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Piste cyclable rue Alsace-Lorraine : faut-il la garder ou l’enlever ?

La rue Alsace-Lorraine verra sa piste cyclable éphémère disparaître pour au moins deux mois. Crédit : Domitille Perpère

À Toulouse, la question de la piste cyclable rue Alsace Lorraine suscite de vifs débats. Introduite dans le cadre d’une expérimentation, cette initiative a pour objectif de séparer les flux de circulation entre piétons et cyclistes, mais elle ne fait pas l’unanimité. Entre les défenseurs de l’espace dédié aux cyclistes et ceux qui estiment que la situation a empiré, ce projet divise autant qu’il questionne sur la place de la mobilité douce en centre-ville.

Un projet né de la demande des habitants

Le projet de la piste cyclable rue Alsace-Lorraine est né d’une volonté des habitants et riverains de la rue, comme l’explique Maxime Boyer, élu municipal de Toulouse Métropole : « C’était une demande des habitants, de la démarche participative. Ils voulaient une séparation claire des flux entre piétons et cyclistes, car la situation était trop conflictuelle. » L’objectif, selon l’élu, était d’offrir un espace sécurisé pour les cyclistes tout en préservant la sécurité des piétons, notamment les personnes à mobilité réduite et les plus vulnérables.

Le projet a été lancé en tant qu’expérimentation, avec des marquages au sol séparant les voies des deux modes de transport. Ce dispositif provisoire a pour but de récolter des données objectives, telles que les comptages de cyclistes et de piétons, ainsi que des informations sur la vitesse et la densité de la circulation.

Des réactions contrastées

Le bilan de cette expérimentation, qui s’étend sur trois mois, reste encore à relativiser, selon Maxime Boyer. « Nous aurons des données objectives sur les flux, les vitesses, et les avis des riverains et commerçants pour améliorer cette piste », précise l’élu. Cependant, des avis contraires émergent déjà. Pour Didier Joint, vice-président de l’association 2pieds2roues, qui milite pour la mobilité douce à Toulouse, cette piste est une nécessité. « Avant, les vélos allaient beaucoup trop vite dans cette rue. Les piétons n’étaient pas toujours respectés. La séparation des flux est essentielle, et la régulation avec des horaires d’ouverture permet de créer un climat de régularité. Il est important de séparer les piétons des cyclistes pour éviter tout conflit. »

Mais, pour Didier Joint, la rue Alsace-Lorraine n’est qu’un point de passage temporaire dans un projet plus large de réaménagement des infrastructures cyclables : « Si on avait des boulevards avec des bonnes pistes cyclables partout, peut-être que les gens ne couperaient pas par la rue Alsace-Lorraine. » Selon lui, la rue est devenue un itinéraire de déviation sécurisé, au cœur du centre-ville, facile d’accès pour les cyclistes.

Des piétons partagés, des cyclistes frustrés

Tous les usagers ne semblent pas aussi enthousiastes face à la nouvelle configuration. Plusieurs témoignages reflètent cette situation conflictuelle. Une cycliste déclare : « Cette piste cyclable ne sert à rien, personne ne la respecte. Je fonce toujours dans des piétons, c’est inadmissible. » Pour elle, la piste n’offre pas une véritable séparation, ce qui engendre une circulation chaotique et dangereuse.

En revanche, deux piétonnes interrogées sur place se montrent plutôt satisfaites du dispositif : « Je la trouve utile car les cyclistes ne circulent plus n’importe où. Je me sens davantage en sécurité. » Cette division d’opinion montre que, pour certains piétons, la sécurité a été améliorée, même si tous ne semblent pas suivre les règles de circulation.

Un cadre expérimental et évolutif

L’expérimentation de cette piste cyclable rue Alsace-Lorraine est toujours en cours, et son évaluation est loin d’être terminée. Si, d’un côté, l’objectif est de protéger les piétons en priorité, selon la logique de Picta, la charte toulousaine qui met la sécurité des piétons au cœur des préoccupations, le bilan final sera ajusté en fonction des retours des habitants, commerçants et cyclistes. Selon Maxime Boyer, « l’objectif est de sécuriser tous les cheminements des piétons, puis les cyclistes, et enfin, dans une moindre mesure, les automobilistes ».

En attendant la fin de l’expérimentation, ce projet met en lumière les défis de l’aménagement urbain à Toulouse, où la question des mobilités douces et de la cohabitation entre piétons, cyclistes et automobilistes est de plus en plus présente. Alors que certains plaident pour plus de pistes cyclables sécurisées et continues dans toute la ville, d’autres estiment que des mesures plus locales, comme celle de la rue Alsace-Lorraine, sont nécessaires pour améliorer la sécurité au quotidien. Une chose est sûre : le débat sur la place du vélo en ville est loin d’être clos.

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