Les tensions ne cessent de croître entre la Russie et l’Ukraine. Le Kremlin réclame un retour de ses frontières de 1997 ainsi qu’un retrait des forces de l’Alliance atlantique en Europe de l’Est. De quoi attiser les tensions déjà palpables dans le pays. Alors que l’OTAN craint une invasion et vient de positionner 8500 soldats en état d’alerte, la géopolitique ukrainienne s’en trouve une nouvelle fois secouée. À l’intérieur du pays, les citoyens vivent sous pression. Parmi eux, se trouvent des jeunes prêts à tout sacrifier pour défendre leur pays. Entretien.
Andrey Olehovich n’a que vingt et un ans, à Kiev, il vit sous la pression de la guerre depuis près de sept ans. Comme beaucoup de ses camarades, son quotidien est rythmé par les décisions géopolitiques concernant son pays : « Depuis fin 2020, les médias n’ont cessé de dire que la Russie pouvait potentiellement envahir l’Ukraine. Pour l’instant, il n’y a pas de situation de panique à Kiev, on sait que notre armée peut nous défendre ». Face à l’escalade de tensions, Andrey préfère rationaliser et essaye de ne pas imaginer le pire : « Si la Russie nous attaque, elle va sentir les sanctions européennes et américaines. Elle sera coupée du système bancaire américain. Je pense que ces tensions font juste partie d’une stratégie de la Russie pour créer une crise économique en Ukraine. Pour moi, ils veulent juste nous mettre la pression ».
Pourtant, certains affrontements ont déjà eu lieu sur le front Est de l’Ukraine, l’armée a déjà dû faire face à « des groupes terroristes pro-Russe », selon ses dires. Aujourd’hui, il n’est pas le seul à partager ce sentiment mitigé, celui qui consiste à dire que les Russes ne prendront pas le risque d’entrer en conflit direct avec l’Ukraine : « Partout à Kiev, mes amis, ma famille, tous, on ne croit pas à l’invasion russe. On voit d’ailleurs que les médias européens nous considèrent presque déjà en guerre. Ici, on ne pense pas ça. »
Le risque d’un conflit ouvert
Admettons qu’un conflit ouvert éclate, que la Russie prenne les devants et décide d’envahir l’Ukraine, que feriez-vous avec ta famille, tes amis ? Andrey répond : « La seule possibilité de la Russie est de faire un Blitzkrieg sur notre pays, notre armée sera prête à répondre, j’en suis sûr. En ce qui me concerne, si la guerre éclate, je prendrais immédiatement les armes pour défendre mon pays, j’entrerais dans l’armée. Jamais les Ukrainiens ne coopéreront avec les Russes. »
Lui et ses camarades sont encore très jeunes et pourtant, l’idée d’un affrontement ne semble pas les intimider, bien au contraire : « En étant citoyen de l’Ukraine, je dois aller défendre mon pays. Quel genre d’homme serais-je si je ne défends pas mon pays lorsqu’il est attaqué ? Je refuse de vivre dans un monde où ma nation est attaquée et où je reste les bras croisés. Je pense que l’indépendance de l’Ukraine est une priorité. »
« Je veux que ma nation ait son propre pays »
Andrey cultive ce sentiment nationaliste. Le phénomène est d’autant plus présent tant la pression russe augmente. En Europe, les dirigeants espèrent une baisse des tensions. Lundi, l’Élysée a annoncé qu’Emmanuel Macron allait proposer « un chemin de désescalade » à Vladimir Poutine. Andrey Olehovich, lui, souhaite l’indépendance de son pays : « L’Ukraine a toujours été envahie par d’autres pays, c’est toujours nous qui nous battons pour l’indépendance. On veut nous voler des territoires. Donc, pour moi, l’indépendance de mon pays est la priorité. En étant Ukrainien à 100%, je veux que ma nation ait son propre pays. »
Les jours à venir risquent d’être décisifs en ce qui concerne l’avenir de l’Ukraine. Ce conflit possède une résonance mondiale, si la Russie décide bel et bien d’envahir l’Ukraine, d’autres pays comme la Chine pourraient en faire de même avec des États comme Taïwan. De son côté, Moscou nie pour l’instant toute intention belliqueuse et affirme que les réactions de l’OTAN prouvent que la Russie est bien la victime de cette histoire.