Saint-Cyprien est l’un des secteurs les plus emblématiques de Toulouse. Au cours des dernières années, le quartier a vu ses prix de l’immobilier augmenter considérablement sur le marché de l’ancien. Le prix au mètre carré a ainsi grimpé de manière significative, rendant l’achat ou la location dans le quartier beaucoup plus difficile pour les familles modestes. En septembre 2023, le mètre carré était estimé à 5 140 euros selon « Les Chiffres de l’immobilier ». Il est le deuxième quartier le plus cher, juste derrière le grand quartier Carmes/Capitole. Mais dans un contexte de crise immobilière inédit, la tendance s’inverse.
Ce lundi 4 novembre en fin d’après-midi, la place Jean Diebold connaît un fort passage. Tous ses habitants rentrent du travail ou des cours. En 2024, le quartier de Saint-Cyprien à Toulouse connaît un retournement inattendu avec une chute des prix de l’immobilier de -15%. Ce phénomène semble contradictoire avec les tendances de gentrification observées ces dernières années et cet après-midi, pose question. “Perdre -15% en un an, c’est assez impressionnant. Les tranches d’âges comme les -30 ans ou les 30-39 ans sont bien moins présentes sur le marché de l’achat. C’est pour cela qu’un quartier comme celui-là, qui en fait son cœur de marché, perd autant de valeur pour son m²”, rapporte une agente immobilière située au cœur de Saint-Cyprien. “On espère vraiment que cette chute n’aura pas d’effets négatifs sur la rénovation des bâtiments anciens pour moderniser, parce que c’est vraiment un argument qui plaît aux potentiels nouveaux jeunes acheteurs. Le quartier pourrait perdre son attrait rénové.”, explique l’agente immobilière.
Des jeunes plus présents sur le marché de la location
La rénovation du quartier a fait augmenter les loyers ces dernières années,+7% sur 5 ans. Saint-Cyprien est maintenant le dixième quartier le plus cher de Toulouse, perdant 8 places. Côte Pavée-La Hers-La Terrasse, un quartier qui avait vu ses prix augmentés grâce à sa modernisation, a pris 14% encore cette année. Si Saint-Cyprien attirait autrefois des retraités ou des habitants à revenus modestes, de plus en plus de jeunes étudiants viennent y vivre grâce aux rénovations de ses vieux bâtiments. “C’est des amis qui m’ont conseillé de venir ici quand je suis arrivé sur Toulouse parce que le quartier était vivant et étudiant”, raconte Evan, vivant depuis 3 mois dans le quartier. Il attire une population plus jeune qui loue mais n’achète que très peu. Le quartier continue de se gentrifier avec le marché de la location qui ne cesse d’augmenter. C’est en revanche un frein, cette dernière année, pour la vente, avec la manière de se loger des nouvelles générations. En général le marché toulousain de l’achat est en baisse, une première depuis plus de 5 ans.
Mila Lartigue