quelques mois. Tout en collant les stickers de Noël à la vitrine, elle me raconte ses débuts en skate à Ponts Jumeaux il y a un an et demi.
Après m’avoir expliqué que la boutique habille une grande partie des skateurs toulousains, elle me conseille d’entrer parler à Redel, « une mine d’or concernant le skate toulousain ». Travaillant dans la partie « planches et roues » de Okla, ce trentenaire me raconte ses débuts au skate, il y a 16 ans, en compagnie d’un certain Seb Simon …
Ses premières années se sont essentiellement déroulées dans la rue : « le street c’est ce qu’il y a de mieux, on suivait les plus âgés et on skatait sur tous ce que l’urbanisme nous offrait. Il n’y a rien de mieux pour la créativité, et en plus ça rendait mieux sur les photos et vidéos qu’on faisait ! ». Depuis bientôt 6 ans et le réaménagement du site, il fréquente souvent le skatepark de Ponts Jumeaux et apprécie particulièrement la mixité du lieu : « c’est trop bien, à Ponts Jumeaux tout le monde est mélangé. Avant quand j’avais 18 ans j’aurai probablement haïs les BMX et les enfants en trotinette qui venaient nous gâcher notre plaisir, mais maintenant avec du recul c’est juste génial de voir notre discipline s’ouvrir à tous malgré le fait que le style et la mentalité du vrai skater reste particulière je l’avoue, mais comme celles du footeux ou du rugbyman». L’infrastructure est pour lui vraiment optimisée, évitant même les collisions entre les pratiquants « pour moi les gens qui se plaignent de ce park ce sont ceux qui ne skatent pas ou ceux qui ont trop regardé de vidéos américaines et pensent qu’on va avoir des plazas à 800 000 euros ! C’est pas un sport national ici, on peine même à dépasser le « ah mais t’as trente ans et tu joues encore à ça ?». Avant de partir, il me glisse dans la poche des stickers de sa marque de vêtements LostBoys qui est vendue ici, au shop, et qui commence à sponsoriser des skateurs de renoms.
En repartant d’Okla, j’ai la confirmation de ce que j’avais tiré de mon après-midi au skatepark : Ponts Jumeaux et réellement un lieu de partage pour les amoureux de skate, BMX, rollers ou autres trotinettes. Des jeunes débutants jusqu’aux trentenaires expérimentés, c’est certainement le rendez-vous incontournable des sports de glisse urbaine et de ces après-midis à l’esprit si détendu.
ALIDIERES Thomas