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Quand le bijou raconte une histoire

Dans l’atelier de Marine Tiberi, chaque bijou est une conversation, un récit intime façonné dans le métal précieux. Fondatrice de la marque Objet de Corps, elle crée des pièces uniques, inspirées des histoires de ceux qui les porteront.

Marine ne se contente pas de façonner des bagues, des colliers ou des bracelets. Elle capture des émotions, des souvenirs, des liens invisibles entre le corps et l’objet. Lorsqu’une cliente l’a sollicitée pour transformer une tache de naissance en bijou, elle a vu au-delà d’une simple demande. Ce qui pouvait être perçu comme un défaut devenait une inspiration, un symbole de singularité. « Ce qu’elle voyait comme une imperfection était en réalité une marque unique, une identité », raconte Marine. Ainsi, elle conçoit des pièces qui ne se contentent pas de sublimer, mais qui permettent aussi de mieux s’accepter.

Son approche repose sur l’échange : « Quand je rencontre quelqu’un, on parle pendant deux heures du corps et du bijou. Par ces conversations, je crée des pièces qui aident à s’accepter. Ce qu’une personne voit comme un défaut peut être perçu autrement par d’autres. » Plus qu’un ornement, le bijou devient un message, un outil d’acceptation de soi.

La première étape du processus de création passe par la rencontre et la discussion avec une personne sur le thème du bijou et du corps. Crédit : Marine Tibéri

L’exigence du fait main

Derrière cette approche sensible et artistique, il y a aussi la rigueur d’un métier. Le bijou sur mesure demande du temps : « Quand quelqu’un me commande une pièce, c’est deux mois de fabrication », explique-t-elle. Chaque étape est minutieuse et elle prend soin d’envoyer des photos aux clients pour qu’ils comprennent le travail accompli. « Ce n’est pas de l’assemblage, c’est du façonnage à la main », insiste-t-elle. Une démarche qui demande de l’éducation auprès du public, souvent peu conscient du travail derrière une pièce artisanale.

Si l’artisanat a connu un regain d’intérêt avec la crise sanitaire, il n’en reste pas moins un secteur exigeant. Trouver un local adapté est un parcours du combattant : « Le lieu doit être accepté par les douanes, car je travaille le métal précieux », souligne Marine. De plus, la hausse des matières premières, notamment de l’or, impacte directement son activité. « Comment rester attractif quand les prix augmentent tous les jours ? Je n’ai pas la réponse à cette question », confie-t-elle.

Marine dessine chaque patron puis découpe, forme, martèle, ponce, poli, coud ou encore fond, les pièces à la main. Crédit : Lucie Ribaut

Le défi est aussi humain : partager un espace avec d’autres créateurs implique un respect mutuel. « Tous les métiers sont difficiles, c’est du temps, parfois pas de vacances. De septembre à janvier, c’est le rush », explique-t-elle. Pour elle, l’essentiel est de travailler avec des artisans qui partagent cette même conscience du travail bien fait, et surtout une bienveillance face aux défis communs.

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