Energie : pouvoir chauffer son appartement, est-ce devenu un luxe?

Faire fonctionner son chauffage et en profiter, un luxe que certains jeunes ne peuvent plus se permettre. Crédit photo: Yanna Durand
L'augmentation des tarifs de l'électricité au 1er février 2024 est la dernière en date d'une vague de hausse des prix de l'énergie de ces dernières années. En plein hiver, alors que les coûts explosent, le chauffage devient parfois un luxe pour les plus jeunes, qui doivent équilibrer leurs dépenses afin de ne pas finir le mois dans le rouge.

Depuis le 1er février, les tarifs de l’électricité ont augmenté de près de 10%. Cette augmentation, qui survient à la suite de la levée du bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement, est la dernière en date d’une série de hausses des tarifs de l’énergie qui touche l’ensemble des entreprises et foyers français. Et s’il y a une tranche de la population qui subit cette inflation de plein fouet, ce sont les jeunes, pour qui le chauffage devient une question épineuse.

Lorsqu’on observe l’évolution des prix de l’électricité, on remarque de nombreuses augmentations minimes au fil des années. Pourtant, lorsqu’elles sont mis bout à bout, ces montées des prix deviennent rapidement conséquentes. Pour une même consommation d’énergie, votre facture de 2023 sera plus élevée de plus de 80% par rapport à celle de 2006. Et si l’augmentation semble s’étaler sur le temps, nombreux sont les étudiants qui, ces derniers mois, l’ont ressenti en l’espace de quelques mois à peine.

Maxime a 23 ans et vit dans son appartement avec sa conjointe depuis plus d’un an. « Jusqu’il y a encore pas longtemps, on n’a jamais vraiment fait attention à notre consommation. L’année dernière, on chauffait l’appartement en continu, et le but c’était simplement qu’il fasse bon » explique-t-il. Pourtant, ces derniers mois, le jeune barman a du revoir ses habitudes. « Cette année, on a commencé à chauffer qu’en mi-novembre parce qu’il faisait encore bon. Pourtant, dès qu’on a allumé le chauffage, nos factures d’électricité se sont mis à exploser » s’étonne-t-il. « D’environ 60 euros en octobre, les frais d’électricité sont passés à 137€ en novembre, puis 192€ en décembre et maintenant, 215 pour le mois de janvier. Alors, quand on a vu ça, on a pas eu le choix de simplement couper le chauffage » regrette-t-il. Pourtant, lorsque Maxime compare sa consommation d’électricité à celle de l’année dernière, les chiffres ne différent pas tant. « L’année dernière, on mettait 2x plus de chauffage, et la facture n’a jamais dépassé les 150€ » . Une situation incompréhensible pour lui et sa compagne, qui ont rapidement du s’habituer à rester extrêmement couverts lorsqu’ils sont chez eux. « Des fois il fait vraiment trop froid donc on rallume le chauffage pour une heure ou deux, mais on sait qu’on ne doit pas le faire trop souvent, ou alors les fins de mois vont vite devenir très difficiles » .

Et le chauffage au gaz dans tout ça?

Si l’augmentation des prix de l’électricité est au centre de l’actualité, le gaz n’est également pas en reste. Après une augmentation récente, une autre est déjà programmée. En effet, dès le 1er juillet 2024, le prix du gaz devrait bondir de 5 à 10% pour l’ensemble des foyers français. Une situation qui risque de ne pas être supportable pour beaucoup de jeunes, alors qu’une grande majorité d’entre eux peine déjà à assumer les factures. Louisa est étudiante et vit avec son copain, lui aussi étudiant, en centre ville de Toulouse. Et pour eux qui chauffent au gaz, le chauffage n’est déjà plus une option. Cela fait déjà 4 mois qu’ils font particulièrement attention à leur consommation, mais depuis un mois ils ont du purement et simplement couper tout le chauffage dans leur appartement. « Avant de l’allumer, on avait une facture d’environ 50€. Dès qu’on l’a allumé, on est passé à 250€ de frais, et il faut y rajouter la facture d’électricité » regrette-t-elle. « Pourtant, on n’a vraiment rien changé à nos habitudes. On a du double vitrage et même une boulangerie juste en dessous de l’appartement, ça aide à réchauffer. On ne s’attendait pas à une telle facture, dès qu’on l’a vu, on a direct décidé de couper le chauffage ». Alors, il faut s’adapter. « Du coup, on fait comme on peut et on se couvre » explique l’étudiante. Pulls, plaids, tout est bon pour ne pas finir frigorifié.

Si les étudiants sont en première ligne face au froid, ils ne sont pas les seuls. Carla et Valentin sont deux jeunes actifs de 28 ans. Ils ont déménagé il y a 5 mois pour baisser leur loyer et leurs dépenses. Pourtant, en passant du chauffage électrique au gaz, les économies ont été de courte durée. « A l’électricité l’année dernière, un mois normal lorsqu’on chauffait c’était environ 130-150 euros. En déménageant, on a été obligé de souscrire chez NET ENERGIE qui a un accord avec la copropriété. Maintenant, on a des tarifs fixes (environ 110 en moyenne entre le forfait et les taxes), mais il y aura aussi une grosse régulation en fin d’année et on ne sait pas du tout à quoi s’attendre. Alors, comme on ne peut pas se permettre de trop grosses dépenses imprévues, on a été obligés de couper le chauffage récemment ». « Ce n’est pas vital et c’est les économies les plus faciles et rapides à faire, mais c’est difficile de devoir se couvrir autant dans notre salon que quand on sort dehors ».

L’arrivée soudaine d’une vague de froid sur l’ensemble du territoire français, couplée aux nombreuses augmentations récentes des prix de l’énergie sont donc à l’origine de nombreux problèmes de conforts chez les jeunes. Et s’il semble logique de penser que le problème sera rapidement réglé avec le retour des beaux jours, la montée croissante et surtout constante des prix du gaz et de l’électricité ne laissent rien présager de bon pour les hivers à venir.

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