Depuis son retour officiel en 2012, le loup fait de nombreuses victimes. Les animaux et les éleveurs sont en première ligne face à ce prédateur. Pour chaque perte, l’État dédommage les agriculteurs. Il propose également des aides pour aider les propriétaires de troupeaux à lutter face au loup. Mais ses solutions paraissent, aux principaux concernés, inefficaces.
Pour les éleveurs, perdre des bêtes est une épreuve. Que ce soit émotionnellement ou économiquement une perte a de grosses conséquences. En 2021, d’après la fédération nationale ovine, 34 millions d’euros sont dépensés pour dédommager toutes les victimes de la prédation du loup. Malheureusement le coût de la perte d’une bête pour un éleveur est difficilement calculable. Le montant de la perte doit être estimé avec ce que l’éleveur à investi dans ses ovins (nourriture, soins…) ainsi que ce qu’il aurait pû recevoir d’eux. Il aurait pû vendre la viande ou les agneaux que l’animal aurait pu donner. Pour pallier ces pertes, le gouvernement propose des indemnisations.
Un barème a été établi qui détermine la somme perçue par l’éleveur. Pour une bête perdue lors d’une attaque de loup le montant versé à l’éleveur peut varier de 58 euros à 720.
Pour les propriétaires de troupeaux, il y a un vrai attachement qui malheureusement ne pourra jamais être compensé “Il y a des choses qui ne s’achètent pas. Ce sont eux qui nous font vivre alors on est forcément attaché” a déclaré Mikaël Tichit, éleveur d’ovin en Lozère. Ce dernier déplore le peu d’aide que lui apporte l’État. “Le coût de l’entretien est énorme comparé à l’indemnisation, les frais vétérinaires ou la nourriture. On investit beaucoup dans nos animaux”.
Point de vue partagé par Manoël Attman président et représentant de l’association Alliance pour les loups. Il déclare lui aussi “les aides pour les éleveurs sont insuffisantes”. Pourtant positionné “pro loup”, le président reconnaît que l’État ne dédommage pas assez les victimes de la prédation du loup.
De son côté la DDT, direction départementale des territoires, affirme “les aides sont estimées pour compenser les pertes”.
D’après Mikael Tichit, “chaque attaque a des conséquences terribles sur les animaux”. Certaines bêtes ne meurent pas lors d’une attaque. Les blessures sont pourtant parfois graves. L’état rembourse les frais d’euthanasie ainsi que les soins apportés aux animaux par l’éleveur ou un soigneur de 100 euros forfaitaires.
Des solutions aux effets contrastés
Des solutions sont néanmoins proposées face aux attaques. L’État met en place des aides dont L’aide à la protection des exploitations et des troupeaux contre la prédation par le loup et l’ours. Elle a pour objectif d’aider les exploitants à s’adapter à la présence de ces prédateurs. Elle consiste notamment, à accompagner financièrement les éleveurs lors de l’achat de patou (chien de protection), de clôture électrifiée ou encore de leur fournir un gardiennage renforcé.
Toutes ces mesures sont, une grande partie, financées par le gouvernement environ 80 à 100%.
Malgré tout, Mikaël Tichit trouve ses mesures inefficaces. Les bêtes doivent rester dehors pour pâturer la nuit, ce qui est impossible avec le loup ou les solutions proposées. Les ovins et les patous souffrent après chaque attaque de stress post-traumatique. Ces chiens de protection sont d’ailleurs la plupart du temps peu dressés et peuvent être dangereux pour les passants ou d’autres animaux. À cause de toutes ces mesures l’éleveur assure “on entraîne le loup. Il devient meilleur pour contourner ce qu’on met en place”. Pourtant d’après la DDT le nombre de bêtes tuées après chaque attaque à drastiquement diminué.
Ces mesures sont jugées “inutiles, insuffisantes” par la plupart des éleveurs et collectifs agricoles. La seule qui serait vraiment efficace d’après Mikael Tichit et Maria Baret, serait de mettre les animaux en batterie. Mais ce système n’est en aucun cas compatible avec une agriculture pastoraliste et respectueuse de l’environnement.
Julie Nemeth