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J’ai testé pour vous la lutte médiévale

lutte historique à l'association ost du griffon
Démonstration d'une prise de lutte de Manu sur Théo à l'Ost du Griffon. Crédit : Julie Nemeth

Connaissez-vous la lutte médiévale ? Une discipline qui étudie les archives de la lutte depuis des siècles pour les remettre en pratique. Chez l’Ost du Griffon Noir, à Toulouse, on redonne vie à d’anciens arts martiaux. Aujourd’hui, j’ai testé pour vous.

La salle du Dojo de la Roseraie à Toulouse est grande. Tous les autres participants sont déjà arrivés. J’enlève mes chaussures et m’avance sur le tatami. Aujourd’hui, je suis venue faire de la lutte médiévale. Le cours est dispensé par deux instructeurs, Théo et Manu de l’Ost du Griffon Noir. Théo m’a rapidement expliqué les règles : la lutte est une discipline courtoise. Le but est de mettre son adversaire au sol, de le placer dans une position de soumission. Il faut le faire tomber, mais pas besoin de faire mal, de frapper ou de se blesser. Je peux avouer que cet état d’esprit me convient. Peut-être un peu couarde, je n’ai pas envie de me faire mal ce soir.La seule fois, où j’ai dû faire de la lutte, c’était au collège. Mes connaissances en arts martiaux sont quasi nulles. Je me lance un réel défi.

Alors, cette séance commence comme toutes les autres, peu importe le sport, par des échauffements. Les cinq élèves Agathe, Hugo, Sébastien, Johann et Rodric, les deux professeurs et moi, nous plaçons en cercle. En musique, nous effectuons des étirements et échauffements pour préparer nos muscles et articulations. Ma forme physique ne s’est pas améliorée depuis mon dernier “J’ai testé pour vous…, soit il y a trois jours. Mais Théo l’assure : “Il ne faut pas forcément être un athlète pour s’y mettre. Si un élève veut faire une pause, il le fait ; s’il veut s’arrêter boire de l’eau, pareil.”

Séance d’étirements et d’échauffments. Crédit photo : Julie Nemeth

L’Histoire comme preuve

L’Ost du Griffon Noir est une association spécialisée dans les arts martiaux historiques européens (AMHE). Ils étudient des textes et dessins historiques pour nourrir leurs pratiques de ces sports. “En lutte, nous nous servons majoritairement d’un codex allemand du XVe siècle ainsi que d’autres ouvrages. Ce sont des dessins et des textes. Nous les interprétons. Chaque club a une interprétation différente, et c’est une grande richesse”, expliquent Théo et Manu. Le travail des textes et livres ancien est ce qui différencie la lutte médiévale de la lutte plus moderne.

Outre la lutte, l’association propose d’autres disciplines, par exemple des combats à l’épée ou encore du self-défense “belle époque” (19e/20e siècle). Mais pour Johann, un autre lutteur, “la lutte, c’est la base de tous les arts martiaux historiques européens. Je fais aussi de l’épée, mais savoir bouger son corps, c’est la lutte qui permet de vraiment travailler dessus.”

À la découverte de la lutte médiévale

Théo et Manu nous montrent une prise à réaliser. Nous nous mettons deux par deux. Je me mets avec Agathe. Elle s’est lancée dans la lutte médiévale en septembre dernier. Elle explique : “J’aime la camaraderie de ce groupe. Il n’y a pas de jugement. Et puis, finalement, la lutte, ça permet de mieux appréhender son corps et celui des autres.” En effet, avec environ 15 licenciés, cette petite communauté se rassemble tous les jeudis soir pour pratiquer dans la bonne humeur. La licence pour l’année coûte 100 euros, un prix raisonnable quand on sait qu’il y a une liste d’attente pour participer aux cours de l’association.

Tout d’abord, Agathe m’explique comment tomber sans me faire mal. Il faut rentrer la tête dans ma poitrine et ralentir ma chute avec mes bras. Une chute peut vraiment s’avérer douloureuse. Peau contre peau, les mouvements doivent être à la fois précis et puissants. Il faut une bonne coordination et une vraie implication. Je place mon pied contre celui de mon adversaire, j’appuie dans le creux de son coude pour le faire plier, je pose ma main sur sa joue pour la pousser doucement au sol. J’ai réussi ma première prise de lutte. Au départ hésitante, je prends de plus en plus mes aises.

Je fais mes premiers pas en lutte médiévale avec Agathe. Crédit : Julie Nemeth

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L’ambiance est studieuse et détendue : entre les blagues et les encouragements, autant des élèves que des instructeurs. Si les mouvements paraissent simples de prime abord, il faut de l’entraînement pour les maîtriser avec efficacité. D’après Théo, il faut les refaire 2 500 fois parfaitement pour qu’ils deviennent des réflexes.

Les 2 heures de séance se terminent par un nettoyage du dojo et des tatamis. En quittant le dojo, je mesure à quel point la lutte médiévale est une activité complète. Loin d’un simple loisir sportif, elle mêle technique, réflexion et un vrai travail sur le corps.

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