Nous avons désormais la liste des nombreux secrétaires d’états et ministre délégués, censés alléger les très gros ministères comme celui de l’Éducation nationale, du Sport, de la Jeunesse et des Jeux Olympiques ou Paralympiques. Qui sont les petits nouveaux, quelle va être la nouvelle dynamique ? Je t’explique tout.
Alors tu t’en doutes, il y a beaucoup de (quasi) inconnus au bataillon mais ne t’en fais pas, je suis là pour te les faire découvrir.
(Pour rien te cacher, ça fait trois que mon article a été repoussé mais ça y est, le voilà.)
Un goût de majorité
Le gouvernement resserré de Gabriel Attal a quand même des allures de virage à droite. Sur les 14 ministres nommés, 6 sont passés par l’UMP – LR. Ok, Emmanuel Macron et Gabriel Attal réfutent toute affiliation avec la droite, mais ils ne trompent personne, et encore moins la majorité relative.
Pour Édouard Philippe (Horizons) et François Bayrou (MoDem), cette version du gouvernement manque de membres de leurs partis. Ainsi, afin de ne pas froisser ses alliés et pour maintenir un équilibre précaire au sein de la majorité, le Premier ministre a donc fait appel aux troupes philippistes et bayrouistes pour venir garnir le gouvernement.
On peut évidemment parler de François Bayrou qui, tout juste relaxé d’une affaire de détournements de fonds*, était pressenti pour prendre la succession à l’Éducation nationale d’une Amélie Oudéa-Castéra plombée par les polémiques qu’elle a elle-même créées. Toutefois, suite à une réunion avec l’exécutif, le président du MoDem a rejeté l’idée d’être dans ce gouvernement déplorant l’absence « d’accord profond sur la politique à suivre ». L’ancien ministre de la Justice a annoncé que celle qui été sa remplaçante, Nicole Belloubet, devient ministre de l’Éducation nationale. Amélie Oudéa-Castéra se voit donc rétrogradée et prend en charge les Jeux Olympiques et Paralympiques, un ministère à durée déterminée. Un moyen pour le duo Macron – Attal de la mettre progressivement de côté.
*le parquet vient d’annoncer vouloir faire appel de la relaxe de François Bayrou
Cependant, malgré ce profond désaccord, le MoDem pouvait toutefois intégrer le gouvernement, la décision de François Bayrou semble n’être que celle de ce dernier, et non celle de son parti. Déjà bien en poste à l’agriculture, Marc Fresneau est rejoint par Marina Ferrari, chargée du Numérique.
Du côté d’Horizons, la présence de Christophe Béchu à la Transition Écologique (tu sais, le ministre qui fait Metz-Paris en avion) est déjà une victoire en soi. Mais l’ancien Premier ministre Édouard Philippe voit plus grand. L’ancien maire du Havre a poussé pour que Frédéric Valletoux soit nommé ministre délégué du Travail, de la Santé et des Solidarités, chargé de la Santé et de la Prévention.
Virage à droite
Contrairement à la première vague du remaniement, pas de nouveaux ministres fillonistes font leur entrée au gouvernement. Le duo à la tête de l’exécutif a préféré s’appuyer sur sa base en conservant certains anciens membres du précédent gouvernement comme Sabrina Agresti-Roubache (grande amie de Brigitte Macron) ou encore Chrysoula Zacharopoulou.
On peut par contre noter le départ des anciens ministres de “gauche” qu’étaient Clément Beaune ou Olivier Dussopt contrairement à Roland Lescure qui conserve son poste à l’Industrie et à l’Énergie.
L’une des entrées les plus médiatiques reste celle de Guillaume Kasbarian qui récupère un ministère (délégué) en crise avec le logement. Pourquoi un tel choix ? Et bien parce que le célèbre député à la moustache est le principal instigateur de la loi anti-squat, loi votée par la majorité et la droite.
Ce remaniement constitue une victoire pour l’aile droite de la Macronie qui n’a eu de cesse de pousser pour accentuer son poids au sein des décisions gouvernementales. Tandis que du côté de l’aile gauche, un temps avec des idées de rébellion, l’heure est au doute. Faut-il rester dans une majorité avec qui nous ne sommes pas spécialement d’accord ou constituer un nouveau groupe, un groupe de frondeurs qui n’est pas sans rappeler celui de Benoît Hamon et Arnaud Montebourg sous François Hollande et Manuel Valls. En tout cas, la classe politique attendait avec impatience de clore ce (trop) long chapitre sur le remaniement pour passer à autre chose. La majorité arrivera-t-elle à conserver les déçus comme certains députés Renaissance ou MoDem ? Seul l’avenir nous le dira.