« Nos enfants n’auront pas le temps de débattre des changements climatiques. Ils devront faire face à leurs effets » déclarait Barack Obama lors de son discours d’adieu en 2017. Si la situation environnementale de la planète s’est encore détériorée depuis ce discours, la génération Z semble, elle, largement acquise à la cause écologique. Souvent décriés et moqués pour un investissement si important qu’il en tourne presque au cliché, les zoomers multiplient les actions coup de poing depuis plusieurs années. Manifestations, mise en place de ZAD, jet de soupe sur les œuvres d’art… Les jeunes militants n’hésitent pas à prendre de gros risques pour se faire entendre. Une situation particulièrement vérifiable dans les grandes villes étudiantes, à l’image de Toulouse qui voue actuellement une lutte sans merci contre la construction de l’autoroute A69.
Les jeunes toulousains mobilisés face à l’A69
Depuis l’annonce du projet de construction de l’autoroute qui doit relier Toulouse à Castres, les mobilisations de contestation se sont multipliées. Plusieurs manifestations se sont d’abord tenues dans la Ville Rose, suivies de grèves de la faim, puis d’affrontements directs entre les manifestants et les forces de l’ordre sur le site des travaux. À l’heure actuelle, la ZAD installée à Saïx dans le Tarn (sur le tracé de l’A69) est toujours un lieu d’affrontements intenses où les forces de l’ordre tentent de déloger les militants perchés dans les arbres. Une zone de conflit qui est souvent occupée par des jeunes : « Je dirais qu’ils ont en moyenne entre 18 et 25 ans. Il y avait beaucoup de personnes plus âgées aussi avant mais depuis que les affrontements sont aussi violents, ils viennent de moins en moins » détaille Victor, un jeune militant toulousain. Comme lui, ils sont plusieurs centaines à faire le déplacement depuis la Ville Rose : « On a un groupe de covoiturage entre militants. À chaque manifestation, il y a beaucoup de gens qui demandent de partir ou qui proposent des places depuis Toulouse« .
Des actions au cœur de Toulouse
Présents sur des sites extérieurs à la métropole occitane, les jeunes militants toulousains s’engagent aussi sur des actions au cœur de leur ville. De nombreux collectifs ont ainsi vu leur effectif gonfler et leur présence sur les réseaux sociaux largement renforcée. C’est notamment le cas de la branche toulousaine du collectif Extinction Rébellion qui compte à elle seule près de 7 000 abonnés sur Instagram. À titre de comparaison, la branche parisienne compte 8 500 abonnés tandis que la branche bordelaise en cumule seulement 3 700. À Toulouse, la multiplication et la densification de groupes militants a permis de réaliser plusieurs actions marquantes tout au long de ces derniers mois. En juin 2023, les pneus de pas moins de 146 SUV ont été dégonflés en une seule nuit. En 2021, un groupe de jeunes toulousains se chargeait d’éteindre les enseignes et vitrines des commerces qui restaient allumés la nuit. En 2023 ce sont cette fois les militants écologistes de Dernière Rénovation qui ont aspergé la préfecture de Haute-Garonne avec de la peinture orange. Des actions radicales qui, couplées aux initiatives portées par les écoles, les collectifs et les associations toulousaines comme Zero Waste, démontrent l’implication de la génération Z toulousaine dans un engagement écologique collectif et local.
Un engagement personnel plus difficile à tenir
Malgré une volonté marquée de limiter son empreinte environnementale, la génération Z reste cependant très ambivalente aux yeux de ses aînés. Dans les faits, les modes de consommation prônés par les jeunes militants sont souvent les mêmes qui leur font défaut. C’est notamment le cas de la consommation de produits alimentaires mais aussi des textiles. La fast-fashion par exemple, reste une mouvance très prisée des jeunes. Et ce, malgré des tentatives d’évitement comme le boycott où encore l’utilisation de friperies. « J’utilise des pains de savon au PH neutre, du déodorant solide, des cotons démaquillants lavables, des culottes menstruelles, j’essaye d’acheter des produits fait maisons et qui ont le moins d’impact » explique Lucie, une étudiante toulousaine. La situation est donc difficile à vivre pour les étudiants militants, tiraillés par leur envie de protéger leur environnement et le besoin de garder une certaine qualité de vie. Cela représente une aubaine pour leurs opposants, qui s’en donnent à cœur joie pour critiquer. « Y’a un truc qu’on dit chez les militants, c’est : « l’écologie sans lutte de classes, c’est du jardinage ». C’est très vrai. Si la génération Z continue de consommer de la fast-fashion ou ne s’implique pas dans l’écologie c’est surtout parce qu’ils n’en ont pas les moyens financiers » résume Victor. Un constat sans appel donc pour les jeunes militants toulousains qui s’impliquent autant qu’ils peuvent dans l’écologie.