Au cœur des gares, les magasins Relay offrent divers services aux voyageurs : matériel informatique, tabac, boissons et snacks, livres et magazines, ou même une oreille attentive, rien ne manque. L’impact culturel de ces lieux est bien souvent trop négligé.
La gare Matabiau est un lieu bien connu des Toulousains. Pour diverses raisons, beaucoup d’entre eux ont été amenés à attendre l’arrivée de leur train. Et dans notre société actuelle où tout va très vite, ce temps d’attente devient exceptionnel, voire précieux. Tout simplement parce que, pendant un certain moment, nous n’avons rien à faire : « C’est une bonne occasion pour acheter un livre ou un magazine, parce que pour une fois les gens ont le temps », nous confie le gérant.
Les Relay : une bulle temporelle
Poussés par l’ennui, la curiosité ou l’intérêt, beaucoup de voyageurs finissent par errer dans les allées des Relay de la gare. À la recherche de quelque chose pour leur faire passer le temps, ils finissent souvent par prendre un magazine pour en lire quelques pages. « Je ne suis pas un grand lecteur, avoue un client, mais comme j’ai un peu à attendre, c’est l’occasion. J’aime le vélo, alors je feuillette quelques magazines qui en parlent. » Loin du wifi ou de la télévision pour la durée de leur voyage, les clients du Relay se rabattent souvent sur des lectures de tout type.
Inaperçus et pourtant influents
Les Relay des gares sont souvent peu remarqués, mais ils s’immiscent dans nos habitudes de voyage. À ce titre, ils participent pleinement à cette expérience particulière, marquée par l’accompagnement parfois exceptionnel de magazines et de livres. « Toutes les occasions sont bonnes pour se cultiver. Certains ont plus souvent l’occasion que d’autres, mais ici, c’est l’occasion pour tout le monde », déclare le gérant. Il semble alors que ces espaces soient de véritables lieux de rendez-vous, comme l’ont théorisé les sociologues Sophie Gravereau et Caroline Varlet, dans la sociologie des espaces. Un endroit dans lequel un certain nombre de personnes affluent quotidiennement, et où il se trouve une ouverture culturelle singulière, modifie notre perception de l’espace commun. Traverser les espaces : dynamiques spatiales et flux sociaux
Tel un kiosque, le Relay bénéficie des habitués du quartier, qui viennent chercher leurs journaux quotidiens. Jacques, un riverain, affirme que « c’est plus proche de chez moi, sans compter qu’ils sont régulièrement fournis en journaux. » Ici, la presse traditionnelle ne subit qu’une légère diminution des ventes, contrairement aux autres espaces de vente, renforçant l’idée de « bulle temporelle ».
Ainsi, discrètement, le Relay de la gare Matabiau influe sur la vie du quartier et sur la période de temps où les voyageurs se rendent jusqu’à leur destination. Ces éléments font alors de ces petits magasins un véritable lieu de culture.