Le chantier de l’A69, autoroute reliant Toulouse à Castres, est au cœur d’une bataille judiciaire et environnementale depuis son annonce. Associations, élus et entreprises s’opposent sur un sujet sensible où se mêlent biodiversité et économie. Le tribunal administratif de Toulouse doit statuer sur une suspension immédiate des travaux. Une réponse est attendue « avant vendredi », tandis qu’une décision définitive sur la légalité du projet sera rendue fin février.
Pendant quatre heures, dans une salle comble au tribunal administratif de Toulouse, les anti et pro A69 se sont fait face hier matin. Prévue pour désenclaver le bassin de Castres, l’autoroute A69 divise.. À l’origine de cette procédure, le 16 décembre 2024, 14 associations ont demandé au tribunal d’arrêter immédiatement les travaux de l’A69, le temps qu’une décision définitive soit prise.
Pour les partisans du projet, c’est une nécessité économique et sociale : elle réduira le temps de trajet entre Castres et Toulouse, stimulera l’emploi local et améliorera la sécurité routière sur la RN126. Mais pour les opposants, le chantier est un gouffre écologique et un vestige des grands projets des années 90, mal adapté aux enjeux actuels. Des associations environnementales, comme La Voie est Libre (LVEL) et Les Amis de la Terre, mènent la fronde. Elles dénoncent la destruction d’habitats naturels, notamment ceux de la loutre, des oiseaux et des reptiles protégés. Maître Julie Rover, qui plaide avec Maître Alice Terasse pour le collectif LVEL a fait une longue plaidoirie pour démontrer que les travaux restants impactent encore la faune et la flore. Gilles Garric, porte-parole de La Voie est Libre, résume leur combat : « Ce n’est pas parce que le chantier a commencé qu’il n’y a plus rien à protéger. L’urgence est toujours là. »
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En face, l’État et la société Atosca défendent un chantier d’« importance nationale ». Selon eux, les impacts environnementaux « sont consommés » et les travaux à venir sont « résiduels », et n’auront presque aucun effet sur la nature. Ils mettent en avant des arguments économiques : sans cette autoroute, Castres continuerait de perdre des habitants et des entreprises, freinée par son enclavement.
L’alternative ferroviaire sous-estimée
Les opposants proposent une autre voie : moderniser la ligne ferroviaire existante entre Toulouse et Castres. Benoît Durand, adhérant aux Amis de la Terre, explique que cette solution serait moins coûteuse et moins polluante, même avec des trains thermiques. « Il suffirait de gérer un problème d’aiguillage et de créer un point de croisement », affirme-t-il. Mais cette option n’a pas été sérieusement étudiée selon lui, victime d’un « égo politique » et d’un attachement aux grands projets routiers de Carole Delga.
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Atosca, de son côté, déplore ce qu’elle considère comme un « détournement de la procédure ». Elle pointe les conséquences d’une suspension du chantier : chômage partiel pour les ouvriers, rupture de contrats avec les sous-traitants et retards coûteux.
Le verdict attendu
La décision du juge des référés, attendue d’ici vendredi, pourrait tout changer. Une suspension des travaux marquerait une victoire importante pour les écologistes, mais pourrait engendrer des conséquences financières et sociales pour les entreprises impliquées. En attendant, le chantier continue, tout comme les débats.