Dans cinq mois, les élections européennes prendront place en France. C’est l’un des six rendez-vous électoral majeur du pays. Pourtant, s’il fonctionne au suffrage universel et devrait voir l’ensemble de ses citoyens participer aux décisions politiques du pays, l’abstention gagne de plus en plus de place dans les différentes élections nationales.
Le taux d’abstention peut être calculé de différentes manières. En France, le ratio est établi en rapportant le nombre des citoyens s’étant abstenus (autrement dit, les personnes ne s’étant pas déplacées) lors d’un vote au nombre de ceux inscrits sur les listes électorales, à la date du scrutin. Les personnes n’étant pas inscrites sur les listes électorales ne sont donc pas comptées dans les abstentions. Les votes blancs et nuls ne sont pas non plus comptabilisés dans les chiffres de l’abstention.
Jusqu’en 2014, le vote blanc n’était pas différencié des votes nuls en France. S’ils sont maintenant reconnus, ils ne sont pourtant toujours pas comptabilisés dans les résultats finaux. Une situation d’entre-deux, qui participe forcément à l’augmentation des chiffres de l’abstention. En effet, puisque se déplacer en bureau pour voter blanc n’a pas d’impact sur les résultats, beaucoup de citoyens n’en voient toujours pas l’intérêt, et préféreront simplement ne pas voter.
Si l’abstention semble progresser avec le temps, des circonstances exceptionnelles peuvent parfois justifier une abstention, ou une participation, record. C’est par exemple le cas lors du second tour des élections présidentielles de 1969: après le référendum ayant provoqué le départ de De Gaulle, une gauche très divisée (Duclos 21% au premier tour) appelle à « ne pas choisir entre blanc bonnet et bonnet blanc », ce qui explique le record d’abstention lors des présidentielles de la 5ème République.
Plus récemment, c’est la pandémie de la Covid-19 qui a vu les élections municipales atteindre un record d’abstention, puisque beaucoup de français ont préféré rester chez eux et éviter de se déplacer dans les bureaux de vote, et ce malgré les nombreuses mesures sanitaires mises en place pour l’occasion.
Pour ce qui est de la participation massive, elle a notamment été observable lors du second tour de l’élection présidentielle de 2002, marqué par la présence d’un candidat d’extrême droite pour la première fois de l’histoire française.
L’abstention présente aussi une dimension générationnelle. Alors que les plus vieux ont été habitués être consultés de façon récurrente par des référendums, cette pratique a totalement disparu du paysage politique depuis sa dernière utilisation en 2005. Si les plus âgés continuent de se mobiliser lors des scrutins, les plus jeunes semblent se désintéresser progressivement de la politique.
L’abstention semble avoir de beaux jours devant elle puisque la tendance est loin de s’inverser. Aujourd’hui, même le vote de barrage semble avoir perdu de sa capacité à fédérer les français devant les urnes.