Apparu en France dans les années 60, le karting est une discipline qui compte 15 000 licenciés répartis sur les 149 circuits et clubs de métropole. Il se pratique de deux façons différentes : en loisir, ouvert à tous, et en compétition.
Dans le deuxième cas, le parcours d’un jeune pilote commence très souvent l’année de ses 7 ans, lorsqu’il rentre en école de pilotage. Dès l’âge de 8 ans, le pilote peut entrer en compétition s’il le souhaite. Les catégories de courses seront ainsi définies en fonction de l’âge et de la puissance du kart. Dès l’âge de 15 ans, on parle de pilote “adulte” : il peut ainsi prétendre à une catégorie de karts plus puissants.
Pour entrer en compétition, il est fortement conseillé de se rapprocher d’une Association Sportive de Karting. En Occitanie, les 650 se partagent entre les 5 ASK. Près de Toulouse, l’ASK 31 a depuis longtemps investi les locaux du karting de Muret (31). Éric Massat, propriétaire du circuit et Président de l’ASK 31, se félicite de la réussite de son association “À nous seuls, ont a plus de 40 % des licenciés de la région”.
La clé : l’accompagnement
Le karting de Muret accueille aussi la Junior Kart Academy. Depuis plus de 10 ans, l’école de pilotage propose un programme calqué sur l’année scolaire pour accompagner les pilotes dans leur entrée dans le sport. De septembre à juin, les “pitchouns” profitent de 2 h de briefing et de roulage sur piste à bord de kart 4 temps pour les loisirs et de kart 2 temps pour la compétition, tous les samedis matin. Pour Priscilla Fernandez, responsable de la Junior Kart Academy, le passage par l’école de karting est une bonne première étape “Ça permet aux enfants de se familiariser avec le pilotage et d’avoir un vrai encadrement régulier, ce qu’ils n’auraient pas s’ils se lançaient seuls en loisir !”.
Pour les plus courageux souhaitant se lancer en compétition, il est également conseillé de se tourner vers un team (= écurie). En partenariat avec la Junior Kart Academy, 2DK est l’un des nombreux “team” de la région. Présent également sur le circuit de Muret, Didier Darfeuille, son fondateur, propose depuis 2013 l’assistance et l’accompagnement des pilotes, de même que l’essai de kart de compétition à tous les débutants. Selon Didier, il est important de se rappeler que “c’est l’enfant qui choisit de continuer dans le karting !”.
2DK se concentre essentiellement sur du coaching pilotage, mais chaque team fait à sa manière “Chacun à sa méthode, la nôtre, c’est de faire rouler un maximum pour qu’ils acquièrent de l’expérience”.
Aujourd’hui, le team accompagne une quinzaine de jeunes entre 8-12 ans (la majorité en compétition), sur le circuit de Muret, mais aussi lors des différentes compétitions partout en France. Parmi les prestations, 2DK propose notamment le transport, l’entretien et les services d’un mécanicien lors des déplacements “Pas tout le monde peut profiter d’un papa, d’un oncle, d’un ami qui a un garage ou qui s’y connaît. Ça fait aussi partie du sport, c’était important pour nous de le proposer”.
L’argent, l’ombre noire au tableau
Mais pratiquer ce sport à un certain coût. En moyenne, une saison de karting en compétition peut coûter entre 3 000 et 4 000€. Sont comptés le kart, la combinaison, les chaussures, le casque, les éléments mécaniques, la peinture, la licence FFSA (Fédération Française du Sport Automobile), le droit de piste, l’entretien, etc.
Chez Junior Karting Academy, Priscilla et son équipe tentent de “rendre le milieu plus accessible : chaque mois, les pilotes dépensent 120 € pour pouvoir piloter les karts mis à disposition sur le circuit de Muret. À l’année, cela leur fait 1080 €. C’est en moyenne 7 à 8 fois plus cher qu’une saison en club de football ou en basket.
Mais ce coût élevé s’explique notamment par le besoin d’entretien des karts “Il faut garder en tête que ce sont des mini voitures, avec des pneumatiques qu’il faut changer régulièrement, une direction et des plaquettes de frein à surveiller de près, etc : toutes ces pièces ont un prix et il faut bien rémunérer le mécanicien aussi !” insiste Didier Darfeuille. Ce dernier conseille d’ailleurs à tous ceux qui le peuvent d’acheter leur propre kart, la location étant très onéreuse en club.
Bien malheureusement, le talent ne suffit pas dans le monde du karting “l’argent à son rôle à jouer dans ce sport : c’est pas le meilleur qui gagne”, précise Priscilla. “Les ambitions de chacun les emmènent plus loin : investissement, sérieux de l’enfant, etc. Dans le kart, il n’y a rien à gagner généralement, il ne faut pas faire du kart pour être riche : il faut déjà avoir les sous d’ailleurs !”
Certains sont d’ailleurs contraints d’abandonner par manque de moyen. C’est le cas pour Paul-Adrien Pallot. À l’âge de 6 ans et demi, il commence le karting par passion, transmise par son papa, lui aussi pilote loisir. Très vite, Paul-Adrien gravit les échelons, et atterrit en Formule 4, catégorie qui lui permet de concourir aux championnats français et espagnols. Mais voilà, alors qu’il cumule les pôles positions et les victoires, les propositions de places en championnats et en team continue d’affluer, mais pas les propositions de sponsors, “Sans eux, je ne peux pas me permettre de concourir”. Résultat, Paul-Adrien a été contraint d’abandonner sa carrière en compétition l’année dernière “Je ne sais pas si je réussirais à trouver assez de sponsors pour la saison prochaine, j’y travaille ! J’aimerais beaucoup reprendre, mais tout dépendra”.
Un rite de passage presque obligatoire
Malgré tout, le karting reste la première étape dans le sport automobile. Que l’on choisisse de poursuivre en monoplace, ou non “Normalement, ceux qui commencent en kart poursuivent surtout sur circuit, mais on en retrouve aussi en rallye, c’est moins onéreux”, précise Didier Darfeuille. Le karting permet à tous ces pratiquants d’apprendre les techniques de pilotage sur circuit, la stratégie de courses, adopter les attitudes et appréhender la vitesse. Pour Paul-Adrien, le karting “c’est l’auto-école du sport auto”. Quand on lui pose d’ailleurs la question de ce que ça fait d’être dans un kart, a plus de 40 km/h, à seulement 7 ans, Paul-Adrien ne se dit pas impressionné “On est tellement excité à l’idée de rouler, on se sent libre !” La vitesse ne se sent pas forcément à 6 ans, on ne se rend pas forcément compte”.
Pour information, tous les pilotes que l’on retrouve sur la grille 2023/24 du championnat Formule 1 ont commencé leur carrière en karting, sans exception.