Depuis 2005, le nombre de freelances a bondi de 92 %, atteignant 721 000 en 2021. Ce statut séduit pour sa liberté et sa flexibilité, mais il vient aussi avec son lot de défis, entre démarches administratives, revenus instables et faible protection sociale. Plongée dans le quotidien de ces travailleurs indépendants.
Depuis 2005, le chiffre explose. Selon une analyse de Fideliance, le nombre de freelances dans certains secteurs a augmenté de 92 % en 13 ans, atteignant 721 000 en 2021. Mais c’est quoi être freelance ? Selon Le Robert, quelqu’un en freelance est une personne indépendante dans sa profession et qui n’a pas de contrat de longue durée avec un employeur particulier.
« Ce sont des prestations à droite à gauche. Les clients te paient pour une ou plusieurs compétences dans un domaine particulier », témoigne Hugo Monfort, 21 ans, freelance dans l’audiovisuel.
Pourquoi se mettre en freelance ?
Pour les travailleurs indépendants, la freelance a sa part d’avantages non négligeables. « Tu bénéficies d’une certaine liberté dans ton travail. Tu t’organises comme tu veux, à ton rythme. Tu peux voler d’un projet à l’autre », raconte le jeune homme. À l’origine, il s’était mis sous le statut d’auto-entrepreneur au cours de sa deuxième année de BTS, afin de pouvoir proposer légalement des services.
Eliott Gagny, 20 ans, en studio freelance de communication, a été piqué par ce domaine au lycée. Lors de ses années d’études supérieures, il a lancé, en freelance, Fève de Créa, où il était seul au départ. Il a ensuite recruté plusieurs personnes pour créer un studio de communication et de publicité. Vidéastes, photographes et graphistes, tous indépendants, proposent leurs services sous un même nom commercial.
Il trouve à la freelance les mêmes bénéfices qu’Hugo. « Nous sommes complètement indépendants. Nous n’avons pas de patrons, nous ne rendons de comptes à personne à part nous-mêmes. Si nous voulons prendre trois jours, on le fait, c’est notre charge », argumente le communicant. Du côté de Fève de Créa, c’est aussi un avantage financier : « En agence, nous aurions eu des frais de société, c’est plus compliqué. Là, nous sommes en autofinancement complet. Alors qu’en tant que société, avec les cotisations et frais, nous aurions sûrement dû faire des levées de fonds », lance le jeune homme.
Les démarches pour être indépendant seraient plutôt accessibles selon Hugo : « Se mettre en freelance au niveau administratif, c’est plutôt simple. Après, souvent en freelance, ce sont des jeunes et c’est dur de se heurter aux papiers et aux pièces à fournir. En revanche, je suis passé par la chambre des métiers, ce qui m’a beaucoup aidé. C’était simple et j’ai vite obtenu mon statut », atteste-t-il.
Les revers du freelancing : précarité et instabilité
Ça fait rêver, non ? Gérer son emploi du temps, choisir ses projets ou encore ne pas avoir de hiérarchie. Seulement, c’est à double tranchant. « Le seul problème, c’est que nous avons très peu de protection sociale. Tu paies ta mutuelle. Les cotisations retraites sont plus compliquées », explique Hugo. Les freelances doivent atteindre un seuil minimum de cotisation pour valider un trimestre, ce qui peut être plus difficile en cas de faible activité. Les travailleurs indépendants doivent de leur côté cotiser au moins 316 euros pour la validation d’un trimestre et donc 1 265 euros pour valider les quatre. De plus, si l’auto-entrepreneur ne génère pas de chiffre d’affaires, aucun droit à la retraite n’est acquis pour cette période.
Les revenus en dents de scie peuvent chuter brutalement du jour au lendemain : « Tu es obligé d’avoir une base de clients constante, qui se renouvelle. D’un mois à l’autre, tu ne sais pas si tu vas vraiment travailler. Tu n’as pas de stabilité de l’emploi ». Les freelances n’ont pas de droit automatique au chômage et doivent s’organiser pour gérer leurs périodes d’inactivité. « J’essaie toujours de savoir ce que je vais faire après. Je fais beaucoup de budgets prévisionnels. Avec mon métier, ça va, je sais toujours à l’avance ce que je vais faire ou pas. Je calcule toujours au minimum ce que je vais faire chaque mois. C’est beaucoup d’anticipation », témoigne Hugo.
Pour Eliott, c’est pareil. C’est même toute une stratégie : « Cela a été beaucoup d’anticipation et de préparation. Pour pallier le problème des périodes creuses, on propose des abonnements à nos clients. Nous faisons des contrats de prestations de service au mois. Ils ont un préavis quand ils résilient. Nous sommes donc toujours payés au mois », explique le jeune homme.