Faire carrière en boxe anglaise : le parcours semé d’embûches des boxeurs

Vue du ring du Boxing Club de Blagnac, où les boxeurs locaux, amateurs et professionnels, s’entraînent au quotidien.

La visite du Boxing club de Blagnac révèle les nombreux défis auxquels sont confrontés les boxeurs pour percer en France.

Au cœur du Boxing Club de Blagnac, Mohamed Bennama, père du champion Billal Bennama, médaillé d’argent aux JO de Paris, confie : « En France, la boxe ne fonctionne pas à la méritocratie, c’est l’argent qui dirige. » Le manque de médiatisation et le désintérêt du grand public pour la boxe en France posent de réels obstacles à ceux qui veulent devenir professionnels. Contrairement aux États-Unis, où les opportunités sont plus nombreuses, les boxeurs peinent à obtenir la reconnaissance nécessaire pour vivre de leur sport. « La médaille d’argent ne suffit pas en France, il faut la médaille d’or pour se faire un nom».

Mohamed Bennama (à droite) et son boxeur Jérome Tardivel (à gauche). 

Des revenus dérisoires et une précarité persistante

Jérôme Tardivel, boxeur professionnel et chauffeur de bus, s’entraîne chaque matin, mais il a mis de côté ses ambitions de devenir champion de France, espérant plutôt devenir entraîneur au Blagnac Boxing Club. Pour concilier vie professionnelle et la boxe, il explique : « Pour réussir, il faut avoir une vie rangée, la récupération est essentielle, et mentalement, il faut canaliser son énergie. » Sa situation est similaire à celle de nombreux boxeurs, dont les revenus sont précaires et souvent insuffisants pour vivre uniquement de la boxe.

Une activité instable

Dans un article de RFI intitulé « En France, le monde de la boxe professionnelle est dans le brouillard », il est mis en avant que la crise du coronavirus a amplifié la précarité des boxeurs. Arnaud Romera, ancien président de la Ligue nationale de boxe professionnelle, souligne : « Sans combat, un boxeur ne gagne pas d’argent. » La plupart des boxeurs vivent bien en dessous du seuil de pauvreté, et l’annulation des compétitions n’a fait qu’aggraver leur situation. Cette crise met en lumière l’instabilité de cette profession, soumise à de nombreux aléas.

La concurrence du MMA et des sports collectifs

Mohamed Bennama évoque également la concurrence du MMA, qui capte une large part de l’attention médiatique ces dernières années. « Le MMA vole en partie la visibilité de la boxe », déplore-t-il. Cette discipline, plus médiatisée, complique encore davantage la médiatisation des boxeurs professionnels. Les sports collectifs comme le football et le rugby concentrent aussi la majorité des investissements, laissant la boxe dans l’ombre.

Paul Sirben.

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