D’ici 2028, Toulouse devrait accueillir un nouveau moyen de transport en commun, la 3ème ligne de métro. Dès le mois prochain, le centre-ville deviendra même une Zone à Faibles Émissions (ZFE). L’objectif étant de protéger les habitants de la métropole où la pollution de l’air est importante. Ces projets laissent à penser que la municipalité agit en conscience de la crise environnementale. Mais la ville rose a-t-elle vraiment la main verte ?
« Nos investissements massifs dans les transports en commun et le cyclable sont, bien sûr, la traduction de notre ambition environnementale pour notre métropole » écrit Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, dans le livret de la 3ème ligne de métro, paru sur toulousemetro3. Dans un effort de préservation de l’environnement, la ville rose investit dans divers projets, tels que la création d’une nouvelle ligne de métro, la création d’un Grand Parc Garonne où l’île du Ramier devient le « poumon vert » de la ville, ou encore en faisant du centre-ville une Zone à Faible Emission (ZFE), où certains véhicule trop polluants ne pourront plus circuler. Des projets en accord avec le Plan Climat-Air-Énergie Territorial (PCAET), dont le premier objectif est de réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Mais qui ne sont qu’illusions selon les élus de l’opposition et les associations pour l’environnement.
3ème ligne : quelques incohérences
« Le chantier de la troisième ligne de métro est très polluant, des espaces verts protégés ont été déplacés » explique Ariane Laude, membre de l’association Alternatiba. L’association a participé à l’Enquête Publique Environnementale du projet de 3ème ligne de métro. Elle a récemment donné un avis défavorable au projet, pour cause : des écarts sur les indicateurs d’émissions de gaz à effet de serre, et une absence de cadre réglementaire pour une conformité avec le Plan Climat Air Energie les empêchent d’avoir la certitude que ce projet va être bénéfique pour l’environnement. En effet, certaines émissions induites par le chantier n’ont pas été prises en compte dans l’évaluation de l’impact environnemental du projet présentée par la municipalité lors d’un conseil municipale extraordinaire, mardi dernier. Alternatiba, et d’autres associations environnementales, ont comparé les émissions induites par le chantier de la troisième ligne à celle émises par un projet similiaire, le Grand Paris Express. La société Carbone4 avait estimé en 2011 un niveau d’émission de 40 000 tCO2/km. L’étude d’impact de Tisséo, évalue le niveau d’émission à 11 000 tCO2/km. Des résultats réellement sous estimés, selon les associations. De plus, cette 3ème ligne ne permettrait que -3% de voitures sur les routes, selon l’Agence de surveillance de la qualité de l’air, Atmo Occitanie. Un résultat peu satisfaisant pour les opposants au projet.
Green washing
« Les transports en commun, normalement, c’est écolo. Mais la troisième ligne est coûteuse, on ne pourra pas développer d’autres transports en commun. Alors, les personnes qui travaillent en centre-ville mais qui ne sont pas concernés par cette troisième ligne viendront quand même en voiture. » déséspère Caroline Honvault, conseillère municipale Archipel Citoyen. Pour Odile Maurin, conseillère municipale, dans le groupe de l’opposition : « C’est dramatique de mener des projets à moitié quand on connaît l’impact du changement climatique. On nous promet une ligne de métro, mais elle ne répond pas au attente du Plan Climat. On fait de Toulouse centre une zone à faibles émissions, mais finalement se seront les plus défavorisés qui seront pénalisés. Malheuresement, ils n’ont pas d’autres moyens que d’acheter des voitures polluantes. La municipalité applique se projet, mais ne propose pas de solution aux premiers concernés. ». Même constat pour Ariane Laude, la ZEF est un bon projet sur le papier mais dans l’application, elle renforce les inégalités sociales et ne fait que repousser un problème de fond. Ce sont les transports qui polluent le plus en Occitanie. « Aujourd’hui nous, et d’autres associations, demandont un nouveau plan de déplacement urbain. Le précèdent, présenté par la municipalité, a déjà été annulé, car il ne respectait pas le plan climat » ajoute-t-elle.
La jeune femme membre de l’association Alternatiba garde cependant espoir concernant le projet de Pac Garonne, sur l’île du Ramier. « On est toujours très content quand de nouveaux espaces verts sont créés, mais on garde quand même un oeil dessus. On ne voudrait pas que ce soit simplement un élan de « green washing » de Toulouse. ».