Dans une étude des chercheurs d’Oxford publiée en juillet 2022, les habitudes de plus de 40 000 « gamers » ont été analysées. Sur les joueurs qui passent en moyenne une heure par jour sur les jeux vidéos, aucunes données ne sont réellement probantes. Quand ils jouent pour le plaisir, le mental des joueurs ne s’en trouvent pas affecté. Ce qui est intéressant en revanche, c’est lorsque que le joueur joue par habitude (addiction) ou simplement par ennui, sa santé mentale pourrait être dégradée.
Les chercheurs ajoutent aussi plusieurs précisions « Dans le négatif ou le positif, les effets sur de courtes durées de pratiques des joueurs n’existent pas ou sont très faibles, il faudrait d’autres données pour déterminer ces risques sur le long terme. En revanche, nous pouvons sentir un impact sur le bien-être des joueurs s’ils passaient plus de 10 heures par jour à jouer« .
Mais alors qu’en-est-il vraiment ? Les jeunes se développent-ils plus ou moins bien que certains jeunes qui grandissent sans la présence de jeux vidéo ?
Malgré le fait que l’addiction aux jeux-vidéos est reconnue par l’OMS, cette situation est à nuancer car pour l’heure, trop peu de données et de preuves des impacts de cette addiction sur le long terme sont apportés. Ces impacts permettraient d’élaborer des lois sur la restriction de la pratique du jeu-vidéo.
Pour Michel Latui, psychologue de l’enfance, le risque se situe surtout sur le temps passé devant l’écran « Je pense que le développement de l’enfant peut se faire à travers un écran, mais à petite dose. On voit souvent des parents amener les enfants car ils trouvent que leurs enfants souffrent d’un trouble de l’attention. Mais je leur explique que ce ne sont pas les jeux-vidéo qui créer ce disfonctionnement. Dans un monde de plus en plus connecté, les jeunes parents ont souvent tendance à vivre avec leur téléphone, ce qui impacte l’enfant. Dès la petite enfance, ils sont plongés dans ce monde virtuel. Je ne dirai pas que les jeux-vidéos sont néfastes, mais que la surconsommation des écrans par les plus jeunes l’est ».
Apprendre à gérer ses émotions
Au-delà des risques liés au risque d’une consommation excessive des écrans, la plupart des jeunes se construisent à cette période. Un besoin nécessaire de montrer au monde qu’ils existent. Le principal risque est situé sur la gestion des émotions lorsque l’on joue. Le bonheur, la tristesse, la colère, la frustration sont des émotions qui sont parfois démesurées dans cette période de l’adolescence. « Tout dépend à quel jeu nous jouons. Il y a une forme de toxicité ambiante parfois sur les jeux en ligne, que vous ne trouvez pas dans les jeux à jouer tout seul. Hormis la frustration, je pense que jouer à un jeu seul est parfois bénéfique. Sur nos réflexes, notre réflexion, et sur le fait de se détendre après une épreuve épuisante. J’utilise le jeu-vidéo comme un moyen de m’apaiser après une journée éprouvante au lycée » s’exprime Lucas, 17 ans.
Pour Yannick 19 ans, qui ne joue qu’aux jeux en ligne, gérer ses émotions est parfois plus compliqué : « J’essaye de prendre du recul sur les moments que je passe sur les jeux-vidéos, car parfois j’imagine la scène vue à la 3ème personne et c’est lunaire. Je rage, ça m’énerve de perdre. On est constamment en compétition sur un jeu en ligne, notre but est tout le temps d’aller plus haut. Oui je pense qu’il y a une addiction quand on joue trop, et il faut parfois faire des cures. Jamais ça ne m’arrive d’être sur le PC 6/7 heures d’affilées, mais c’est très chronophage ».
Les jeux-vidéo, bons pour le développement cognitif et social
Le psychiatre Serge Tisseron, qui a développé plusieurs études de l’impact des jeux-vidéos sur le développement cognitif des plus jeunes en vient à une seule conclusion « les jeux-vidéo améliorent la mémoire de travail et augmentent le contrôlent de l’inhibition. On essaye de résoudre les problèmes de la même façon qu’un jeu-vidéo lorsque nous étudions les enfants avec des problèmes ».
La plupart des jeux-vidéos, n’ont donc pas pour but de développer l’intelligence, mais développer les performances cognitives, qui engendrent de meilleures performances dans ce qu’entreprend l’enfant.
La corrélation entre la santé mentale et les jeux-vidéos s’explique surtout sur des périodes d’isolement, notamment pendant le covid, car les parties en ligne permettaient de rapprocher les groupes d’amis entre eux, mais également de se sentir en lien avec les gens qui jouaient au même jeu.
Il existe aussi des jeux dont le but est de stimuler la concentration ou l’esprit d’analyse, comme Professeur Layton ou Animal Crossing. Ces jeux sont l’exemple parfait qu’ils n’existent pas de jeux uniquement violents, ou qui n’apportent rien.