Un succès inattendu. Ce samedi 4 février, la salle de spectacle de la Maison des Jeunes et de la Culture Roguet (MJC) a reçu l’atelier de lecture destiné aux enfants avec en tête d’affiche les performeuses Shanna Banana et Brandy Snap. En pleine controverse, un gros dispositif de sécurité a été mis en place pour assurer le bon déroulement de l’événement.
Initialement, l’atelier était prévu à la Médiathèque Cabanis pour le 18 février. Dans le viseur de l’extrême droite depuis mi-janvier, le groupuscule identitaire Furie française avait lancé une pétition pour interdire l’événement. Avec le soutien de la Manif Pour Tous, 5 000 signatures avaient été récoltées. Sur les réseaux sociaux, les deux artistes ont également reçu une vague de haine et d’indignation. Pour tempêter les opposants, la mairie de Toulouse a préféré « réorienter » l’atelier vers un public majeur.
Pour les deux artistes, ce nouvel atelier est une réussite au vu des difficultés rencontrées pour le mettre en place. Pour Brandy Snap, « c’est un véritable succès ! Au delà de toutes attentes, nous avons vécu un réel moment de partage, de joie et de simplicité ! ». « Ce que je retiendrais surtout, c’est ce moment de spectacle avec les enfants qui ont adoré nos histoires et aussi beaucoup nos costumes ornés de paillettes et de fleurs », ajoute Shanna Banana.
Des lectures autour des différences
Pour l’occasion, les fauteuils ont été déplacés pour accueillir un maximum de personnes. Autre mise en place inhabituelle ? Probablement les deux voitures de police, le filtrage à l’entrée et les huit agents de sécurité. La MJC, souhaitant soutenir ce projet, a tout de même misé la carte de la sécurité.
Dans la salle de spectacle, plus de 200 personnes étaient présentes, principalement des adultes. Et malgré la réorientation du public de Jean-Luc Moudenc, les mineurs ont répondu eux aussi à l’appel. La MJC a compté 50 mineurs, allant d’enfants de quelques mois aux 13-14 ans. « Il y avait même une centaine de personnes à l’extérieur venus pour nous soutenir et se mobiliser pour notre projet ! » assure Shanna.
Parmi les contes lus, des problématiques fortes et actuelles ont été abordées. Notamment celles de la discrimination, la monoparentalité, les différents handicaps, les troubles autistiques et de la confiance en soi qui touchent en particulier la jeunesse. Pour la performeuse, « ces lectures sont importantes car elles véhiculent des valeurs fondamentales pour le bien vivre ensemble. Elles permettent de mettre en lumière tout un panel de représentations dans lequel chaque enfants peut s’identifier selon les sujets abordés et, je l’espère, leur donner du courage, du soutien,de l’espoir, dans la façon de vivre leurs problèmes et/ou leur différence ». Sa collègue, Brandy, assure que « la Drag est un personnage qui appartient à la société,elle est libre et n’est pas cantonné qu’au monde de la nuit ! Ces lectures créaient de part la méditation autour du livre ,une occasion de se rencontrer avec pour but commun se rassembler , se découvrir et créer du lien ! »
Un soutien de taille
Bien qu’elles reçoivent des messages de haine quotidiennement, et en particulier depuis le lancement de leur dispositif « Les Lectures fanDragstiques » il y a 5 ans, les deux drag queens ont également baigné dans un flot de soutien. « Depuis deux semaines, nous recevons des messages d’encouragement de la part d’inconnus, de parents, de figures politiques, de médias et d’enfants qui sont déjà venu nous voir et j’espère nous revoir ! », confie celle qui se proclame comme la reine du royaume des bananes.
Bien joué les potes on lâche R
"Toulouse : plus de 200 personnes réunies lors d'un atelier de lecture pour enfants animé par des drag queens"https://t.co/tQLPiBiG6C
— Carmina (@carm_ina) February 5, 2023
Dans les stories des performeuses, on peut aussi voir les reposts des messages de remerciements de parents : « c’était trop chouette », « merci de nous avoir mis des étoiles dans les yeux », « tout mon soutien », « merci de rayonner autant », etc.
Un événement qui laisse place à un éternel débat, contre lequel les drag queens se battent. « Nous ne sommes absolument pas freinés par les provocations de haine et de violence », précise Shanna Banana. Une haine qui, selon elles, renforce la nécessité de leurs actes. « Nous nous sommes encore plus rendu compte de l’intérêt et l’urgence même de ces lectures ! Plus motivés que jamais, nous voyons bien que ce monde manque ni de haine, ni de colère et si on peut rajouter un peu d’amour et de bienveillance, nous pouvons espérer vivre dans un monde plus beau et juste pour toutes et tous ! » conclue Brandy Snap.
