Morgan, ancienne bénévole écoutante chez Nightline, un service de ligne d’écoute, nous partage son expérience au sein de l’association. Elle revient sur le fonctionnement du service, le rôle essentiel des bénévoles et les défis du rôle d’écoutant.
En quoi consiste Nightline ?
Nightline est une ligne d’écoute anonyme et gratuite, où les étudiants peuvent se confier, lors d’un moment de solitude, de mal-être ou simplement pour discuter. Nous sommes ouverts tous les soirs de 21h à 02h30.
Comment êtes-vous formés ?
Nous sommes formés par des bénévoles aînés, qui ont eux-mêmes suivi un processus de formation. Une formation qui a été validée par des psychologues, pour aiguiller les directives qu’on prend. C’est une formation sur 2 weekends, avec un test pour être sur qu’on a bien compris comment on fait l’écoute.
Quels sujets reviennent le plus souvent ?
La grande majorité des sujets portent sur les relations aux autres, les relations familiales, amicales, romantiques, sexuelles. Il y a aussi la santé mentale, le stress, l’anxiété, la solitude et le rapport à soi, l’estime de soi, la vie personnelle…
Pourquoi pensez-vous que d’appeler une ligne d’écoute constitue une réelle solution ?
Je pense que nous sommes une solution parmi d’autres solutions. C’est moins dur que d’aller à un psy. C’est un premier pas. Nous sommes intéressants par notre côté de pair à pair, par notre écoute à un moment T. Nous sommes également en relation avec d’autres lignes d’écoute et sensibilisons énormément.
Proposez-vous des suivis ?
Nous sommes une ligne non directive. Nous n’apportons pas des choses à la personne si elle nous ne l’a pas demandée. Si la personne dit qu’elle recherche un psychologue mais qu’elle ne sait pas comment s’y prendre, potentiellement nous pouvons détecter une recherche d’information, l’aiguiller et la rediriger.
Pouvez-vous créer des liens durables avec les personnes qui vous appellent ?
Non. Si la personne nous raconte trop de qui elle est, on s’arrête car ça brise l’anonymat. On est un simple service d’écoute. On va très peu donner de nous. Nous ne voulons pas savoir qui est en face de nous car on ne sait jamais si cette personne on la connaît dans la vraie vie. Cela peut devenir un frein pour elle qui ne voudra plus se confier.
En tant que bénévoles, cela nous permet aussi de préserver notre bien-être. On n’a pas envie de croiser la personne en dehors connaissant ses problèmes.
Sentez-vous légitime en tant que bénévole écoutant ?
Je pense que oui. On fait du pair à pair, une écoute par les étudiants pour les étudiants. On a été formé et on a appris à gérer des situations, on sait ce qu’on fait et dit. On ne se prétend pas psychologue. On ne va pas donner des directions de vie aux gens. On est là pour leur donner une écoute attentive.
Rencontrez-vous des défis émotionnels en tant que bénévole écoutant ?
Personnellement, je n’ai jamais eu de gros défis. Il est possible que des personnes fassent un mauvais usage et utilisent la ligne de manière abusive, ou malveillante : des gens qui insultent, qui sont irrespectueux ou qui se masturbent. Mais nous sommes aussi formés à ça.
Et puis, on n’est jamais seul. Il y a toujours des débriefs avec d’autres bénévoles, des réunions avec des psy. On s’échange sur les difficultés qu’on a rencontré, voir comment on aurait pu gérer la situation… Nous sommes bien encadrés.
Voyez-vous les choses avancer ?
Je suis toujours dedans donc j’en entends toujours parler. Mais on voit qu’il y a toujours des gens qui appellent. Il y a donc toujours un besoin. J’espère que les choses vont aussi changer de manière plus globale et que des aides vont être mis en place de manière nationale.