Reconstruire les relations après la phobie scolaire

L’accompagnement aux familles : une clé dans la reconstruction des relations

La phobie scolaire n’est pas une difficulté qu’une seule personne doit affronter. L’entourage y est aussi confronté. Les liens avec les proches en ressortent parfois fragilisés ou changés. Marion Barreau, psychiatre exerçant en Haute-Garonne, met en avant les méthodes de reconstruction de ces relations.

Pour la psychiatre Marion Barreau, le maître-mot lorsqu’il s’agit de reconstruire des relations après une phobie scolaire reste l’accompagnement de l’entourage. « Nous ne pouvons pas accompagner le jeune sans accompagner sa famille ». Ce suivi passe d’abord par une étape de sensibilisation auprès des parents, « en leur expliquant que leur enfant a besoin d’aide, que ce n’est pas un caprice et que ce n’est pas qu’il ne veut pas aller à l’école, mais qu’il n’y arrive pas ». Les parents seront ensuite prêts à soutenir leur enfant et à l’aider à aller mieux, comme le précise la psychiatre. Lorsque le diagnostic est posé, certains ne le comprennent pas ou ne connaissent pas la phobie scolaire et ses conséquences. Dans ces cas, les parents peuvent tomber dans le déni face à la situation ou plus simplement se sentir impuissant et ne pas savoir comment réagir.

Après la sensibilisation, vient le moment d’aider les familles à déculpabiliser. Il est important de leur rappeler que c’est le cadre scolaire qui effraie leur enfant et qu’ils ne sont en aucun cas responsable de sa phobie scolaire. Ils seront peut-être confrontés à ce genre de pensées mais c’est inacceptable pour la docteure. « Effectivement, les établissements scolaires ont tendance à faire culpabiliser les parents ».

Oublier les jugements et se concentrer sur son enfant

Au-delà des remarques de l’école, les familles peuvent rencontrer des difficultés au sein de leur propre cercle social. Affronter le regard des autres n’est simple pour personne et il faut parfois faire face à des jugements éducatifs de la part d’autres parents de l’entourage. « Les gens n’ont pas conscience de ce qu’il peut arriver et de ce que peut représenter une phobie scolaire ».
Marion Barreau explique que les familles pourraient être confrontées à des remarques comme « tu es trop permissive » ou « tu n’as qu’à le forcer un peu et il ira à l’école ». Il faut alors combattre cette peur du jugement pour permettre à l’enfant d’aller mieux. Cette incompréhension du cercle social peut être encore plus marquée lorsque l’enfant en phobie scolaire est différent des autres et a par exemple un handicap invisible (HPI, Trouble du Spectre Autistique…). Le parent ne doit pas se sentir rejeté, dans une période où il ressent déjà de l’impuissance. Ces situations peuvent faire grandir les tensions intra-familiales.

Pour reconstruire le lien, Marion Barreau privilégie le dialogue : « dans ce genre de cas, il faut expliquer aux gens ce qu’il se passe. Sinon, il faut tout simplement dire aux parents que chacun a sa vie et le jugement ne doit pas les faire culpabiliser ».

Parler pour mieux se retrouver

Le dialogue intrafamilial est essentiel dans une famille impactée par la phobie scolaire. Les psychiatres mettent souvent en place des « entretiens de famille […] pour que chacun puisse exprimer ses propres angoisses ». En libérant la parole, chacun partage ses propres difficultés et ses ressentis dans le but de trouver une solution commune. « Il y a la petite sœur qui dit : « pourquoi j’irai au collège si mon frère ne va pas au lycée » et puis il y a des parents qui disent : « et bien écoute, tu vas te bouger »… ». Si des temps d’échanges ne sont pas organisés, certains conflits ne pourraient jamais être réglés. « Une phobie scolaire ça impacte tous les proches » rappelle Marion Barreau. Il faut accompagner l’ensemble de la famille pour aider un enfant à dépasser sa phobie scolaire et envisager un retour en scolarisation progressif.

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