Comment définiriez-vous un lanceur d’alerte ?
Pour moi un lanceur d’alerte, c’est quelqu’un qui se sent indigné par une situation. En tant que médecin, on voit plein de malades passés. Mais ce n’est pas pour autant que ça ne nous touche pas. Un lanceur d’alerte, c’est quelqu’un qui ne supporte plus de voir tant d’injustice et qui a besoin de mettre les preuves sous le nez du reste du monde.
Est-ce que vous vous considérez comme une lanceuse d’alerte ?
À l’origine, je ne connaissais même pas ce terme. Ce sont les médias qui ont commencé à m’appeler comme ça. Je suppose que c’est un terme plus simple pour m’identifier. Je me considère plus comme une médiatrice en fait. Je suis la personne a qui s’adresse les médias parce que je suis à l’origine des questions, mais je ne me bats pas pour moi, je me bats pour les patients qui se sont fait arnaquer par le laboratoire Servier. Je suis au service des patients, pas de la gloire.
Qu’est-ce qui vous a poussé à dénoncer le Médiator ?
Deux choses m’ont poussé à me lancer dans ce combat : la force des preuves scientifiques et l’hypocrisie du laboratoire. Quand on a publié les données scientifiques, je me suis rendu compte que l’affaire était bien plus grosse que l’impact que je voyais en Bretagne. J’avais déjà mal au cœur en pensant à ces patients et je voyais que les chiffres pourraient ébranler la confiance de ce gros laboratoire pharmaceutique. Mais je n’y serai jamais arrivée sans mes collègues, ça reste un travail de longue haleine et surtout en équipe !
Le laboratoire Servier avait déjà dû retirer un médicament du marché pour des problèmes de toxicité avec la même molécule. Après 15 ans de combat, la justice c’est enfin prononcé. Le laboratoire Servier a été condamné à 8,75 millions d’euros d’amende et doit rembourser aux organismes sociaux et mutuelles 415 millions d’euros. Jean-Philipe Seta, ancien directeur général du laboratoire à lui été condamné à 4 ans de prison dont une année ferme.