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Comptage de manifestants : l’éternel grand écart entre les syndicats et la police

En manifestation, déterminer le nombre de personnes présentes n'est pas une mince affaire. Photo: Tara Yates
En manifestation, déterminer le nombre de personnes présentes n'est pas une mince affaire. Photo: Tara Yates

À chaque manifestation, même rengaine lorsqu’il s’agit de faire les compte : les chiffres de la police, des syndicats, et parfois ceux des médias… lequel doit faire foi ?

Des écarts flagrants et réguliers 

L’Occitanie ne fait d’ailleurs pas exception à la règle. Que ce soit  a Toulouse, pour les manifestations contre la réforme des retraites ou les cortèges à Montpellier pour le climat, les chiffres varient considérablement selon la source. À Toulouse, La dernière manifestation traditionnelle du 1er mai comptabilisait 3000 personnes selon la préfecture, 8000 selon les syndicats. Ces différences, qui peuvent aller du simple au triple reposent l’éternelle question sociale: qui est dans le juste? 

Les méthodes des syndicats 

Cette différence peut s’expliquer par les différentes méthodes employées. Côté syndicats, le comptage commence bien avant le jour J. Le nombre de bus et de trains affrétés pour l’événement sert de première estimation. Ensuite, sur le terrain, des délégués se postent à des points stratégiques pour comptabiliser les rangées de manifestants. Les chiffres sont compilés en fin de journée, Mais sont aussi parfois revus à la hausse “pour marquer l’ampleur du mouvement” selon le journal la croix.

 Le protocole de la police 

Les forces de l’ordre, elles, s’appuient sur des observateurs formés qui comptent les manifestants par sections. Le dispositif est complété par des vidéos et des logiciels de comptage. En fin de manifestation, le chiffre retenu correspond à une moyenne haute, augmentée d’une marge d’erreur de 10 %. Cette approche stricte vise à prévenir tout risque de surestimation.

Un nouvel acteur: les médias

Depuis 2018, certains médias, comme ceux associés au cabinet Occurrence, optent pour des capteurs fixés en hauteur sur le parcours des cortèges. Le cabinet utilise des capteurs qui comptent les individus traversant une ligne virtuelle. À Toulouse, lors d’une manifestation pour le climat en 2023, Occurrence avait recensé 12 000 participants, contre 15 000 annoncés par la police et 30 000 par les organisateurs.

Cette méthode, permet une neutralité relative grâce à la technologie, mais reste critiquée par certains politiques. Par exemple, le fait d’effectuer le comptage sur un seul point du cortège ne prends pas en compte les éventuelles personnes qui le rejoindrait plus loin, à la différence des FDO et des syndicats. 

Police et médias, un tandem de précision

Malgré ces quelques manquements techniques et la méfiance réciproque entre syndicats et autorités, les analyses montrent que les chiffres de la police et des médias se rapprochent de la réalité. Selon ces derniers, les différences entre ces deux sources restaient inférieures à 10 %, contre des écarts parfois énormes avec les syndicats.

Faut-il encore couper la poire en deux (trois) ?

En Occitanie, comme ailleurs, les chiffres restent un enjeu de communication. Mais avec ces nouvelles méthodes, l’éternel compromis entre syndicats et police semble désuet, portant l’avantage aux forces de l’ordre.

Alors, la prochaine fois que vous battrez le pavé, levez la tête, vous apercevrez peut-être ces agents presque secrets! 

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