Reprises de chefs-d’œuvres signés Van Gogh ou De Vinci, style abstrait, baroque ou surréaliste, voilà toute l’étendue des œuvres de la graveuse Charlotte Massip. Jusqu’au 10 février, l’artiste Lectouroise expose « Hommages : gravures et boîtes lumineuses » au théâtre des Mazades, quartier des Minimes. L’occasion de revenir avec elle sur ses inspirations, convictions et futurs projets.
De la chambre de Van Gogh version déstructurée au David de Michel-Ange revisité, les œuvres de Charlotte Massip sont pour le moins singulières. Tout au long de l’exposition, on découvre un style unique, qui brise les codes de l’art des artistes passés. Cette inspiration, l’artiste la trouve dans une façon de faire bien précise : « J’aime les artistes qui sont dans le trait, le dessin obsessionnel. Lorsque je commence une gravure, je ne sais pas où je vais aller, les idées me viennent au fil de la pointe« , confesse-t-elle. Outre la méthode, nombreux sont les artistes qui l’ont marqué. Pourtant, « son premier amour » comme elle aime le dire, est Hans Bellmer, graveur, dessinateur et sculpteur franco-allemand du XXe siècle : « J’adore le détail et ses façons de faire me fascinent. Je me suis inspirée de son style surréaliste pour créer le mien. Mon amour pour le dessin obsessionnel vient aussi de lui ».
Difficile de réaliser ce que représente réellement l’étendue de la technique de la gravure. Grâce à son art, Charlotte Massip en présente une partie et tente d’expliquer l’envers du décor : « Pour moi la gravure est comme une cuisine, je superpose les différentes techniques. C’est un assemblage sur la plaque de cuivre ». Des œuvres uniques donc, qui demandent un savoir-faire ainsi qu’une patiente considérable : « Entre le moment de graver et le moment d’imprimer, il peut y avoir parfois un mois. Pour sûr, la gravure est un art très lent ».
De la vocation à la réalité
Aujourd’hui installée à Lectoure dans le Gers, l’artiste vend ses créations sur son site internet. En parallèle, elle enchaîne les expositions un peu partout en France et en Belgique. C’est pourtant bel et bien dans sa ville natale, Paris, que tout à commencé : « j’ai grandi en banlieue parisienne, je me suis nourrie d’expos et aujourd’hui je fais des clins d’œil à l’histoire de l’art. Je suis le mouvement surréaliste et j’en fais mes interprétations ».
Pour l’artiste, le monde de la gravure est encore trop peu connu en France et elle en fait le constat : « En France, il y a très peu d’écoles où l’on apprend la gravure. C’est vraiment dommage. Moi qui adore transmettre, je suis en revanche très contente d’avoir des propositions pour donner des cours à des professeurs d’art plastique« . C’est aussi pour son plus grand plaisir qu’elle passe dans plusieurs villes pour présenter ses créations. Prochain arrêt : la Ciotat, pour une exposition dans une chapelle et Bordeaux, où elle présentera une nouvelle série appelée « Les cités organiques » : « Je fais des grands collages que je vais mettre dans des boîtes lumineuses. Ici, la technique est de prendre une photo de ma gravure et d’en changer le fond, ensuite, on l’imprime sur un support numérique. L’idée est de rappeler les vitraux et leur transparence », sourit-elle.
Après la crise sanitaire, nombreux sont les artistes qui ont dû s’adapter et se renouveler pour continuer à vivre de leur passion. Charlotte Massip fait partie de ceux-là : » aujourd’hui, en France, quand on est artiste, on vend très très peu, c’est pour ça que j’expose plus en Belgique. Aussi, je pense à détourner mes créations dans la décoration pour les rendre accessibles« . Le côté atypique de l’artiste a déjà séduit de nombreux Toulousains, son exposition et ses idées futures prouvent qu’elle n’a pas finie de surprendre le monde de la gravure.