Suite à un accident du travail avec une hélice de bateau en 2022, Grégoire Bireau a su puiser dans cette épreuve pour se réinventer. Ancien athlète de haut niveau en aviron, il se réoriente vers le para aviron, où il décroche sa place au sein de l’équipe de France. Classifié PR3, il brille aux Jeux Olympiques de Paris 2024 en remportant la médaille de bronze. Retour sur sa formation et préparation toulousaine pour les JO.
Est-ce que tu peux nous parler de ton parcours sportif et si tu as des étapes clefs à nous donner ?
« J’ai choisi l’aviron, j’ai envie de dire un peu pour me démarquer. Je fais mes premières médailles nationales en 2016 avec le club en catégories jeunes. Je pars ensuite pendant ma dernière année de terminale au Pôle Espoir de Toulouse. J’ai fait ma première sélection en équipe de France valide à l’époque en moins de 23 ans. Je connais du coup mon accident du travail et quatre mois après, jour pour jour, je remets mon premier coup de rame. J’ai ma première sélection en équipe de France Paralympique cette fois-ci avec les championnats d’Europe. Au départ, je ne voulais pas en faire partie. Je ne me considérais pas comme une personne en situation de handicap. J’avais certes une limitation de mobilité, mais je ne voyais pas cela comme un obstacle. J’étais réticent à l’idée de prendre la place de quelqu’un. J’ai pris conscience que le para sport concerne aussi celles avec des handicaps invisibles. Et puis, forcément une étape incontournable : les Jeux de Paris. C’est une expérience exceptionnelle qui marque l’aboutissement de mon parcours en quelque sorte. »
Comment se passe l’expérience au pôle et est-ce qu’il y a un lien qui est fait avec le CREPS ?
« Le pôle aviron est affilié au CREPS. Il faut savoir que pour les mineurs et pour certains majeurs, le CREPS propose un hébergement. Sur ma dernière année de lycée j’ai pu profiter de l’internat au CREPS. Ils nous accompagnent surtout du côté médical : ils ont un pôle médical avec des médecins du sport, des kinés, des ostéos, des diététiciens et des psychologues. Ils nous accompagnent sur tout ce qui est extra sportif. Et même pour moi, ils m’ont accompagné aussi sur l’accompagnement des parcours professionnels. En avril dernier, je suis rentrée dans la police nationale. »

Crédit : Lionel Hahn
Comment s’est traduite ta préparation physique et mentale pour les Jeux Olympiques ?
« En termes de préparation physique, il n’y a pas eu de changement. La distance reste la même : 2 000 mètres à parcourir le plus rapidement possible. Pour être performant, il faut simplement accumuler du volume d’entraînement pour n’importe quelles compétitions. La fédération a mis en place des stages pour regrouper les athlètes. Sur l’année, j’ai fait environ 200 jours. D’un point de vue mental, c’est différent. J’ai la chance d’être suivi par un préparateur mental, et la pression est plus forte pour les Jeux Paralympiques, qui n’ont lieu que tous les quatre ans. Le fait qu’ils se déroulent en France a ajouté une pression supplémentaire, notamment médiatique. »
As-tu ressenti un impact ou une reconnaissance particulière pour les athlètes paralympiques dans ton sport après les Jeux ?
« En aviron, on a la chance que les compétitions para soient intégrées aux championnats du monde valides. Entre deux courses valides, il y a une course para, ce qui permet de bénéficier de l’influence du sport valide. Pour les Jeux, j’ai vu des changements avec mes coéquipiers, comme Remy qui a participé à ses quatrièmes Jeux paralympiques. Il a vu l’évolution du sport, notamment en France. Je pense que ces Jeux, qu’ils soient olympiques ou paralympiques, ont été une grande réussite, et qu’on ne mesure pas encore assez leur impact. »
Les centres de formation toulousains permettent aux jeunes talents de progresser et se préparer au plus haut niveau, comme en témoigne le parcours inspirant de Grégoire Bireau. A lire aussi : interview de Walter Desmaison sur les centres de formation.