7 h 30
Il fait encore nuit à Toulouse ce mardi 20 février. Les rues sont calmes. Du côté du Secours Catholique, la journée a bel et bien commencé. Cinq bénévoles sont déjà en train de s’activer. Couper du pain, préparer de la soupe, tout nettoyer. Tout est réalisé par leurs soins afin d’accueillir au mieux les bénéficiaires. Ici, le mot démunis ou sans abris n’est jamais prononcé.
8 h 30
Les portes du réacteur du Secours Catholique s’ouvrent. Tous les matins, sans exception, le petit déjeuner est servi à l’Ostalada. Les premiers bénéficiaires font la queue depuis quelques minutes. C’est Jean-Luc qui est chargé de l’accueil.
20 centimes symbolique
« C’est 20 centimes » , rappelle le bénévole présent depuis 2019. L’objectif de cette somme est « de rendre la dignité aux bénévoles », explique Andrew Nguyen, coordinateur du pôle errance.
Après avoir obtenu leur ticket, ils se dirigent directement au comptoir auprès des bénévoles afin d’être servi.
« Bonjour ! Vous allez bien ? Je vous sers quoi aujourd’hui », lancent chacun à leur tour Teva, 18 ans, Céline 17 ans et Benjamin 18 ans.
Il y a beaucoup de choix : oeuf, yaourt, café, beurre, fromage, charcuterie, viennoiserie, café, lait, thé, jus de fruit. La majeure partie de ces denrées proviennent de la Banque Alimentaire.
9 h 49
12 bénéficiaires sont actuellement attablés. « Le profil type d’un venant serait un homme de 40 à 55 ans », explique Yohan, 30 ans et bénévole depuis 4 mois au Secours catholique. Mais, ici, « on accueille tout le monde. Des jeunes, des personnes âgées, des personnes sans-abris, des voisins… », détaille Andrew Nguyen.
« Ça réchauffe le coeur à la limite d’attraper un coup de soleil »
Parmi eux, on retrouve Claude, le poète et le blagueur, et Lucrecia, une bénéficiaire brésilienne de 50 ans.
« Les gens pensent que tout ceux qui viennent ici sont des clochards, alors que non, appuie la cinquantenaire. Je viens ici pour manger et rencontrer les gens. Mais pas tout le monde. »
Lucrecia a perdu beaucoup de choses dans sa vie depuis 2 mois. Mais avec elle, toujours son fidèle compagnon Jacko. Mais pas que. Elle vient accompagnée de son ami Claude, retraité. « L’accueil chaleureux. Ça réchauffe le cœur à la limite d’attraper un coup de soleil, blague-t-il. On ressort d’ici avec beaucoup de courage. Ça fait remonter le mental sans s’accrocher à un porte manteaux. »
L’échange et l’écoute sont les plus importants
En plus de leur servir de la nourriture, les bénévoles ont un objectif commun : l’échange et l’écoute avec les bénéficiaires. « Ce sont des êtres humains. Ils ont besoin d’un échange », ajoute Yohan.
Comme de nombreuses personnes, Céline, 17 ans et Benjamin, 18 ans, avaient des aprioris sur les personnes démunies. « J’avais une idée déjà faite, comme quoi ils sont tous violents. Je n’osais pas sauter le pas et leur adresser la parole. En venant ici, je suis devenue plus sociable », raconte la lycéenne. En échangeant avec les démunis, ils ont beaucoup appris sur eux et leur façon de penser ont évolué. « En seulement 24 heures dans cette association, j’ai changé ma vision du monde et de ces gens », confie Benjamin.
10 h 30
Le nombre de bénéficiaires qui passent ne cesse d’augmenter. La salle est bruyante. Mais certaines phrases sortent du lot. « De la confiture ? » ; « Un ou deux sucres ? » ; « Vous voulez du riz ? »
Mais, il ne faut pas oublier que le Secours catholique est une association religieuse au départ. « À 10h30, c’est le temps spirituel. Une religieuse vient passer un temps avec nous afin de parler autour de la religion avec ceux qui sont croyants », se réjouit Monique, retraité et bénévole depuis 8 ans. Aujourd’hui, ils étaient à peine six.
11 h 25
Le silence est revenu petit à petit. Tous les bénéficiaires sont partis le ventre rempli, pour le moment. « Ils étaient 84 aujourd’hui ; 89 hier ; et près de 120 il y a 2 ans », se remémore Jean-Luc à l’accueil. Mais combien seront-ils demain ?