Depuis le 1er janvier 2025, l’utilisation de titres-restaurant en supérette pour l’achat de produits qui ne sont pas immédiatement consommables est interdite. Une nouvelle législation qui inquiète les grandes surfaces et ses utilisateurs.
Au revoir l’achat de viandes crues, de poissons frais ou encore de féculents. Faire vos courses quotidiennes avec vos tickets restaurant, c’est fini ! Depuis le 1er janvier 2025, ils sont réservés aux produits de consommation rapide (sandwichs, salades…). Auparavant, jusqu’au 31 décembre 2024, il était possible de payer jusqu’à 25 euros par jour pour ces courses.
Les commerces sont à la traîne
Ce changement, prévu pour début janvier, n’est pas encore effectif dans tous les hypermarchés de Toulouse. Une semaine après sa mise en vigueur, les enseignes du centre de Toulouse ne se sont pas encore adaptées. Une mise à jour du système technique des caisses est nécessaire pour permettre un tri automatique des produits éligibles au paiement par ticket restaurant. “On n’a pas eu de communication de Carrefour sur les prochaines étapes à faire. On est sûrement censés s’adapter, mais sans la mise à jour de nos systèmes, c’est trop compliqué”, avoue Héléna Rodrigues, responsable du Carrefour City à Saint-Cyprien.
Ayant peu d’informations sur les actions à adopter, les personnels “ne changeront pas leurs habitudes” : “On ne peut rien modifier ni refuser jusqu’à ce que Carrefour nous le signale. La dernière fois qu’on nous en a parlé, c’était fin décembre. À mon avis, les choses changeront pour nous aux alentours du 13 janvier”, ajoute-t-elle avant de conclure : “Nous avons une clientèle fidèle, il y a un lien qui est créé. Donc aujourd’hui, on continue à vendre de la viande ou d’autres produits avec ce mode de paiement, tant qu’il n’y a pas de consignes.”
Ce même problème est partagé dans d’autres supérettes. Le Spar de Patte-d’Oie ne déroge pas à la règle. “On n’a pas fait de mise à jour pour l’instant, donc ça va être impossible de faire le tri car on ne sait pas si le client va payer par carte bancaire, ticket/carte restaurant, ou espèces, et une fois qu’on a scanné les articles on ne peut plus retourner en arrière”, s’inquiète la responsable , Borkane Fadwa. Cette dernière insiste sur l’injustice de la situation : “Je ne pense pas que ça soit juste pour nos clients. Pour l’instant, cela ne nous impacte pas mais ça pourrait faire baisser le taux de clients, surtout ceux qui dépendent de ce dispositif pour payer.”
Des clients pris de court
Conscients de cette restriction, les consommateurs ont alors profité de la fin d’année pour utiliser au maximum leurs tickets restaurant. C’est en tout cas la tendance observée à Carrefour City. “Les gens ont dû les évacuer un maximum. En fin d’année on a eu une claire augmentation des tickets”, confie Héléna Rodrigues.
Chez les principaux intéressés, Kenza Zoning, qui n’utilise ses titres-restaurant que pour ses courses, va bientôt se retrouver fortement impactée. “Je vais devoir faire des coupures budgétaires. Je n’utilise que ma carte ticket-restaurant pour faire mes courses”, se désole la jeune étudiante en commerce de 22 ans.
Une galère qui va également toucher Anja Rakotoarijaona : “Comme pour l’instant le changement n’a pas encore eu lieu, ça va. Mais bientôt, je vais être impactée. En plus je suis étudiante, je n’ai pas le temps d’aller dans les restaurants ou autres le midi.”
Pourquoi on en arrive là ?
L’Assemblée nationale avait voté en faveur, le 20 novembre dernier, du maintien de la dérogation autorisant l’utilisation des titres-restaurant dans les supermarchés pour tout type d’achat. Début décembre, la censure du gouvernement de Michel Barnier a bloqué cette décision, mettant un coup d’arrêt à la démarche et empêchant la prolongation de cette mesure.