Si les friperies ont toujours existé, elles sont de plus en plus nombreuses. Ce site spécialisé en dénombre un total de 30 à Toulouse. Rien que l’année dernière, trois enseignes de ce type ont ouverts leurs portes dans la Ville Rose, le tout en l’espace de quelques mois. Allant de la friperie la plus classique à une boutique spécialisée dans la mode vintage, chaque enseigne tente de se démarquer. Pour Juliette, vendeuse chez Green Vintage, les friperies ne sont pas directement en concurrences. « Nous par exemple, on se fournit chez des grossistes vintages. A une dizaine de mètres plus haut dans la rue, vous pouvez trouver une autre friperie, mais qui n’a rien à voir. Déjà qu’on n’a quasiment jamais les mêmes pièces dans notre magasin, alors pas de risque de retrouver les mêmes produits chez les autres » explique la jeune vendeuse. Pour certains, il n’y a même pas encore assez de choix. C’est le cas de Lucas, 24 ans, un habitué des friperies depuis le lycée. « C’est sûr que ça fait plaisir qu’il y en ai de plus en plus à Toulouse, mais c’est encore pas fou, surtout pour les garçons. Quand je vais à Paris ou à Rennes, je sais qu’en quelques heures je peux trouver plein de trucs qui me plaisent. Heureusement qu’ici la plupart des friperies sont proches, parce que je dois souvent faire le tour des enseignes pour avoir la chance de trouver un habit qui va me plaire ».
Si le concept de friperie ne date pas d’hier, il connaît aujourd’hui un second souffle. Catherine est propriétaire de sa boutique depuis plus de 15 ans, et elle voit la différence. « J’ai toujours eu quelques jeunes clients qui passaient de temps en temps pour essayer de faire de bonnes affaires. Mais ces dernières années, les clients sont de plus en plus nombreux et surtout ils sont majoritairement jeunes » détaille-t-elle. Pour Ganaëlle, jeune vendeuse dans la même enseigne, l’explication est simple: « Avec les réseaux sociaux, on (les jeunes) est de plus en plus sensibilisés aux retombées écologiques de la fast fashion. Alors même si il y en a qui s’en fichent, beaucoup font ce qu’ils peuvent pour limiter le gaspillage, et ça passe par les friperies, ou des sites comme Vinted ». Une explication qui fait écho à ce que partage les clients, à l’image de Annick: « Au début c’était vraiment par conviction que je ne voulais plus acheter de neuf, et maintenant je m’y suis habitué et quand je vois ce qui est proposé par la plupart des enseignes de « fast fashion », ça ne m’intéresse même plus » explique la jeune fille de 18 ans.
Vinted, le concurrent numéro 1?
Mais, comment parler de commerce de seconde main sans parler de Vinted? Ce site de vente en ligne de particulier à particulier est utilisé par près d’un Français sur trois. Une domination sans partage, qui pourrait donc faire beaucoup d’ombre au marché de la seconde main. Pourtant, sur le terrain, la réalité est toute autre. Lise a 19 ans, et pour elle, le site de vente en ligne ne pourra jamais remplacer les friperies. « Vinted c’est bien, mais ça reste du numérique. On ne peut pas toujours bien voir le vêtement ou même l’essayer. On doit se baser sur la parole de quelqu’un qu’on ne connait pas, et on peut être super déçue en recevant le produit. Ici au moins, on peut tout essayer et quand on repart avec quelque chose, on est sûr que ça nous plaise! » détaille-t-elle. Pour son amie Anick, qui partage le même constat, un point négatif subsiste cependant. « Le seul souci, c’est que comme la seconde main se popularise de plus en plus, les prix augmentent. Que ce soit en friperie, ou même sur Vinted avec l’augmentation des frais de ports et l’apparition de gens qui cherchent à faire du bénéfice, on perd un peu l’un des avantage principal du concept » regrette-t-elle.
Pour palier cela, certaines enseignes se sont adaptées. C’est le cas de Kilostock, un magasin situé aux abords de la place de la Daurade. Ici, le concept est simple: on paye au poids. « On a une seconde enseigne avec des habits de marques plus hauts de gamme, mais ici le but c’est de proposer un maximum de bons plans pour un prix minimal » explique Alexandre, vendeur. « Comme tout le monde aime bien profiter des effets de mode pour faire gonfler les prix, c’est vrai qu’un magasin qui pratique ce genre de tarifs malgré tout, ça donne envie d’y revenir souvent » reconnait Camille, 22 ans, alors qu’elle étudie attentivement les portants.
Si la seconde main est donc en plein essor, ses clients semblent bien différents de ceux qui ne jurent que par les magasins de fast fashion. Alors simple mode éphémère, ou phénomène générationnel? Ce qui est sûr, c’est que la seconde main à encore de beaux jours devant elle.