Consommation : le Nutri-Score, cet indice qui fait débat

Surimi nutri-score B

Le Nutri-Score a été créé en 2016 pour aider les consommateurs à connaître la qualité d’un produit. Seulement, de nombreux professionnels des métiers de bouche critiquent la manière dont cet indice est calculé, il défavoriserai les producteurs de produits naturels.

Dans les rayons des grandes surfaces, la truite des Pyrénées est notée D par l’indice Nutri-Score, contre B pour un surimi de grande marque. Cela signifie-t-il que le surimi est meilleur pour la santé pour le consommateur ? Pas forcément. D’après les producteurs, ce système d’étiquetage nutritionnel, mis en place en 2016 par le gouvernement français, à de nombreux défauts dans sa formule de calcul. En effet, le Nutri-Score compare entre eux les produits en les comparant sur une valeur nutritionnelle pour 100g. « On ne peut pas comparer 100g d’un Big Mac qui fait plus de 200g et 100g de truite fumée, ce qui donne un désavantage à nos produits alors qu’ils sont bios, AOP, AOC etc. » regrette Franck Pomarez, directeur de la ferme aquacole La Truite des Pyrénées, à Lau-Balagnas dans les Hautes-Pyrénées.

En 2023, un Nutri-Score devrait être rendu obligatoire à l’échelle européenne, forçant tous les produits à indiquer leur score sur l’emballage, chose qui aujourd’hui n’est pas de rigueur. Mais avant que cet indice entre en vigueur sur tout le continent, il va falloir en changer le fonctionnement. « Il faut beaucoup plus de transparence sur le Nutri-Score, notamment en imposant la traçabilité comme critère. Aujourd’hui, la formule ne met pas en valeur le travail des producteurs » déplore Éric, gérant de la poissonnerie Le Poisson à Bascule à Colomiers. Pour les professionnels du secteur, il est donc insensé de voir qu’un produit qui ne contient que des ersatz de poisson comme le surimi soit plus facilement mis en valeur par rapport à du poisson naturel. « Notre problème, c’est qu’on rajoute du sel pour la conservation de notre truite fumée, et cela est logiquement pris en compte dans la notation, mais de manière trop importante. Pendant ce temps, le Coca Zéro a une note de B… » constate Franck Pomarez.

« Mieux informer le consommateur »

« Il faut mieux informer le consommateur sur les produits. Le problème, c’est qu’aujourd’hui le consommateur n’est pas habitué aux produits naturels » d’après Yani de la poissonnerie La Marée à Blagnac. Malheureusement, comme le regrette Éric, il va être compliqué de changer les choses à ce niveau : « C’est essentiel de faire la promotion des produits naturels et moins des produits transformés. Mais on le sait, les grands groupes qui font ces produits ont plus de moyens pour continuer à vendre les articles ». Les producteurs de produits naturels semblent donc partir de très loin.

La balle est désormais dans le camp du gouvernement, qui doit selon les producteurs changer la manière dont est calculé le Nutri-Score. Sans ça, « les producteurs vont naturels, bios etc. vont avoir du mal à subsister si on continuer à favoriser des produits qui font le tour du monde et qui sont plus dangereux pour la santé que des produits locaux » d’après Franck Pomarez. Avec ses collègues, éleveurs de porc noir de Bigorre ou bien producteurs de Roquefort, le paysan de la mer va continuer à se battre pour la reconnaissance de son terroir.

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