Dans un monde où le streaming domine la consommation musicale, où Spotify et Deezer règnent en maîtres, un petit magasin de Toulouse se distingue et fait de la résistance. O’CD Toulouse, niché rue Filatier, près des Carmes, est l’un des derniers bastions où les disques vinyles attirent un public fidèle, parfois même plus jeune que l’on pourrait imaginer. Mais pourquoi, alors que tout semble se dématérialiser, le vinyle connaît-il un tel engouement ?
Un magasin dévoué au support physique
O’CD Toulouse, une enseigne née à Paris et arrivée dans la Ville rose en 2001, n’a jamais dévié de sa ligne : celle du support physique, et en particulier du vinyle. Dans un cadre imprégné de nostalgie, entre affiches de films cultes et rayonnages de CD, c’est bien le vinyle qui attire l’attention. Et contrairement à une idée reçue, les jeunes ne sont pas les seuls à se l’arracher. Selon une étude menée par la Fédération Internationale de l’Industrie Phonographique, les ventes de vinyles ont augmenté de 60 % en France ces dernières années, atteignant des chiffres que l’on n’avait plus vus depuis les années 80.
Raphaël Daviaud, l’un des gérants de la boutique, est convaincu : « Le vinyle, c’est un retour à l’authenticité. Ce n’est pas juste écouter de la musique, c’est la vivre, la toucher, la collectionner. C’est un objet en soi, une œuvre d’art. » Dans un marché où la musique se consomme désormais à la volée, sur nos smartphones, sans effort, le vinyle se présente comme un objet d’une toute autre dimension : un art, une culture.
Les vinyles face aux adeptes du streaming
Malgré l’essor des plateformes comme Spotify et Deezer, Stéphane et Raphaël constatent une forte affluence, notamment parmi les jeunes, attirés par l’expérience physique de la musique. « Écouter un vinyle, c’est plus qu’écouter de la musique, c’est un acte réfléchi », explique Stéphane. C’est la recherche non seulement d’une musique, mais aussi d’un objet matériel qui peut servir de décoration, mais aussi de preuve de fanatisme auprès d’un artiste. Le vinyle est un tout, avec sa pochette en carton décoré selon les choix de l’artiste, et quelque fois un livret intérieur ; même la couleur du disque normalement noir peut se décliner en couleurs. Pour les gérants de cette boutique, c’est bien cela qui leur permet encore de résister face à l’envahisseur numérique et qui leur permet d’attirer des clients comme Alain Feller, un client régulier qui vient souvent pour agrandir sa vidéothèque mais aussi sa collection de vinyles, grâce notamment au troc. « Sans revendre ou échanger mes propres CD et vinyles, je n’aurais pas le moyen d’acheter autant chez O’CD », explique-t-il. « C’est tout un rituel. Choisir un disque, le sortir de sa pochette, poser le bras du tourne-disque, écouter chaque craquement, chaque note. C’est une expérience que le streaming ne peut offrir. » Explique aussi un autre fidèle client du magasin.
Le futur des supports physiques
Le futur des supports physiques semble incertain, notamment pour le CD, mais le vinyle, lui, semble résister. « Contrairement au CD, le vinyle a une longévité bien plus grande », explique Stéphane. « Les gens sont prêts à investir dans un format qui leur offre une expérience unique. »
En dépit de la montée du numérique, O’CD Toulouse prouve qu’il existe encore un marché pour les objets physiques, où l’expérience d’écoute prime sur la simple consommation rapide de musique.