O’CD, petite boutique nichée au cœur des Carmes à Toulouse, lutte contre l’ère du streaming. Stéphane Fontan, son propriétaire, et Raphaël Daviaud, employé, continuent d’attirer une clientèle fidèle, séduite par l’authenticité des CD, vinyles et DVD. Dans un monde où le tout-numérique règne, la boutique fait de la résistance.
« Le numérique, c’est pratique, mais ça n’a pas la même âme », confie Jean, habitué de la boutique. O’CD défie les tendances modernes, avec ses étagères remplies de vieux vinyles et de CD. Ici, le streaming et les playlists semblent bien loin. Stéphane Fontan, propriétaire de la boutique, voit chaque jour des clients de tous âges ouvrir les portes d’O’CD, souvent à la recherche de supports devenus rares en 2024. Les clients fidèles comme Jean ne viennent pas pour acheter un simple CD mais pour vivre une expérience sensorielle en écoutant de la musique. « Pour ma part, posséder un disque d’un artiste que j’aime, c’est tisser un lien presque tangible. « Écouter Queen dans ma chambre, c’est comme si le groupe venait jouer pour moi, un sentiment difficile à retrouver sur une plateforme de streaming, » poursuit-il.
Un besoin de se déconnecter du numérique
Ce besoin de connexion physique à la musique motive de nombreux passionnés avec l’idée en tête de se créer une collection. Pour ces collectionneurs, un disque n’est pas juste un objet de consommation, mais une véritable œuvre d’art à exposer et à partager. « Quand on paie pour un disque, on prend le temps de l’écouter dans son intégralité, comme une œuvre complète », explique le patron des lieux. Contrairement aux playlists de plateformes telles que Spotify et Deezer, avec les vinyles « ce n’est pas la même approche que le « shuffle » ou le zapping constant des morceaux ».
Certaines stars actuelles comprennent aussi l’importance de l’objet physique pour établir un autre lien avec leurs auditeurs. Taylor Swift, par exemple, a réenregistré ses anciens albums sous le nom de « Taylor’s Version », reprenant le contrôle de ses œuvres et renforçant l’engagement de ses fans. « Ce genre de démarche montre que, même dans l’ère numérique, le lien entre l’artiste et son public peut encore se nourrir de l’objet physique », développe Raphaël Daviaud, employé de O’CD.
Vers une disparition des supports physiques ?
Ce retour en force du vinyle auprès des jeunes générations reflète un désir de se détacher de la consommation rapide offerte. Si le streaming domine aujourd’hui, les supports physiques continuent de séduire toutes les générations en quête de nostalgie. Ce succès permet aux boutiques comme O’CD de survivre face à l’ère du numérique. Une dynamique confirmée par les chiffres : D’après la IFPI, le marché du vinyle en France a connu une forte croissance entre 2016 et 2022, passant de 1,8 million à 5,4 millions de disques vendus chaque année.
« Le vinyle et le CD ne disparaîtront pas complètement, mais ils trouveront sans doute leur place dans un monde où l’expérience d’écoute s’impose comme un choix plus réfléchi et émotionnel », conclut Stéphane FONTAN.
Corentin RICHARD