Les « influvoleurs » visés par des plaintes, une première en France

Crédit photo : Alésia Kozik, Pexel
Ce lundi 23 janvier au matin, le collectif Aide aux Victimes d’Influenceurs annonçait en conférence de presse le dépôt de deux plaintes visant le projet de NFT “Animoon” et le couple d’influenceurs Marc et Nadé Blata.

Depuis le mois de juin dernier, le collectif AVI (Aide aux Victimes d’Influenceurs) récolte, depuis son canal Telegram, les témoignages de Français victimes des placements de produits d’influenceurs. Parmi ces témoignages, le couple d’influenceurs Marc et Nadé Blata ne cesse de revenir. Basée à Dubaï, l’ancienne figure de la téléréalité et sa femme ont pour habitude de faire la promotion de produits issus du drop shipping, de projet NFT ou encore de “formation en trading” via la plateforme gratuite Telegram

Ce sont justement ces deux dernières activités qui sont visées par les plaintes : Marc Blata fait régulièrement la promotion d’un projet de NFT basé sur les Pokémon. “Animoon” promettait aux investisseurs 2500 dollars mensuels à vie, vêtements de luxe  ou encore voyage au Japon, sans escompter “l’acquisition de NFT complètement exclusive grâce au “play to earn” (jouer pour gagner)”. Pour jouer justement, le principe est simple : chaque message envoyé via le serveur Discord vous fait gagner entre 15 et 25 XP. Plus vous possédez d’XP, plus vous montez en niveaux et ainsi, vous pouvez prétendre à l’achat de NFT. Seulement, Pokémon n’a jamais accordé de licence au projet “Animoon” qui exploitait donc les visuels de la marque illégalement, mais aussi et surtout, après plus de 5 mois, les investisseurs n’avaient toujours pas reçu de dividendes. Au total, le préjudice s’élève à 6,3 millions de dollars, soit un peu plus de 5,5 millions d’euros. Ayant seulement fait la promotion du projet, Marc Blata n’est pas concerné par la plainte contre X déposée pour “arnaque aux NFT”

Une formation de trading “gratuite”


Mais lui et sa femme sont les principaux concernés par la deuxième plainte pour “escroquerie” visant leur business de trading. Via leur canal Telegram, les deux influenceurs incitent leur communauté au “copy-trading”. C’est-à-dire, mettre en œuvre une stratégie de gestion de portefeuille basée sur les positions d’un autre trader. Marc Blata assurait ainsi à sa communauté des sommes alléchantes sur leur compte grâce à sa stratégie. Mais là encore, rien n’en est. 

“Un coup d’épée dans l’eau” 

Pour l’avocat Me Patrick Roumagnac, Avocat au barreau de Toulouse, le dépôt de ces plaintes n’à que très peu de chances d’aboutir : “À Dubaï, il existe une justice bien particulière et ils peuvent tout à fait refuser de se saisir du dossier. À mon avis, c’est un coup d’épée dans l’eau !”. D’autant plus que le qualificatif d’ “escroquerie en bande organisée” est purement pénal .“Ça relève de chaque état. Nous en France ça existe, peut-être qu’à Dubaï non !. Selon lui, il faudrait que le couple Blata fasse le choix d’être représenté par un avocat français pour que l’affaire avance : “Encore là, sachant qu’ils sont à Dubaï, les coûts peuvent être très élevés, les échéances retardées, etc. Ils vont tout faire pour gagner du temps”. Le fait que les victimes soient aujourd’hui représentées par un collectif est déjà une bonne chose pour Me Roumagnac, “ça aura plus d’impact !”. En effet, des plaintes individuelles avaient été bien sûr déposées auparavant, sans jamais réellement avoir d’impact. 

Un projet de loi en discussion 


Ces deux plaintes sont déposées 3 mois après la proposition d’une loi d’ “encadrement des pratiques commerciales et publicitaires liées au marché de l’influence sur internet”. Pas encore adoptée, cette loi ne pourra pas s’appliquer si les plaintes donnent lieu à une enquête. “En principe, une loi n’est pas rétroactive : il n’y a pas de crime qu’il n’y a pas de peine”. En outre, s’il n’existe pas de peine appropriée le jour où le crime est commis, il y a peu de chances pour que les personnes visées par la plainte soient condamnées. Cependant, les plaignants auront la possibilité, une fois la loi adoptée, de renouveler la procédure de dépôt de plainte.

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