La Suède ne s’est mêlée à aucune guerre depuis 1814. Pourtant, le règne de la paix est aujourd’hui compromis. Tous les ans, au mois de janvier, une conférence nationale de trois jours sur la Défense est organisée à Sälen, à l’ouest du pays. Cette année, le ministre de la Défense s’est montré alarmiste : « Beaucoup l’ont dit avant moi, mais permettez-moi de le faire avec la force de la fonction, de manière moins voilée et avec une clarté sans fard : il pourrait y avoir une guerre en Suède. Qui serez-vous si la guerre éclate ? »
Quelques jours plus tard, le commandant des armées insiste à la chaîne nationale TV4 : « chacun, individuellement, doit se préparer mentalement (…) plus nous serons nombreux à y avoir réfléchi et à nous être préparé, plus notre société sera forte. »
Alors comment la Suède se prépare à cette éventuelle guerre ?
Le 9 janvier, le Premier ministre, Ulf Kristersson, a annoncé le renforcement de l’Agence suédoise pour la protection civile. Cette institution est chargée de coordonner les acteurs pouvant apporter le soutien et les informations dans une situation de crise.
Ils ont décidé de mobiliser la population. L’agence veut faire appel à toutes les personnes qui ont déjà des compétences en service de secours. Cela concerne environ 3 000 civils, des anciens pompiers ou des soignants. Mais les autorités ne veulent pas s’arrêter là.
Selon le chef conservateur du gouvernement, le retour du service civique obligatoire serait à l’étude. Il a pourtant été démantelé en 2010.
100 000 jeunes seront également appelés au service militaire à la rentrée prochaine. Avant, il n’y avait que ceux qui le souhaitaient qui était tenu de le faire. Mais les effectifs ont été jugés insuffisants en 2023.
L’ombre de la Russie plane sur la Suède
Actuellement, la Suède n’a aucune raison concrète de se sentir menacée par la Russie. Mais elle soupçonne le pays d’être derrière des cyberattaques et des opérations de guerre informationnelles récentes.
Niklas Granholm, directeur adjoint de l’Agence de recherche sur la défense a déclaré sur France Info : « si un conflit advenait – je le dis bien au conditionnel – dans les pays baltes ou en Finlande, la Suède deviendrait une espèce de zone arrière à travers laquelle transitent de nombreuses ressources qui doivent être déplacées d’ouest en est. Donc la Suède serait partie prenante d’un conflit ouvert, s’il arrivait quelque chose dans la région ».
Un choc pour la population
Suite à ces annonces pour le moins inquiétantes, la population suédoise a massivement consulté le site internet de la Défense civile sur lequel on trouve, la carte des abris antiatomique les plus proches et la brochure qui liste tout ce qu’il faut prévoir d’avoir chez soi en cas de crise. Pourtant, rare sont ceux qui se sont précipités dans les magasins pour faire leur stock. Après une période de paix si longue, les Suédois ne sont pas réellement inquiétés par la situation.