Travailler pendant ses études est-il un tremplin vers l’autonomie ou un frein à la réussite ? Face à la précarité grandissante, le débat divise.
De plus en plus d’étudiants occupent un emploi pour subvenir à leurs besoins. « Certains deviennent précaires car ils perdent leurs aides », alerte Agathe Cordahi, vice-présidente étudiante du Crous en Occitanie. Elle dénonce une situation injuste : « Les études sont déjà un travail, les étudiants ne devraient pas avoir à travailler ». Elle défend l’instauration d’un revenu universitaire et une refonte du système des bourses.
Tous les jobs ne se valent pas
L’UNI, syndicat étudiant de droite, a une vision opposée. « Travailler forge des qualités essentielles comme la rigueur et l’ambition », affirme Chloé Saint-Albin, responsable de l’UNI Toulouse. Elle cite l’exemple d’une militante qui cumule 18 heures de travail par semaine avec une licence de droit réussie.
Certains emplois sont particulièrement contraignants, comme la restauration rapide ou la grande distribution. D’autres, comme le babysitting, sont plus adaptés. « Ce travail est flexible et permet un contact humain, contrairement à d’autres emplois », explique une représentante de l’agence Kinougarde à Toulouse. L’agence recrute surtout des étudiants après un entretien pour garantir la sécurité des enfants.
Des aides insuffisantes ?
Le Crous propose diverses aides (bourses, repas à 1 euro, aides d’urgence), mais Agathe Cordahi déplore un manque de moyens. « Il n’y a pas vraiment de soutien moral institutionnel, c’est entre étudiants qu’on s’entraide », souligne-t-elle.
L’UNI critique aussi le système actuel, mais pour d’autres raisons. Il défend la création d’un ticket restaurant étudiant plutôt que le repas à 1 euro, jugé coûteux. Le syndicat plaide également pour une meilleure communication sur les aides et un contrôle renforcé de leur attribution.
Le Crous prône un modèle où l’État garantit des conditions de vie dignes, tandis que l’UNI valorise le travail étudiant comme une opportunité. En attendant une réforme, la précarité oblige encore trop d’étudiants à faire un choix par défaut.
Paul Sirben