Jeudi 20 janvier, une quarantaine d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) ont exprimé leur ras-le-bol devant la Bourse du Travail de Toulouse. Ce lundi 24 janvier, Le 24 heures est parti à la rencontre de Philippe, AESH depuis six ans.
Philippe, 62 ans, est un peu l’ange gardien de Manon et Moritz, 5 et 6 ans. Il leur permet de suivre une scolarité normale, malgré leurs troubles de l’apprentissage. Manon est dyslexique. Moritz souffre de malformations multiples : il ne peut ni communiquer, ni écrire. Philippe est accompagnant d’élève en situation de handicap (AESH). Le métier est essentiel à la scolarisation des enfants handicapés.
Mais la profession est très précaire : sous-payés, les AESH touchent près de 760 euros par mois, pour des contrats allant jusqu’à 45 heures par semaine. Les perspectives d’évolution de carrière sont faibles, et l’inclusion dans les établissements scolaires quasiment inexistante.
Philippe exerce le métier d’AESH depuis six ans. Cet ancien commercial, au lendemain d’un licenciement, a découvert ce métier dont il ignorait tout. Le sexagénaire accompagne des élèves scolarisés en maternelle. En temps normal, l’ex-président du tennis de table Blagnacais a deux élèves à charge. La plupart du temps, Philippe en épaule quatre, « faute d’accompagnants ».
Soixante heures de formation
La question de la formation est épineuse : les accompagnants ne sont pas formés à la grande majorité des handicaps auxquels ils doivent faire face. Les AESH disposent pour la plupart d’une formation initiale de 60 heures, souvent considérée comme trop courte : « nous sommes trop feu formés ! Rien que pour l’autisme il y a tellement de formes différentes, c’est impossible de tout voir ! », déplore Philippe. Pour accompagner Moritz, qui ne communique que par signes, Philippe a ainsi dû se former lui même à ce mode de communication.
AESH, c’est avant tout « un métier de cœur » : « la vraie paye, c’est de voir progresser les enfants », confie Philippe. Pour autant, pour de plus en plus d’accompagnants, la profession devient frustrante : « j’ai été trop souvent considéré comme un pion, dispatché entre différents élèves et établissements. Aider un enfant implique de le connaître. « Comment peut-on le faire progresser si on ne l’accompagne que deux jours par semaine au lieu de quatre ? », s’interroge Philippe. La réponse se trouve peut-être dans une meilleure considération du métier. Cela pourrait passer, comme le réclame la CGT, par une titularisation du métier, la création du statut d’éducateur scolaire, ou encore la mise en place de formations prolongées.