Du 9 au 11 janvier 2025, le Salon Infosup a réouvert ses portes au Meet à Toulouse. De nombreux étudiants s’y renseignent non seulement sur les formations proposées, mais aussi sur les solutions mises en place face aux défis financiers qui marquent aujourd’hui la vie étudiante.
Un pôle dédié à la vie étudiante au salon Infosup
Le salon Infosup n’est pas seulement un lieu de rencontre pour les jeunes adultes désireux de choisir leur avenir professionnel, c’est aussi un moment crucial pour se confronter à des réalités économiques souvent difficiles. Les témoignages recueillis sur place illustrent cette pression financière qui pèse sur de nombreux étudiants.
Élise, étudiante en année de césure, confirme : « Je viens me renseigner sur les formations mais aussi sur les aides financières proposées et comment bien gérer mes économies. Je travaille à côté de mes études, mais cela n’est pas suffisant. » Ce sentiment de lutte constante pour joindre les deux bouts est partagé par Lucas, étudiant en droit : « J’ai la chance de bénéficier de l’aide de mes parents. Économiser ne suffit pas. » Pour lui, la gestion des finances ne concerne pas uniquement la question du logement, mais bien les dépenses quotidiennes qui deviennent vite ingérables : « Quand tu as le logement, les courses, l’école à payer… Au bout d’un moment ça part vite et ça ne suffit plus. Donc tu es obligé de te priver de sortir ou de nourriture assez chère. »
La précarité étudiante : une réalité qui s’intensifie
Les difficultés économiques sont multiples, mais elles ne se limitent pas à une question de revenus. Parfois, des événements imprévus viennent bousculer le parcours des étudiants. Comme cette jeune femme, qui raconte comment elle a vécu la fermeture d’activité de ses parents : “J’ai été contrainte d’arrêter ma formation du jour au lendemain. Ce sont des choses qui arrivent très vite et qui sont difficiles à gérer. J’espère que le salon pourra répondre à mes questions. »
Certains témoignages révèlent même des situations où l’étudiant doit faire face à un choix entre poursuivre ses études ou travailler pour survivre. « Parfois je ne pouvais pas aller en cours car j’étais obligée de travailler à côté », explique une étudiante en sociologie. ‘’Mes études ne me permettent pas de travailler à côté donc c’est très dur de gagner de l’argent. Quand je fais mes courses je me prive de plein de choses comme la viande, les produits locaux… ce n’est pas normal.’’
Les jeunes qui viennent s’informer sur des formations publiques et gratuites sont nombreux. La perspective de devoir financer une formation privée est souvent hors de portée. « Je me renseigne sur des formations publiques car je n’ai pas les moyens de me payer une formation privée », raconte une autre participante du salon.
Des initiatives pour combattre la précarité
Face à ces difficultés, plusieurs dispositifs d’aide ont été présentés aux étudiants, notamment à travers des partenariats avec des écoles et des associations. L’association Agemp, qui regroupe les BDE (bureaux des étudiants) de plusieurs écoles, rappelle que « les jeunes sont souvent considérés à tort comme des feignants, alors qu’ils sont l’avenir et qu’ils méritent de vivre dignement. » Cette association lutte contre la précarité sous diverses formes : « Nous mettons en place des distributions alimentaires, des actions contre la précarité menstruelle, et des activités pour lutter contre l’isolement social », explique une bénévole de l’association.
Des initiatives variées ont été mises en place pour alléger le quotidien des étudiants. La Région Occitanie a par exemple mis en place un stand dédié à l’accompagnement des étudiants, pour informer sur les aides financières disponibles et les possibilités de financement. Ces aides restent cependant souvent limitées pour ceux qui choisissent des formations privées, perçues comme des établissements plus lucratifs.
Les réductions sur les transports publics sont également un atout non négligeable. L’application Fairtiq, par exemple, permet aux étudiants de voyager gratuitement en fonction de leur utilisation des transports. En matière de logements, des partenariats avec des résidences étudiantes permettent de négocier des tarifs plus abordables pour les jeunes en difficulté financière.
Le dilemme entre public et privé
Si certaines écoles privées, comme TBS, bénéficient d’un soutien indirect via des partenariats avec des institutions publiques (comme la CCI), de nombreux étudiants expriment un malaise face à la distinction entre le public et le privé. Les étudiants de ces formations se voient souvent inéligibles aux aides, ce qui soulève un débat sur l’équité du système actuel.
La directrice du Campus Brassart, Chloé Cazes, déplore un manque de solutions : “Il y a une vraie scission entre le public et le privé. C’est dommage que l’on n’aide pas plus les étudiants souhaitant accéder à des écoles privées au-delà des prêts qui sont mis en place à taux zéro. On le voit aussi dans la considération des forums lycées sur les formations privées, où on n’a pas forcément le droit d’aller car ce sont les universités qui sont mises en avant.”
Un appel à plus de solidarité
Plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer la normalisation des conditions de vie difficiles des apprenants. « Ce n’est pas normal que les étudiants se nourrissent de pâtes et aient un frigo vide », souligne une des porte-parole de l’association Agemp. Ce cercle vicieux, où les bourses sont insuffisantes pour vivre dignement, soulève la question de la place des étudiants dans la société, et de l’importance d’offrir à la jeunesse les moyens de réussir sans avoir à sacrifier ses besoins essentiels.
Si la précarité étudiante reste un enjeu majeur, elle ne doit pas devenir une fatalité. Les politiques publiques, les établissements d’enseignement et les associations se mobilisent toujours plus pour garantir à chaque étudiant les moyens de réussir dans les meilleures conditions possibles.