Près de 40% des étudiants français sont boursiers sur critères sociaux dans l’enseignement supérieur de l’année 2023-2024. Une hausse de 2,1%. Et pour cause, un nombre croissant d’entre eux sont confrontés à des difficultés financières. Face à cette précarité, l’association Délivr’aide s’engage activement en offrant des distributions gratuites de produits alimentaires et d’hygiène pour soutenir les jeunes dans leur quotidien.
Connue pour son énergie étudiante et sa diversité, Toulouse est touchée par la précarité alimentaire qui touche un nombre croissant de jeunes adultes. Pour faire face à ce fléau, des associations comme Délivr’aide mette en place des actions pour aider les étudiants Toulousains.
Une prise de conscience grandissante
Pour Lisa*, c’est le reflet d’une jeunesse qui se sert la ceinture et redoute les fins de mois sans un sous. « Depuis la hausse des prix c’est encore pire, je compte chaque centime et je fais très attention à mes dépenses », confie la jeune femme. Une lutte au quotidien, un combat pour l’équilibre presque perdu d’avance. Entre le prêt étudiant à rembourser et la petite fortune à payer pour louer un 20m2 dans Toulouse, les difficultés se font ressentir. « J’ai 600 euros de loyer, et sans compter l’eau, l’électricité et le wifi. » Il lui reste une centaine d’euros chaque mois pour s’alimenter. En France, comme Lisa, 20% des étudiants de mangent pas à leur faim. Alors quand le frigo et le porte-monnaie sont vides, l’étudiante en histoire sort son téléphone et retrouve le sourire. En bas de son immeuble, un livreur l’attend pour une étonnante commande, et la voici qui remonte avec un sac plein à craquer. A l’intérieur, dix kilos de denrées en tout genre : des pâtes, des cookies du gel douche, de quoi l’aider pendant plusieurs semaines. Une valeur marchande globale d’environ soixante euros sauf qu’ici, l’étudiante boursière a dépensé zéro euro. « Cela me sauve la vie, ils pensent même à l’hygiène féminine et c’était un budget vraiment trop conséquent pour moi. »
En 2 ans, l’association Délivr’aide Toulouse a déjà distribué 1500 kits aux jeunes en situation de précarité d’après Yovann Pigenet, à l’origine de ce projet. Cet étudiant de 24 ans oscille entre étude et livraisons à domicile. « On a fait le choix de la livraison car la plupart des jeunes ne souhaitent pas demander de l’aide aux supermarchés ou aux restos du cœur, ils se sentent honteux. ». L’association livre aujourd’hui dans 8 grandes villes en France. Il parait déjà loin le temps où tout a commencé quand Yovann étudiait encore dans cette prépa parisienne. « Quand j’ai commencé mes études, je me suis rendu compte qu’il y avait une précarité étudiante beaucoup trop importante et je voulais essayer d’aider ces jeunes. »
Face à l’urgence, un dévouement sans faille
En plus de préparer des paniers repas, Délivr’aide Toulouse passe une grande partie de son temps à récupérer les invendus des commerçants locaux. « Ça me fait mal au cœur de me dire que ces produits vont être jetés alors que des jeunes dans le besoin pourraient les consommer, on fait notre maximum pour en récupérer le plus possible. » explique Maéva*, bénévole à Délivraide Toulouse. Pour Sarah*, bénévole depuis 2 mois, elle évoque que « On ne regarde pas assez les étudiants. On pense qu’ils peuvent se débrouiller et que ça ira, mais ce n’est pas la réalité. Beaucoup trop d’étudiants sont dans le besoin, si j’étais à leur place j’aimerais qu’on me tende la main de la même façon. » Dans la ville rose, plus d’une cinquantaine de bénévoles s’activent chaque jour pour lutter contre cette précarité sans jamais baisser les bras.
Une solution contre la précarité, certes, mais qui présente des limites. En effet, plus de 1500 demandes sont en attentes d’être traitées selon Yovann Pigenet. En raison de l’effectif trop nombreux face aux étudiants précaires, l’association ne peut assurer la livraison qu’a une minorité. Délivr’aide propose une livraison uniquement dans le centre-ville, et ne permet pas aux étudiants habitants en banlieue ou à quelques kilomètres de bénéficier des paniers garnis.
Les prénoms suivis de : * ont été modifiés par respect de l’anonymat des personnes interviewées.
