Le vinyle connaît un succès notable depuis quelques années. Les jeunes de moins de 35 ans représentent 60 % des acheteurs de vinyles. Ce sont près de 3 200 000 vinyles qui se sont vendus en 2017 soit le double de l’année précédente. En 2023, 5 500 000 d’exemplaires ont été achetés. Mais qu’est-ce qui attire tant dans ce support revenu sur le devant de la scène ?
Le streaming est depuis quelques années en plein essor, ce qui semblerait avoir éclipsé les autres supports d’écoute. Et pourtant, l’irréductible vinyle perdure toujours y compris auprès des jeunes. “Y’en a qui viennent avec un petit pouvoir d’achat donc ils achètent à des petits prix et je pense qu’ils le font par plaisir car acheter un vinyle est un véritable choix. Il y en a même qui reviennent toutes les semaines” explique un disquaire toulousain. On n’entend pas le son de la même manière et c’est un objet que l’on peut transmettre dans le temps s’il est bien entretenu. Dans la musique proposée à télécharger, les jeunes n’y trouvent pas complètement leur compte puisqu’ils achètent des vinyles. “C’est avant tout l’objet qu’ils viennent chercher même si c’est un “vieux” truc” raconte Stéphane gérant de la boutique O’CD. Depuis les années 90, il y a eu quelques passages à vide au niveau des ventes. Les vinyles ont commencé à revenir dans les années 2000 et cela fait 5 ans environ qu’il y a un vrai regain d’activité. L’action de poser un disque sur une platine est presque rituelle, un geste que l’on ne peut pas reproduire en streamant les titres.
Le vinyle, un moyen de se faire plaisir pour tous les budgets
Selon les boutiques, les clients peuvent trouver tous les styles musicaux, du rap français, de la pop ou encore du rock. “Les jeunes vont chercher dans les promos en général, souvent des classiques : les Beatles, Genesis, Police.” explique le vendeur de New Bullit. Le disquaire de la boutique O’CD de Toulouse a quant à lui constaté des différences de “succès” en fonction des points de ventes de la marque : “On n’avait pas une clientèle aussi jeune à Paris par exemple mais à Toulouse, j’observe que c’est encore plus marqué. Les jeunes n’ont pas forcément peur d’acheter un vinyle à 45€ voire 80€ pour certaines éditions.” De manière générale, les disquaires remarquent un renouvellement générationnel de leur clientèle. Le vendeur d’O’CD explique “on a de jeunes collectionneurs. Ce ne sont pas forcément eux qui achètent les vinyles les plus chers mais ils viennent en magasin découvrir les nouveautés rap, hip hop, métal, pop surtout. C’est très agréable de voir leur intérêt pour cet objet. »
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Revenir à une musique authentique, la recette du succès des vinyles
“Quand vous trouvez un vinyle sous le sapin c’est quand même plus intéressant qu’un CD classique. L’objet est beau. On les achète aussi pour les pochettes, il peut y avoir des disques colorés, transparents. C’est plus élégant d’avoir un vinyle chez soi” raconte le disquaire d’O’CD. Le plus important au delà du support, c’est quand même la musique. Le format plus grand attire, les gens aiment avoir un vinyle entre les mains surtout pour le côté esthétique. Le son est également meilleur sur les audios non remasterisés. Beaucoup de collectionneurs recherchent des titres originaux. Écouter un premier pressage disque c’est écouter la musique comme au moment où le son est sorti. Les gens reviennent simplement à ce qui est ancien, d’origine et authentique. C’est un peu un retour vers le futur.